vendredi 10 octobre 2008

Où on va, Papa?

Jean-Louis Fournier est un écrivain, humoriste et réalisateur de télévision. Cette année, son roman autobiographique Où on va, Papa ?, paru chez Stock, est sélectionné pour le Prix Goncourt. On y découvre le père de deux enfants « pas comme les autres » qui «ont du naître un 30 février», Mathieu et Thomas. C’est la relation père-fils qui nous est présentée, puisque la mère et le reste de la famille sont pratiquement absents du roman.

On y apprend que Fournier fut le complice de l’humoriste français Pierre Desproges. Ils ont sans doute en commun le sens de l’absurde, de l’anticonformisme et de l’humour noir. Auteur de la Grammaire française et impertinente (2003), Jean-Louis Fournier ne manque pas d’esprit. « On conjuguera le verbe péter », écrit-il pour faire un clin d’œil aux enfants dans cette grammaire comique. Il fait également référence à son livre Antivol, l'oiseau qui avait le vertige publié en 2003, dans sa métaphore filée des enfants-oiseaux. Fournier cherche à décrire les imperfections de la réalité de façon drôle. Il joue sur des notes noires, lorsqu’il traite de manière cruelle ou désespérée, l’absurdité du monde. Ses envies de mettre fin à la vie de ses fils, ou encore de s’autodétruire, en choquerons quelques-uns, mais c’est là l’ultime détresse du père, qui, en réalité, ne ferait aucun mal à ses « petits ».

En effet, ironie et ton macabre sont de mise, car le propos n’est pas léger. Fournier traite de la difficulté d’être en marge de la société, de ne pas répondre aux critères de beauté et d’excellence. On ressent les déceptions d’un père qui souhaitait Un brillant avenir pour ses enfants qui ne partageront jamais sa sensibilité face à la musique, la littérature, la nature, l’amour, l’art et les belles voitures.

La narration au «je» fait place à des questionnements, des rêves, des souvenirs, et à l’autodérision. Elle présente également sa propre interaction avec la société, que le narrateur critique par la bande.

Fournier a une plume épurée, qui donne un rythme fluide à la lecture. Sa maîtrise de l’humour et son écriture imagée rendent la lecture très agréable. Seules les répétitions volontaires peuvent être agaçantes, mais n’est-ce pas là le quotidien de parents d’enfants handicapés?

On s’attache rapidement aux garçons, qui sont d’éternels enfants. Fournier sait toucher et émouvoir, sans toutefois tomber dans le sensationnalisme ou la pitié. La question naïve que ne cesse de poser le petit Thomas ramène aux grandes interrogations de la vie et finalement à l’essentiel : « Où on va, papa? ».

Florence Paquin-Mallette

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