mardi 2 décembre 2008

Le jeudi 13 novembre (la dernière journée, mais non la moindre)

Comme convenu la veille, aujourd’hui, ce sera le musée de l’histoire de Paris : le musée Carnavalet. Lever énergique, déjeuner nourrissant, regard vif, carte d’étudiant et plan de Paris au poing, nous comptons sur cette journée pour clore avec succès notre séjour dans la capitale française.

Suite à une agréable marche dans les rues et une traversée guillerette de l’Île-Saint-Louis, le musée Carnavalet nous salue et nous ouvre gratuitement ses portes. Ouvrons une parenthèse sur ce qu’en dit le petit Larousse illustré : « Carnavalet, musée historique de la Ville de Paris, au Marais. Il occupe l’ancien hôtel Carnavalet des XVIe et XVIIe siècle et d’autres bâtiments qui lui ont été adjoints. Les collections comprennent des reconstitutions d’intérieurs parisiens, des peintures, documents graphiques et objets. Important fonds de l’époque révolutionnaire; souvenirs de Mme de Sévigné, qui y habita. »

Après une telle description, il va sans dire que nous avions sous-estimé le musée en planifiant n’y consacrer que deux heures… En effet, c’est au pas de course (la crinière au vent pour certaines) que nous avons traversé près de 1000 ans d’histoire. Pourtant, notre incroyable mémoire-éponge, développée par plus d’une semaine à arpenter les musées, nous a permis d’en retenir des bribes.

Nous sommes maintenant à même de distinguer haut-relief, bas-relief et rond-de-bosse par exemple. Nous avons aussi parfaitement en tête la ville de Paris telle qu’elle se présentait au Moyen Âge et nous comprenons maintenant pourquoi les Français ont eu mille fois raison de se révolter contre l’opulence démesurée des monarques et des aristocrates au XVIIIe siècle. J’ajouterais même que c’est dans ce musée que j’ai appris à lire correctement les panneaux présentant les objets (et les peintures!) exposés.

Après l’exaltante visite, direction la rue du Bourg-Tibourg pour calmer nos estomacs affamés. En fait, plusieurs se sentent « faiblots » et votent pour une soupe à l’oignon. Après quelques grognements, un consensus se fait pour aller manger au Feriol, restaurant espagnol (!) présentant un menu pour tous les goûts et tous les appétits.

Fromage fondu et quelques croûtons plus tard, on se laisse pour l’après-midi. La plupart se dirigent vers les magasins pour leurs achats de dernière minute, d’autres vagabondent à la recherche de chocolat ou de crêpes, d’autres encore n’en n’ont pas eu assez avec le Carnavalet : il leur faut un autre musée. C’est mon cas, car j’aurais été très déçue de quitter Paris sans avoir vu le musée exposant les œuvres de Pablo Picasso. J’y passe donc une partie de l’après-midi avec ma mère qui est elle aussi à Paris pour un court laps de temps.

15h30 : il est l’heure de rentrer à l’hôtel pour ensuite repartir vers la FNAC. Nous devons y rencontrer personnellement Catherine Cusset. Monsieur Hottote et Mme Gariépy ne viennent pas, mais nous nous donnons rendez-vous à une bouche de métro qui, aux dires de Michel-André, est facilement reconnaissable. Soit, nous nous séparons donc. Arrivés à la FNAC, nous réalisons que Catherine Cusset ne nous sera pas présentée officiellement, contrairement à ce qui était prévu (légère déception pour certains). Nous attendons quand même avec impatience la conférence de presse qui nous la fera connaître.

Catherine Cusset nous apparaît comme quelqu’un d’enjoué, rigolo et plutôt sympathique. Se qualifiant elle-même de narcissique, elle nous surprend tous en avouant qu’elle avait d’abord écrit l’histoire de Marie (la belle-fille de du personnage principal d’Un brillant avenir), mais qu’on lui avait fortement conseillé de consacrer ses énergies sur Elena. « Dans le roman, c’est moi Marie, s’exclame Catherine Cusset, et ça a été extrêmement difficile de couper autant dans ma propre histoire ! »

Tendance verbo-motrice de l’auteure et séance de signatures obligent, nous quittons la FNAC avec beaucoup de retard au programme. C’est donc d’un pas militaire que nous courons vers le point de rendez-vous. Malheureusement, saint Hottote ne veillant pas sur nous ce soir, les dieux sont contre nous. Après moult pirouettes et contre–salto (« T’es sûre ? C’est par là ?), nous nous extirpons du métro et trouvons tant bien que mal notre chemin en direction de cette fameuse « porte Berger » qu’aucun Parisien ne connaît par son petit nom.

Évidemment, le retard d’une heure a été plus que suffisant pour que nous manquions le rendez-vous avec Michel-André et Chantal. Appel à l’hôtel, tour d’horizon dans les cafés du coin… Ils finissent par apparaître (un peu bleus) et nous amènent au restaurant l’Entrecôte. Personne n’ose revenir sur le léger incident du retard, et c’est tant mieux comme ça : qui voudrait être responsable de tensions lors de notre dernière soirée ?

À l’entrée du restaurant, le garçon nous propose d’aller au sous-sol, pour profiter de plus d’espace. J’entends encore Meggie : « Un autre sous-sol ? Jamais deux sans trois, moi, je ne le trust pas ! ». Aussitôt attablé, chacun commande son repas. C’est à cause de l’entrée d’Anne-Sophie et de celle de maman Joanne (qui nous a accompagnés du musée Picasso jusqu’ici) que des doutes commencent à planer. En effet, elles réagissent bizarrement à la coriace vinaigrette qui inonde leur salade fanée : picotement et enflure des lèvres... La soupe de poisson déçoit, mais sans plus, nous attendons avec impatience les plats. Enfin, les assiettes principales. Quelle tristesse de voir arriver le saumon béarnaise accompagné d’une sauce figée, gélatineuse type Knorr, et de frites à moitié cuites ! Quelle frustration de devoir renvoyer quatre assiettes parce que leur contenu est froid ! Non, décidément, le restaurant l’Entrecôte n’aura pas d’étoile Michelin, pas la moindre petite fourchette dans le moindre petit guide...

Terminant nos plats, discutant de la médiocrité du restaurant, je tourne innocemment mon regard vers l’assiette de ma mère et aperçoit, ô surprise, la jolie tête d’une ravissante chenille (?) verte qui termine courageusement l’ascension du restant de saumon. Les cris de panique de Florence et la colère de Mme Garet suffisent à attirer l’attention sur notre groupe. Le sympathique gérant, après toutes nos plaintes, consent à venir nous voir à notre table, mais sans jamais admettre la pertinence de nos commentaires. Il fera tout de même cadeau de son repas à ma mère et le groupe payera onze repas sur douze.

Tout de même, quelle rigolade ! Nous avons ri jusqu’à nous en faire exploser la rate ce soir-là ! Le retour à l’hôtel se fait rapidement, demain nous devons nous lever tôt. Rêverons-nous de limaces géantes prenant d’assaut les murs de Paris ?

Le vendredi 14 novembre 2008 : départ pour Montréal

Lever à l’aube pour tous : le départ de l’hôtel s’effectuera à 6h30 précises. Les yeux petits comme des raisins sec (!), nous grignotons pour la dernière fois les pains briochés et les croissants de l’hôtel le Clément.

Avec une pointe de nostalgie, nous chargeons les bagages dans l’autobus à l’heure dite et partons vers l’aéroport Charles-de-Gaulle. Adieu Paris ! ou plutôt : À la prochaine ! quartier Saint-Germain, butte Montmartre, Île-Saint-Louis et j’en passe! Même le « périph » nous semble, à ce point-ci du voyage, d’une beauté particulière.

À l’aéroport, à la pesée des bagages, chacun attend avec anxiété le verdict : ma valise est-elle ou n’est-elle pas trop lourde ? Tout le monde y va de ses spéculations et Gregory est déclaré grand gagnant : son bagage est définitivement le moins lourd.

L’avion décollant avec une heure de retard sur l’horaire, nous nous occupons comme nous pouvons, qui au magasin hors-taxes, qui en replongeant dans ses études scolaires, qui en dormant. L’appel des voyageurs finit par se faire entendre et nous embrassons du regard une dernière fois le sol qui nous a accueillis ces derniers dix jours.

Nous avons donc quitté la France la tête pleine de culture, le cœur rempli de souvenirs (et les valises combles de chocolat !) avec l’espoir d’y revenir bientôt.

Anabel Cossette-Civitella
Le mercredi 12 novembre 2008

Première (et seule) grasse matinée du voyage ! Tout le monde en a profité sauf Anne-Sophie et Mme Garet qui devaient se rendre aux délibérations nationales du prix Goncourt des Lycéens. Une matinée sans gros évènements, sauf une entrevue avec Maxence Bilodeau pour un reportage qui allait faire la joie des familles restées au Québec.

Pendant ce temps, Anne-Sophie Voyer délibère et Mme Garet revient à l’hôtel.

Vers 11h30, tout le monde se dirige vers La Chope, où sera annoncé le roman lauréat du prix Goncourt des Lycéens. L’annonce se fait attendre alors que tout le monde se tait et regarde la télévision chaque fois que le Goncourt est mentionné, seulement pour comprendre qu’il faut attendre encore une demi-heure. Les lois du direct obligent : en effet, la nouvelle est diffusée sur le réseau national français !

Impatience.

Finalement, ça y est : on parle du prix. Une clameur monte de notre table alors que l’on apprend qu’Anne-Sophie a été élue présidente du jury. Elle annonce que le roman Un brillant avenir de Catherine Cusset a remporté le prix Goncourt des Lycéens 2008. Puis elle descend donner des interviews. Et d’autres interviews. Et encore plus d’interviews. La nouvelle star nationale du Québec finit par se libérer, et nous nous dirigeons d’un pas guilleret vers l’Hôtel de Ville. Puis nous le faisons une deuxième fois pour Mr Bilodeau qui veut d’autres images pour son reportage.

Tout le monde s’entasse dans la salle de réception (c’est beau), des gens parlent (c’est long), Anne-Sophie parle aussi (nous sommes heureux). Après le petit buffet, Anne-Sophie et Mme Garet repartent par train de presse pendant que le reste du groupe visite une exposition sur le roi Arthur. C’est décevant et un peu infantile.

Point fort de la visite : huit jeunes adultes assis en demi-cercle devant une télévision qui écoutent religieusement des extraits de Monty Python and the Holy Grail. Tout le monde garde en tête de louer le film au retour.

On mange sur le pouce (tout est fermé ! Pourquoi tout est fermé ? Parce que l’heure du repas est passée, tout simplement !) et on prend le TGV pour retourner à Paris. On est fatigués et la plupart des gens dorment.

Au retour, on félicite encore une fois Anne-Sophie et elle nous raconte comment elle est devenue une grande amie de la fille de Catherine Cusset pendant la réception chez Gallimard à laquelle elle a assisté avec Mme Garet. On est épuisés, on mange (Janie s’extasie encore sur un dessert) et on va se coucher.

Gregory Sternthal-Ouimet
Le mardi 11 novembre 2008

Ce matin, on va dire bonjour au quartier Montmartre, dans le 18e arrondissement. Sortie, station des Abbesses; on chante Aznavour en grimpant les nombreuses marches menant au sommet de la butte. Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, Montmartre en ce temps-là accrochait ses lilas... Là-haut nous attendent la basilique du Sacré-Cœur et une superbe vue sur Paris.

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a de la vie à Montmartre ! Il y a un monde fou en cette matinée ensoleillée, ce qui encourage le violoniste de rue à pousser ses chansons populaires. Belle, c’est un nom qu’on dirait inventé pour elle. « Anabel, emprunte-lui son instrument et fais-nous un numéro ! »

Après avoir visité le Sacré-Cœur, on entame une promenade aux alentours. À gauche, le café de la Bohème : On était jeunes, on était fous. À droite, des reproductions d’affiches anciennes : Joséphine Baker et sa jupe de bananes. Nous voilà place du Tertre, où les nombreux peintres et caricaturistes ont de charmantes (et réalistes !) tactiques d’approche : « Je te dessine sans tes boutons pour 15 euros ! » Plus loin, le musée Salvador Dali, mais pas le temps de s’y attarder aujourd’hui. On s’arrête quelques minutes devant le curieux Bateau-Lavoir (un étage rue Ravignan, trois rue Garreau…) avant jeter un coup d’œil à la fontaine Wallace. Notre promenade continue : à gauche, une chanteuse des rues nous interprète du Jacques Dutronc : Il est cinq heures, Paris s’éveille. À droite, le fameux café des Deux-Moulins. Aujourd’hui, Amélie vous propose sa soupe de marrons pour 9,90 euros. Arrivés à Pigalle, on est déçu devant le célébrissime Moulin-Rouge et son environnement…pittoresque ! Il n’y a plus grand chose à voir ici, hop, on s’engouffre dans le métro.

Au menu ce midi, jambon-beurre et café-crème à l’étage du café de la Mairie, place St-Sulpice. Retour à l’hôtel où l’on s’empare des mini-bagages en prévision de notre nuit à Rennes. Arrivés à la gare, on composte les billets, avant de s’installer dans la voiture 9 du TGV 08029, Rennes sans arrêt : « Merci de voyager avec la SNCF ». Il faut compter deux heures de trajet pendant lesquelles on lit le Canard enchaîné si on ne dort pas. On étudie ou on regarde le paysage défiler derrière la fenêtre, en écoutant de la musique. Anne-Sophie doit être un peu plus nerveuse que nous qui profitons pleinement de ce moment de répit : demain matin, elle sera sur la sellette.

À peine le temps de fermer les paupières et l’on se retrouve en Bretagne. Le temps pluvieux nous fiche le cafard, et c’est d’un pas lourd que nous nous rendons à l’hôtel Anne–de-Bretagne. Qu’il est revigorant de prendre une bonne douche chaude ! Nous voilà pomponnées, prêtes à rencontrer les délégués français. Au cinq à sept prévu à l’hôtel de Nemours, le caviar de lump et le kir royal nous redonnent des forces. C’est la course aux tomates-cerises dans le bol de hors-d’œuvre. On est en manque de légumes !!!

Le groupe migre vers un restaurant à proximité, le repas du soir a lieu chez nul autre que Léon le Cochon! Ça nous fait bien rire ! On rencontre Maxence Bilodeau, sympathique journaliste montréalais, travaillant en France pour la télévision de Radio-Canada. Il partage généreusement avec nous son expérience de journaliste en poste en France. Ça fait chaud au cœur d’entendre du québécois; on a une petite pensée pour notre chez nous !

Florence Paquin-Mallette

La journée d'Anabel

Le lundi 10 novembre

J’épargnerai au lecteur éventuel les détails de cette matinée blême. En effet, MOI, en bonne élève studieuse, JE suis restée à l’hôtel pour étudier, pensant que les autres allaient visiter Versailles. C’est ainsi que, s’écoulant au gré des systèmes d’interférence de Young et des variables aléatoires conjointes, les minutes se sont transformées en heure et j’ai vu la fin de cette MERVEILLEUSE journée en m’endormant la face dans mon Kokis.

Surprise! Marianne et les autres reviennent en m’avouant qu’ils ont visité MON musée puisque Versailles était fermé et que, décidément, j’avais manqué quelque chose. Quelle joie ! Je me dirige donc, plus ou moins guillerette, vers le restaurant désigné par maître queux Hottote avec le reste de la meute.

Nous apprécions un souper dans l’intimité et la tranquillité (« GASPAAAAAAARD, deux sans résa, DEUX !!!») et partageons une bonne petite bouteille de vin… question de faire passer le morceau de la journée manquée. Mais que dis-je, journée manquée, mais pas du tout, car elle ne fait que commencer!

Vers 21h00, nous sommes attendus au Saint-Jean pour prendre un verre avec Julien-celui-qui-est-le-neveu-et-pas-l’autre-qui-ne-l’est-pas et profiter d’un spectacle de jazz manouche. Accoudés au bar, sirotant un pastis à la mode parisienne, nous nous sentons soudainement en vacances. Avec une subtilité exceptionnelle, toutefois, un jeune homme (ô combien sexy) trouble ma quiétude en renversant la totalité de sa bière sur mon bras innocent… et en profite pour entamer la conversation (qu’il a savante, d’ailleurs).

Dernière étape de la soirée, et non la moindre, l’appartement de Julien et Julien où nous rencontrons des jeunes « vraiment sympa, alors du coup, ce sont des oufs! ». L’atmosphère emboucanée ne nous trouble plus autant, l’accent ne nous déstabilise plus aussi fortement : après plusieurs soirs de veille, nous sommes des vrais de vrais! Cette nuit-là sera la plus longue toutefois. Retour au bercail : 5h00 du matin.
Le lundi 10 novembre 2008

Lundi matin, le téléphone sonne, le reveil fait de même trois secondes plus tard. Il est 7h30 et la journée débute. Anne-Sophie me demande si je vais suivre le groupe à Versailles, je ne le sais pas encore… Après dix minutes de réflexions, je me dis que je ferais mieux de suivre le groupe, même si personnellement, je ne tiens pas tant que ça à y aller : je ne veux pas rester seule. Tout le groupe est vraiment enthousiaste, nous allons voir le château de Versailles.

À peine avons-nous quitté l’hôtel, que Claude, l’adorable sœur de Mme Garet, sort en courant, en pyjama. Elle ne veut pas nous quitter sans nous dire au revoir. Elle rentre à La Rochelle ce soir et elle passera la journée avec Mme Garet. Nous la remercions de sa présence et lui disons d’aller à l’intérieur, il fait froid et elle n’a pas de manteau.

C’est aussi la fête d’Anabel, elle décide de rester à l’hôtel pour étudier et voir sa mère au courant de la journée. Nous allons nous retrouver avant le souper. Nous lui souhaitons une bonne journée d’anniversaire.

Tout le monde part en direction du métro pour se rendre en RER au château. Et j’oubliais ! les Français font le pont, car mardi est férié. Cela veut dire que beaucoup de commerces sont fermés (ce que nous oublierons un peu plus tard). Nous arrivons au comptoir où on se procure les billets, vingt minutes plus tard, M. Hottote demande onze billets en direction du château de Versailles. Le jeune homme très aimable (nous étions tombés sur une bonne étoile, le guide, notre inénarrable guide de l’OFQJ n’était plus avec nous) nous annonce que le château est fermé pour la journée; en fait, il est fermé tous les lundis. M. Hottote est très content que le garçon nous ait avertis et que nous n’ayons pas eu à faire le voyage pour rien. Le reste du groupe est vraiment déçu, car Versailles, c’était aujourd’hui ou jamais, moi je me sens un peu coupable parce que je ne suis pas très triste, et même plutôt soulagée... Nous avons donc d’autres décisions à prendre; qu’allons-nous faire ?

Première étape : rappeler à l’hôtel dans le but d’avertir Victor (le copain de Julien) que nous allons à Beaubourg aujourd’hui et non jeudi comme prévu, mais comme à Paris la majorité des téléphones publics ne fonctionnent qu’avec une carte d’appels, nous ne réussissons pas à utilier la cabine. Plusieurs mentionnent qu’Anabel voulait voir précisément cette expo-là; la réponse tombe : « Elle a décidé de ne pas suivre, c’était sa décision ».

Encore vingt minutes (toujours vingt minutes !) et nous y sommes. Juste avant d’arriver, nous passons devant une boutique très sympa. Plusieurs y font des achats : cadre d’Audrey Hepburn pour Alexandra, tasse Barbapapa pour Anne-Sophie, cartes postales en quantité industrielle pour Caroline et moi.

Cependant rien ne semble vouloir fonctionner aujourd’hui : le centre Georges-Pompidou n’ouvre que dans cinquante minutes. On convient d’un point de rencontre au pied de la sculpture préférée de Chantal : un immense pot de fleurs, sans fleurs. Le groupe se sépare, je pars avec un sous-groupe magasiner. Premier arrêt Miss Coquine, boutique de vêtements, accessoires et souliers. Ici encore des achats. Le sous-groupe se subdivise encore, Anne-Sophie, Caroline et moi partons vers une autre destination shopping. Que c’est agréable de magasiner ensemble !
De retour au point de rencontre, carte d’étudiant en arts à la main, nous rentrons assez facilement. Nous déposons sacs et manteaux au vestiaire et la visite commence.

Les Futuristes : une exposition basée sur le Manifeste du Futurisme de Filippo Tommaso Marinetti .Michel-André explique certains tableaux. L’expo est vraiment réussie. Certains adorent, d’autres moins. Nous avons visité deux expositions sur l’art moderne en deux jours et certains n’aiment vraiment pas.

Après la visite d’une première partie du centre Pompidou, nous allons manger. La température n’est pas très clémente, mais nous trouvons un sympathique casse-croûte. Sandwiches et crêpes au Nutella pour dessert combleront notre petit creux jusqu’à l’heure du souper.
Le groupe se sépare à la fin du repas : Chantal retourne au Louvre, d’autres au centre Pompidou et d’autre décident de faire autre chose. Temps interminable pour déposer nos manteaux, séparément cette fois, car chacun a des projets différents pour l’après-midi libre. Nous visitons alors l’exposition permanente, qui n’est pas à la portée de tout-un-chacun : elle est très moderne et pas toujours facilement accessible.

Ensuite, Janie, Alexandra et moi nous dirigeons vers la rue Mouffetard. Cette fois c’est plutôt deux fois vingt minutes qu’il nous faut pour arriver à destination, même à un rythme de marche très rapide. DÉCEPTION : presque tout est fermé le lundi en France, même à Paris. (Nous l’avions oublié). Tout de même nous profitons des quelques boutiques ouvertes. Janie était tombé en amour avec des pantalons style jupe, donc un essayage s’impose… Résultat : la jupe-culotte est trop petite. Deuxième arrêt pour l’essayage d’une tunique avec des chats pour moi, l’essayage s’impose encore… Résultat : j’ai l’air d’une tapisserie, d’une nappe ou d’un rideau, ça ne me va vraiment pas bien. Encore une déception.

Il est temps de retourner à l’hôtel, mais comme aucune ne possède un sens de l’orientation très développé, nous faisons un arrêt obligatoire dans une librairie, un jeune homme très sympathique nous expliquera le chemin plusieurs fois avant de comprendre que nous avons besoin d’un plan !

Direction Le Clément, vingt minutes, forcément. Brève préparation dans la chambre avant de repartir souper. Entre temps, Anne-Sophie apprend qu’elle aura une entrevuee téléphonique avec une journaliste de radio-Canada; le stress augmente, mais elle excellera comme toujours.

Direction La Taverne, qui est à dix minutes (oui, dix !) de notre hôtel. Petit resto aimable, cependant quelques-uns ont le vent dans le dos : quand on ouvre la porte, ils sont en plein courant d’air. La nourriture est très bonne. Je me risque à manger un tartare de bœuf; surprise du goût, j’adore, mais je suis incapable d’en manger plus de la moitié : c’est beaucoup trop copieux. Les desserts sont aussi réussis, Janie est encore et toujours en extase, son retour au Québec sera peut-être difficile…

La plus grande partie du groupe se dirige ensuite vers un bar, où un groupe de jazz manouche se produit, pour retrouver Julien. Nous faisons aussi la rencontre de quatre très beaux garçons dont l’un échappe VOLONTAIREMENT son verre de bière sur Anabel ! C’est vraiment drôle. Nous voudrions bien rester, mais nous sommes attendues à l’appartement des Juliens pour souligner l’anniversaire d’Anabel. Soirée vraiment super. C’est agréable d’avoir la chance de parler avec les gens de l’appart (où tout le monde est le bienvenu).

Une heure du matin, c’est l’heure de faire dodo, la nuit sera courte et, c’est le départ pour Rennes demain après-midi.

Meggie-Laurence Vincent
Le dimanche 9 novembre 2008

Dimanche matin, je me réveille avant le radio-réveil et l’appel téléphonique du « gentil » réceptionniste. Et que je suis contente! Je passe ma tête dans notre porte-fenêtre, à la fois pour faire lever Meggie (enfouie sous toutes les couvertures qu’il y avait dans notre penderie), mais aussi pour regarder le temps qu’il fait, et oh ! surprise ! le soleil brille ! « Meggie, il fait beau ! » « Pour vrai ?!?! » Oui, pour vrai. Pas un lever très difficile, donc. C’est avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles que nous descendons « petit-déjeuner ». Tout le monde est prêt ? On part ! Marche légère – vingt minutes à peine – (hi hi ! cette fois, c’est vrai !) jusqu’au jardin du Luxembourg.

Alors, la bouche pleine de « oh ! » et de « ah ! » ou de toute autre onomatopée qui semble s’appliquer à l’appréciation béate, on commence la visite des jardins. Que c’est beau ! Madame Garet nous présente toutes les espèces de fleurs qui sont, oui, encore en pleine floraison. Nous marchons jusqu’au petit étang au centre, où font halte quelques canards délurés qui osent s’approcher des heureux promeneurs qui ont apporté du pain dans l’espoir d’attraper un bout de baguette. Caroline et Anabel, qui sont tellement subjuguées par la beauté de l’endroit, partent dans une joyeuse course vers nulle part, et reviennent, le rouge aux joues et le sourire aux lèvres. Claude nous bombarde de quelques flashes qui feront des clichés superbes. On voit la maquette de la statue de la liberté, les statues des reines, et on s’extasie devant tout ce que l’on voit. Une petite marche santé dans le parc, et on met le cap sur le musée du Luxembourg pour l’exposition de Miro à Warhol.

Je suis bouche bée. Le futurisme, quand tu ne comprends rien, c’est moche, mais quand Michel-André vient t’éclairer de sa lanterne érudite, toute la beauté des œuvres s’offre à toi. Des peintures magnifiques, des sculptures étranges et… bruyantes, une exposition fantastique! Mon coup de cœur? Les Ten-Foot Flowers de Warhol ! En tapisser les quatre murs de ma chambre au retour !

On sort du musée, un peu à contre cœur pour certaines, qui auraient bien voulu continuer leur magasinage dans la superbe boutique. Et on marche, encore et toujours, cette fois vers le Panthéon. Une fois sur place, on se questionne sur le pendule géant qui prouve la rotation de la terre – oui, c’est bien le pendule de Foucault, éponyme du roman d’Umberto Eco –, on plonge dans les sous-sols pour trouver les tombes des Grands de ce monde : en France, les écrivains en font partie. On salue Voltaire, Hugo, Dumas et quelques autres, et on remonte rejoindre Madame Garet et Madame Gariépy, qui, momentanément éclopées toutes les deux, ont évité les quatre-vingt-quinze marches vers la crypte et les tombeaux. Choix judicieux.

Une fois sortis du Panthéon, on marche (quelle surprise, vous allez dire !) vers la rue Mouffetard, et on recommence avec nos « oh! » et nos « ah! » ahuris. Une vraie fourmilière !!! Des boutiques, un marché des deux côtés de cette petite rue sympathique et très pentue. Une fois en bas, imaginez notre surprise quand on surprend un bal en plein air. En bons touristes que nous sommes, on rit et on chante en chœur et à pleins poumons avec les musiciens, les danseurs et les spectateurs, photos à l’appui. « Eh, tout le monde, est-ce que ça vous dit, un pique-nique ? » Réponse unanime en faveur du pique-nique ! Alors, bravant le froid et les pigeons voraces, nous dégustons des baguettes chaudes, avec des fromages et du saucisson. C’est vraiment très bon.

Ensuite, le groupe se scinde. Madame Gariépy et Claude nous quittent, et les onze derniers aventuriers partent vers le château de Vincennes. Et encore des « oh! » et des « ah! » époustouflés par toute la majesté de ce château-fort. On monte les six étages du donjon qui vient d’être rouvert au public, puis, du chemin de ronde, on fait des grands signes à ceux qui sont restés en bas, on rit comme des gamins qu’on amène au parc pour la première fois de l’année, après le dégel. Est-ce que la fatigue commence à frapper ? Je crois bien que oui. Un petit tour de métro et hop, à l’hôtel pour se changer pour le dîner. Grand questionnement, comme c’est toujours le cas lorsqu’on nous offre un choix. Où irons-nous ? Voilà les choix : fruits de mer, pâtes ou brasserie. Florence tente de régler le problème : « Y’a des pâtes aux fruits de mer dans les brasseries ! ». Pour mettre tout le monde d’accord, on vote ! On se retrouve dans une des plus belles brasseries parisiennes, sur le boulevard St-Germain : le Vagenende, un magnifique restaurent Art-Déco plein de miroirs (http://www.vagenende.fr/p2.html). Un service à l’ancienne, pas à l’assiette, mais au plat, par un serveur qui se paie gentiment notre tête. Qu’importe : c’est délicieux ! Je manque par trois fois de m’endormir dans mon verre d’eau, je suis crevée, mais pas assez pour passer à côté du dessert, ni de la réaction de Janie.

Petite pointe de nostalgie, c’est une autre superbe journée qui se termine, et la dernière avec Claude, qui a su rendre notre séjour parisien d’autant plus agréable le temps qu’elle était là, merci!

Anne-Sophie Voyer
Le samedi 8 novembre 2008

Wow! En ce samedi matin, le soleil nous fait le plaisir d’être au rendez-vous ! On commence donc la journée du bon pied ! Parlant de pieds... Aujourd’hui, ils nous seront encore très utiles pour parcourir la ville, puisque le programme de la journée se déroule en grande partie sur l’Île-de-la-Cité, qui se situe à vingt petites minutes de marche (oui, oui !) de notre hôtel.

Guidés par Michel-André, nous nous rendons place Dauphine, qui a été construite sous Henri IV en l’honneur du dauphin, le futur Louis XIII. Nous en apprenons davantage sur l’histoire de cette place publique, sacrée patrimoine historique, et qui doit, pour cette raison, conserver intacts les deux seuls pavillons originaux qui subsistent sur les trente-deux qui avaient alors été construits.

Nous traversons ensuite le marché des fleurs qui, depuis 1808, année de sa création, a conservé tout son cachet. L’endroit est magnifique, et c’est avec un plaisir enfantin que nous nous promenons entre les allées, humant l’arôme des fleurs et appréciant la belle journée. Demain, le marché aux fleurs deviendra le marché aux oiseaux, comme chaque dimanche !
Prochain arrêt ? La Sainte-Chapelle ! Édifiée par le roi Louis IX (saint Louis) au XIIIe siècle, elle était destinée à accueillir la Couronne d’épines de la Passion du Christ. Bel exemple de l’architecture gothique rayonnante, la Sainte-Chapelle est somme toute très impressionnante dans son ensemble, mais c’est au deuxième étage que l’on apprécie véritablement le chef-d’œuvre. En effet, l’étage de la Sainte-Chapelle, autrefois réservé aux offices religieux pour la famille royale et les grands officiers, est à couper le souffle. Le plafond semble immensément haut, et les vitraux des quinze verrières se substituent à la pierre. Grâce au soleil qui brille en cette magnifique matinée, nous sommes à même de profiter de ces vitraux dans toute leur splendeur. J’apprécie tout particulièrement les jeux de lumière et les couleurs, c’est « divin » !

Pour la première fois de la journée, nous traversons la Seine, ce grand fleuve..., pour nous rendre sur l’Île-de-la-Cité où nous avons la chance d’observer pour la première fois, pour la majorité d’entre nous, la façade de Notre-Dame-de-Paris. J’avais déjà visité la cathédrale au cours d’un voyage précédent, mais la façade était alors en cours de ravalement, et je suis donc enchantée de pouvoir l’observer à ma guise sous le soleil. Après avoir amplement profité de la vue, nous pénétrons dans l’église et nous la visitons à notre gré. Le gigantisme et la beauté de la cathédrale ne peuvent laisser personne indifférent, et je tente de mémoriser les moindres détails. L’exercice requiert plus de concentration et de temps que ne le permet la visite en groupe, et je quitte donc Notre-Dame avant d’avoir pu compléter la tâche. Dommage ! Ce sera pour une prochaine fois... Je suis désormais obligée de revenir à Paris !

Aux bruits bizarres de nos estomacs, je crois que l’heure de casser la croûte est arrivée ! C’est aussi l’heure de retrouver Mme Garet, Claude (sa sœur) et Alexandra, qui sont restées à l’hôtel pour attendre le médecin. Alexandra, souffrant d’un mal de gorge et toussant depuis son arrivée dans la capitale française, a dû être soignée. Le lieu du rendez-vous me plaît énormément, le nom ne pouvant pas faire autrement que de me faire sourire. En effet, l’endroit où nous mangerons se trouve rue du Bourg-Tibourg, et ça me fait rire, sans que je ne sache trop pourquoi.

Après maintes délibérations sur le restaurant qui aurait l’honneur de nous accueillir pour le lunch, nous fixons notre choix sur un coquet petit salon de thé-boulangerie. Le deuxième étage me plaît vraiment, avec sa carpette rose et ses fauteuils dans les mêmes teintes. Le groupe se sépare pour occuper de petites tables, et nous nous sustentons grâce à des sandwichs et des foccacias. Sans que ce soit de la gastronomie, j’apprécie beaucoup ce dîner pour l’ambiance très Sex and the City de la place.

Pour terminer le dîner sur une note sucrée, plusieurs se rendent dans une chocolaterie pas très loin. Le chocolat est délicieux et réchauffe nos cœurs et nos corps, qui ne disent pas non à un petit remontant, car si la journée est ensoleillée, elle est aussi très froide, le vent qui souffle n’aidant pas au bien-être.

Le sourire aux lèvres et les dents pleines de chocolat, nous nous rendons place des Vosges, anciennement place Royale, construite au tout début du XVIIe siècle. C’est de toute beauté, et j’ai un faible pour les fontaines situées aux quatre coins de la place. Le groupe se sépare, et sous les arcades, nous sommes plusieurs à apprécier du spectacle d’un orchestre classique. Emportées par la musique, nous profitons de ce moment magique, observant le décor pittoresque. Tous nos sens sont sollicités en cet instant, et je ressens un profond contentement. Quel moment de grâce!
J’adore ma journée jusqu’à présent, et après cet intermède musical, je suis encore plus excitée. La prochaine activité, soit la visite de la maison Victor-Hugo, est au choix. Plusieurs « decquistes » songent à reprendre le chemin de l’hôtel pour aller étudier un peu, car bien qu’il soit difficile de le croire, le monde ne s’est pas arrêté de tourner aux frontières de Paris, et la vie poursuit son cours.

Pour moi, il est hors de question en cet instant de songer aux études, et je tiens à profiter de mon après-midi au maximum. Le musée de Victor-Hugo m’intéresse tout particulièrement, et l’exposition en cours, sur Les Misérables, encore plus. Cette œuvre a complètement changé ma vision de la littérature et de la vie, et c’est donc un pur bonheur pour moi que de la redécouvrir grâce à l’exposition. On découvre à l’intérieur du musée le processus de création de l’auteur dans la collection permanente, et on revit littéralement, grâce à l’exposition, les thèmes de l’œuvre. C’est encore une fois un moment magique, et tant d’émotions me font monter les larmes aux yeux. Je quitte donc la maison de Victor Hugo fort émue, encore un peu ébranlée d’avoir ressenti dans un si court laps de temps plusieurs des sentiments que m’avait fait vivre le roman génial que sont Les Misérables.

Je sors du musée épuisée, sans savoir si c’est le fait du décalage horaire ou de l’exposition. Vidée, je n’ai pas envie de faire de lèche-vitrines et décide donc de rentrer seule à l’hôtel, afin de pouvoir m’y rendre à mon rythme de marche, habituellement très rapide. En marchant à cette cadence vers l’hôtel, je profite de ce premier instant de solitude depuis le début du voyage. J’adore me promener seule, car je peux ainsi enregistrer les détails de ma promenade sans être distraite par une conversation. Tous mes sens sont dès lors en éveil, et je me trouve dans un état second de pur bonheur. C’est dans cet état que je reprends le chemin de l’hôtel, heureuse à l’idée que je suis seule dans Paris mais aussi enchantée de bientôt retrouver mon lit.

Ce n’est cependant pas ce qui arriva... En effet, emportée par ma cadence soutenue, je me réveille peu à peu, et je ne peux m’empêcher de faire un peu de lèche-vitrines, ou tout simplement de poursuivre ma promenade. Impossible pour moi de songer à rentrer à l’hôtel alors que je suis à Paris, un samedi après-midi ! Je dormirai de retour à la maison... Je veux vivre le rythme de la vie, découvrir le pas des Parisiens, me laisser emporter par la foule ! Mes pas me guident vers la rue de Rivoli, qui devient vite ma préférée ! Sans entrer dans les magasins, je mémorise leur nom, admire la présentation des vitrines, observe les concepts des boutiques. Je m’imprègne des tendances et de l’ambiance, et je profite de chaque instant.

J’ai un coup de cœur pour la ville, et j’adore me perdre dans les petites rues au cachet pittoresque. En regardant l’heure, je réalise que je dois malheureusement rentrer, et je traverse la Seine pour rejoindre la rive gauche alors que le soleil est déjà couché. À reculons, je rentre à l’hôtel, choisissant le chemin le plus long afin de vivre encore l’extase de la promenade du samedi.

De retour au Clément, je m’effondre sur mon lit, plus que satisfaite de mon après-midi que je résume à Anabel, avec qui je partage une chambre. Je fais une courte sieste de quinze minutes avant de redescendre rejoindre le groupe. Ensemble, nous nous dirigeons vers le restaurant italien qui nous reçoit ce soir, nous racontant nos péripéties de la journée.

Après toute la délicieuse cuisine française, je trouve la cuisine italienne rafraîchissante. Je crois que tout le monde apprécie beaucoup, d’autant que nous sommes tombés sur un restaurant de grande qualité; la cuisine est délicieuse, et le serveur assez comique. À l’heure du dessert, le tiramisu fait jaser. Anabel, après mûre réflexion (les desserts étaient déjà servis quand, après avoir goûté au tiramisu, elle en commande un elle aussi !), fait part de son choix au serveur, qui lui amène un gâteau décoré d’un cœur, l’assaut final d’une joute de séduction qui a commencé au début du repas. Toute la table éclate de rire, et c’est le cœur léger et le ventre bien rempli que l’on quitte le restaurant.

C’est samedi soir, ne l’oublions pas. Après avoir laissé les professeurs à l’hôtel, nous (les étudiants) acceptons l’invitation du neveu de Mme Garet qui nous avait gentiment conviés à une soirée entre amis. Nous suivons Victor, un ami de Julien qui nous avait rejoints au restaurant, et c’est avec plaisir que nous découvrons un appartement parisien, qui m’impressionne encore par son architecture étonnante (hauteur des plafonds, taille des fenêtres, moulures, etc.) et qui aurait une valeur historique selon les standards américains. Cette superbe journée se termine donc en beauté chez Julien et ses colocataires, et nous rentrons à l’hôtel au petit matin; pour ma part, je suis comblée par cette magnifique journée que je n’oublierai pas de sitôt.

Marianne Deschênes
Le vendredi 7 novembre 2008

Le vendredi le 7 novembre est, selon moi, la journée touristique la plus productive. Pour ma part, je la commence très tôt. Je chausse mes « baskets » et explore, au pas de course, Paris, alors que la ville peine à se réveiller. J’ai l’intention d’aller voir la tour Eiffel au lever du soleil, mais, incapable de me rendre (voir Choc! Tous les chemins mènent à Rome), j’abandonne et décide de suivre d’autres coureurs. Impossible ! Ils m’emmènent courir dans les jardins du Luxembourg ! J’ai déjà fait ma journée.

De retour à l’hôtel, je croise Anne-Sophie, toute nerveuse parce qu’elle se rend aux délibérations parisiennes, mais aussi parce que son réveil n’a pas sonné (Meggie a « meggilisé » l’hôtel la veille). Après quelques mots d’encouragements, je vais réveiller Florence. Je m’empresse de prendre ma douche, à tel point que, quand je sors de la salle de bain, Florence a seulement enfilé ses chaussettes et elle me regarde avec un air « où-tu-prends-ton-énergie-à-cette-heure-matinale ? » « C’est une belle journée, n’est-ce pas? » Il pleut…

En fait, le programme de la journée m’enthousiasme. D’abord, pendant qu’Anne-Sophie nous représente dans les locaux de la FNAC, le reste du groupe visite le musée de Cluny (Clooney pour les intimes), un musée médiéval de petite envergure qui a de quoi plaire grandement. Avant d’entrer, on passe devant le jardin réservé aux simples, où toutes les plantes médicinales sont méticuleusement nommées. Je gagnerais à m’en inspirer. À l’intérieur du bâtiment, on s’exclame devant les collections de tapisseries, de sculptures, de vitraux, d’enluminures et d’orfèvreries : « Dans ce temps là, les gens avaient le souci du détail. Aujourd’hui, on recherche l’efficacité. Ce n’était pas mieux à l’époque, c’était comme ça. »

Saturés d’information, quoi de mieux qu’une bonne petite marche ? On n’a pas le choix, on a rendez-vous à la FNAC pour le buffet et pour retrouver notre déléguée. On prend le métro pour les Champs-Élysées, on descend à la station Charles-de-Gaulle-Étoile, on monte les escaliers vers l’extérieur et… « No way ?! Comment ont-ils pu… ? » Chapeau à Napoléon !

Dans le salon de la FNAC, on est anxieux. On oublie qu’on vient de passer à côté de l’Arc de Triomphe parce que celui qui nous intéresse le plus en ce moment, il est plus moderne, plus petit; c’est la porte qui nous sépare des jurés parisiens. On discute avec des professeurs français qui essaient autant que nous de deviner le tiercé gagnant. La porte s’ouvre, pauvre Anne-So, on la bombarde de questions. Elle n’ose pas trop répondre, enfin, pas entre ces quatre murs. On apprend qu’elle est la déléguée pour les écoles étrangères, c’est l’euphorie (numéro 1).

Les bouchées du buffet ne nous ont pas rassasiés, alors on décide d’aller dans un petit bistro dans le Sentier où on mange à la bonne franquette : croque-monsieur, croque-madame (!) et MÉGA hot-dog (ceux qu’on trouve dans Central Park font pitié comparés à celui-ci). Puis, quoi ? Libres ? Qui ? Nous ! Cet après-midi ? Chouette ! Du coup (hi hi !), Marianne, Anabel et Florence optent pour le « shopping », alors qu’Anne-So, Alex, Meggie, Greg, Janie et moi-même, on décide de profiter du rayon de soleil pour prendre des photos sur l’île de la Cité. Les bêtises fusent : photos inusités et faces de raisins secs. Dommage, la noirceur nous ramène à l’ordre, on doit rejoindre les autres, car la journée est loin d’être terminée.

LE LOUVRE ! Ça sonne tellement Paris ! On est tous hyper excités. On se perd un peu en s’y rendant. « On se rejoint devant la pyramide du Louvres ! ». La dernière fois que j’ai vérifié, une pyramide, ça avait quatre côtés, et cette pyramide, elle est énorme. Comble du bonheur, on aperçoit Claude et Anabel qui papotent devant l’entrée. Les autres arrivent au compte-gouttes. On entre ; moment solennel. On va chercher des billets; oups, pas besoin de billets avec nos cartes-magiques-d’étudiants-en-arts. De toute façon, le vendredi à partir de 18 heures, le Louvre, c’est gratuit ! Le XIXe siècle est d’abord à l’honneur, puis, on met le cap sur la Joconde et la fameuse victoire de Samothrace; Janie en perd ses mots. Les decquistes s’exclament : « C’est notre cours d’histoire de l’art !!! », Meggie, ébaubie, y va d’exclamations de bonheur, Anne-So bloque l’entrée du salon d’Apollon sans s’en rendre compte parce qu’elle est ravie et béate d’admiration pour le plafond, et les autres visiteurs s’arrêtent pour écouter avidement, autant que nous en fait, les explications de M. Hottote. Tout le monde y trouve son compte, et personne n’est étonné du fait que l’on puisse passer trois jours à visiter le même musée sans jamais refaire les mêmes ailes!

En sortant du musée, je suis bien la seule à sauter partout. Il se fait tard, on est « raqué » et on a faim. On a prévu de manger sur la rue Mouffetard, au Piano Muet, avec le fils de Claude, Julien (le neveu de Mme Garet, donc), et quelques-uns de ses amis. Le souper est un délice. La nouvelle compagnie est agréable bien qu’on ne soit pas trop jasant, par gêne peut-être un peu, mais plutôt parce qu’il aurait fallu crier pour qu’ils nous entendent à l’autre bout de la table. Constatez : neuf étudiants plus trois profs plus Claude plus Julien plus trois amis de Julien (Victor et Charlie, et un autre Julien)… dix-sept à table !

Pour Florence, Marianne, Anabel et moi, la soirée s’est continuée à l’appartement des « Juliens ». Disons-le, leur appartement est G-É-N-I-A-L. La décoration éclatante, les plafonds moulurés, l’ambiance décontractée, les gars accueillants, mais « ça pue la cigarette! ».

De retour à la chambre, pour Florence et moi, c’est l’unisson : on a adoré notre journée. Sous les couvertures, la lumière éteinte, on revient sur ce qu’on a fait; bref, on parle beaucoup trop. Zut ! Le réveil est prévu dans moins de quatre heures.

Caroline St-Pierre et Anne-Sophie Voyer
Le jeudi 6 novembre 2008

Et voilà notre deuxième journée en France! Nous commencions tranquillement à nous habituer au rythme de Paris. Le matin venu, nous avons quitté l’OFQJ en autobus en compagnie de notre « guide » et du chauffeur. (Et avec une auto-stoppeuse !) Plan au programme : tour de ville. Mais l’autobus s’est mis à effectuer des méandres hasardeux dans les dédales des rues secondaires, tournant en rond, zigzagant, usant de confusion et de détours au gré des sinuosités… Mais n’empêche que nous l’avons vu de près, la vraie, la célèbre tour Eiffel. Nous avons eu le loisir de marcher dessous. Et nous sommes aussi allés sur la fameuse place de l’Étoile que redoutent « les conducteurs provinciaux et les touristes », aux dires de Mme Garet. Quittant l’Arc-de-Triomphe, nous avons encore tourné en rond juste un petit peu. Mais nous sommes arrivés sains et saufs au cimetière du Père-Lachaise. Enfin, nous avons marché dans les sentiers et les ruelles que forme cet étrange amas de tombes hétéroclites. Sous un ciel gris, survolés de corneilles croassant quelque oraison funèbre, au milieu de toutes ces pierres abandonnées par le temps, certains parmi nous pouvaient bien sans rougir avoir froid dans le dos… Après une recherche ardue, nous les avons enfin trouvés, Molière et Jean de La Fontaine y étaient (ils étaient d’ailleurs fort bavards…), comme plusieurs autres célébrités de tous les genres… personnages célèbres que nous n’avons pas forcément trouvés. En effet, les pierres tombales et les caveaux familiaux de gens modestes se mêlent d’une façon très hétéroclite à ceux des gens plus connus, voire très célèbres. N’empêche qu’il fallait y aller ne serait-ce que pour cette inscription sur la tombe de Kellermann : « Concession à perpétuité nº 666 ». Qu’il repose en paix et au chaud là où il se trouve…

Le bus nous a heureusement laissés devant l’hôtel Le Clément où nous avons rapidement pris possession de nos chambres. Certains avaient une cour intérieure, d’autres avaient une vue sur les toits de Paris et sur Saint-Germain-des-Prés et d’autres étaient au cinquième étage. Ceux-là ont fait de l’exercice. Prendre note que j’étais au cinquième étage. Le dîner (ou déjeuner) fut pris dans un curieux petit lieu appelé « Bar à soupe et quenelles ».
« C’est quoi une quenelle ?
– Difficile à expliquer Janie… une sorte de farce préparée avec de la farine et un corps gras, pas appétissant quand on le raconte… »

Aucun professeur n’étant en mesure de nous décrire une quenelle (!), nous avons donc attendu pour le constater. Et ça ressemble à quoi finalement ? À une mousse très, très ferme, brune, parfumée très subtilement… ou quelque chose comme ça. Bilan : une quenelle est un truc mystérieux et inexplicable. Enfin, beaucoup plus difficile à expliquer que la photosynthèse.

Nous avons ensuite continué tranquillement dans Saint-Germain-des-Prés où nous sommes entrés pour visiter le célèbre monument religieux établi à l’emplacement même où un irréductible Gaulois (Camulogène) a tenu tête aux armée romaines en 52 après JC. C’est Childebert, fils de Clovis, qui fit commencer les travaux de la basilique en 543. C’était quand même un peu impressionnant. Ce fut ensuite au tour du musée d’Orsay de nous accueillir. Musée magnifique, à couper le souffle. Il s’agit d’une ancienne gare transformée en musée d’art. M. Hottote, professeur d’histoire de l’art de son état, s’est révélé un guide génial. Mais alors que nous admirions Le déjeuner sur l’herbe de Manet, nous nous sommes fait sortir hors de la salle d’exposition. Nous avons alors appris qu’en France, il existe un droit de parole dans les musées : pour faire la visite avec son propre guide, on doit réserver un droit de parole; sinon on doit faire la visite seul, sans commentateur, ou avec un guide agréé par le musée. Ah ! bon… Mais il faut le dire, c’était magnifique. L’architecture, les tableaux, la fameuse horloge, les sculptures, tout était superbe. Et nous venions quand même de voir pour vrai les tableaux de ce fameux Manet dont parle Un chasseur de lion.

Nous avons par la suite soupé (ou dîné – « souper », c’est les mamies qui disent ça, aux dires des Français-) dans un petit restaurant où nous avons mangé (médiocrement) dans le sous-sol, ce qui a permis à certaines personnes d’établir une étrange corrélation entre la qualité du souper et le palier où on le prenait. Plus on est haut, mieux c’est, selon certains.) Mais du dessert reste du dessert, et il y avait des plats très bons, il faut le souligner.

Fatigués, nous sommes tous rentrés dans nos chambres respectives, pour sombrer tranquillement dans les bras de Morphée, rêvant à la tour Eiffel, à Molière, aux quenelles et à Manet.



Janie Deschênes
Le mardi 4 novembre 2008

Enfin à l’aéroport !Le grand jour est arrivé ! J’y retrouve avec plaisir mes collègues « lycéens », aussi fébriles et excités que moi-même. Nous avons tous hâte de partir. Petit pépin à l’enregistrement des bagages : mon bagage à main est apparemment trop gros ! Paniquée, je réussis tout de même à faire tenir le strict nécessaire dans mon minuscule sac à dos. Après environ quatre heures d’attente (l’avion a du retard), nous embarquons finalement. Huit heures, une escale à Québec et un repas infect plus tard, nous débarquons à l’aéroport Charles-de-Gaulle, où nous sommes accueillis par deux représentants de l’O.F.Q.J.

Le mercredi 5 novembre 2008

Un peu fripés par le voyage, c’est avec soulagement et excitation que nous montons dans l’autobus de l’O.F.Q.J qui nous amène au centre Kellerman où nous dégustons avec plaisir un léger déjeuner accompagné d’une bonne tasse de café français bien fort. Par la suite, nous suivons le guide qui nous a accueilli à l’aéroport. La promenade s’avère décevante. Le jeune homme ne semble pas connaître la ville et nous emmène au hasard, un peu n’importe où.

Nous aboutissons finalement au Jardin des Plantes où notre guide est visiblement soulagé de nous abandonner et où nous visitons le musée. La quantité des squelettes est vraiment impressionnante ! Pendant notre visite, deux de nos accompagnateurs essaient de trouver un guichet afin de retirer de l’argent. Pas de chance ! Les quelques guichets ou banques autour du musée sont fermés ou n’acceptent pas les cartes étrangères. Fatigués, nous nous arrêtons dans un café où un bon chocolat nous remet sur pied.

Nous nous dirigeons ensuite vers la Seine et nous décidons de prendre le bateau-bus. Nous nous extasions devant les bâtiments illuminés et les divers ponts, quand soudain apparaît devant nous la tour Eiffel. Grande, mince, illuminée (toutes les heures seulement, pour économiser l’électricité, elle se met à briller de tous ses feux et à clignoter), elle est vraiment magnifique ! Avant d’entreprendre l’exploration du quartier Saint-André-des-Arts, nous nous arrêtons à une terrasse chauffée où j’expérimente pour la première fois la consommation d’un grog !

Enfin, notre journée se termine par un souper au Pied de Fouet où nous nous régalons avant de retourner au centre Kellerman. En route, un incident survient : Mme Garet se tord la cheville, mais nous arrivons néanmoins tous sains et saufs. Avant d’aller me coucher, j’apporte de l’alcool à friction à Mme Garet. Finalement, ma bouteille de 450 ml n’aura pas traversé l’océan en vain ! Janie et moi avons décidé de ne pas prendre de douche. En effet, la minuscule cabine qui nous sert de salle de bain et un tout-en-un : on y trouve le lavabo, une très légère dénivellation dans le sol où est censée s’écouler l’eau de la douche et la toilette. Assise sur les toilettes, on a les pieds dans la douche… Nous décidons donc d’un commun accord de ne pas nous aventurer à en comprendre le fonctionnement et d’attendre d’être installées à l’hôtel le Clément pour prendre une vraie douche. Nous sommes trop épuisées pour une potentielle et très probable inondation ! Nous nous contentons donc de nous effondrer dans notre lit (enfin un vrai lit !) où le sommeil nous gagne immédiatement !


Alexandra Saucan

samedi 29 novembre 2008

Choc ! La présence de l’Histoire

Avant de partir en voyage, j’avais déjà entendu dire que les Français accordaient une très grande importance à leur histoire; cependant je ne pouvais m’imaginer que l’immersion débutait aussi tôt.

Dans tous les musées que nous avons visités, sans exception, il y avait des jeunes accompagnés de professeurs qui leur expliquaient les œuvres et les sensibilisaient à l’art. C’est au musée de Cluny et après une discussion avec Mme Garet que j’ai vraiment compris que c’était tout à fait normal en France.

La journée de notre visite, des enfants d’environ trois ans vivaient la même expérience que nous dans ce musée formidable du Moyen Âge. Plusieurs d’entre eux avaient un biberon ou leur « doudou’ » ; certains étaient installés en cercle, avec leur mère, et je pense des éducatrices. D’autres marchaient en admirant l’exposition ou étaient portés par un adulte. Jamais nous n’avons entendu des cris ou des pleurs. Ils savaient déjà se comporter convenablement dans les lieux comme celui-là.

En France, pour tenter de diminuer l’écart entre les enfants de divers milieux sociaux, le système scolaire et les garderies font beaucoup de sorties culturelles. De ce fait, les enfants ont la même base d’éducation, la même chance ainsi de pouvoir peut être accéder plus tard à la fac de leur choix. Les moins bien nantis ne seront pas ignorants, et les mieux nantis ne seront pas les seuls cultivés.

Ici à Montréal, l’épicerie est un lieu mouvementé… et dans les musées on entend souvent les adultes essayant de contrôler les jeunes : « ne touche pas à ça, reste ici, parle moins fort, ne cours pas », etc. Je suis heureuse d’avoir vu qu’ailleurs, c’était différent. Je me suis dit aussi qu’ils étaient chanceux comparativement à certains enfants de quartiers défavorisés de Montréal et d’ailleurs qui n’ont pas encore, selon moi, cette opportunité.



Meggie-Laurence Vincent

Choc! La surprise culinaire

La France, c’est beau. Il y a le Louvre qui regorge d’œuvres d’art magnifiques, il y a le musée d’Orsay qui est splendide en lui-même, sans compter toutes les superbes avenues, les monuments imposants et l’architecture remarquable. Donc, la France c’est beau, mais surtout, c’est bon, c’est délicieux ! Que dis-je, c’est délicieux… la France, c’est porter le plaisir de manger à son paroxysme ! Ah ciel, si vous saviez les délices que nous avons mangés ! À vous raconter cela, j’ai les papilles gustatives qui s’agitent encore en soupirant. Le premier souper a été comme une révélation je dois l’avouer. Canard confit aux cerises comme plat principal et moelleux aux poires en dessert. Tout simplement divin. Le paradis en bouche. Et c’est là que j’ai goûté pour la première fois à de la tarte Tatin et à encore d’autres assortiments variés de sucre, de farine, de crème, de fruits, de chocolat qui, combinés ensembles, donnent les plus exquis et ravissants desserts. C’était tellement bon ! J’ai commencé à attendre avec délectation le repas du soir. Le menu était en français, pourtant, nous n’y comprenions rien. Heureusement, nos accompagnateurs étaient de fins connaisseurs et nous nous sommes la plupart du temps régalés. J’ai bien dit la plupart du temps… Mais ma vie venait de changer. J’ai commencé à parler desserts, à lire desserts, à rêver desserts. Je venais de découvrir ce que signifiait réellement le plaisir de se sustenter. Je suis donc arrivée au Canada avec un livre de recettes acheté outre-atlantique (mon nouveau livre de chevet) afin de pouvoir à nouveau goûter à de la crème brûlée, du canard, des sandwichs au fromage de chèvre, de la terrine de campagne, de l’agneau, du fondant au chocolat, du cabillaud, du fromage bleu, des baguettes de pain moelleuses, des macarons multicolores, des choux à la crème, de la soupe à l’oignon gratinée, des escargots, des milles-feuilles, des chocolats fourrés à toutes sortes de préparations et encore mille et une petites choses délicieuses qui pourront continuer à me ravir. En espérant seulement que j’arrête de tout faire brûler…

Janie Deschênes

Choc! Montréal – Paris : qwerty – azerty

Quand Québécois et Français se rencontrent, la première erreur qu’ils font, c’est de comparer…..pour ensuite juger ! On compare tout : ses expressions, son pain, sa voiture, ses fringues, ses fleuves et ses idoles. « Ah ! Ils sont comme ça vos fils électriques, EN FRANCE, ils sont sous les trottoirs !» et de répondre «Oui mais, AU QUÉBEC, les chanteuses ont, comment dire, plus de voix !». Il est important de se rappeler que mis à part la langue, Français et Québécois ont très peu en commun au niveau culturel. Alors attention à ces jugements spontanés. Pour comprendre nos différences, il faut se souvenir… Faisons l’exercice aujourd’hui.

« Je me souviens » des premières nations, avant l’arrivée des Européens. Puis de cette Nouvelle-France, il y a de cela 400 ans. Je me souviens de la conquête britannique de 1760, de l’Acte constitutionnel de 1791 et de la fédération canadienne en 1867. Je me souviens de la Révolution tranquille, de l’immigration, de la Crise d’octobre en 1970 et des référendums. « Gens du pays, c’est votre tour, de vous laisser parler d’amour » !

Je ne me souviens pas des hommes préhistoriques, 2 millions d’années, ça fait beaucoup. Par contre, je me souviens de la Gaule romaine, 2000 ans, ça va, et des invasions barbares. Du Moyen-âge, de la guerre de Cent Ans et de la Peste noire. Je me souviens de la Renaissance, « Liberté, Égalité, Fraternité », scandait le peuple sous la Révolution en 1789, je me souviens des colonies, « Allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé » !

Oui, deux histoires bien différentes, deux continents, deux climats, deux monnaies, deux drapeaux distincts. Oui, deux on-ne-sait-pas-trop-quoi pas pareils, mais une vie qui continue, sur une planète qu’on partage. Alors vivement ces rencontres interculturelles, qui nous sortent de notre nombrilisme.

Florence Paquin-Malette

Choc! L'air pollué de Paris

Lorsque j’ai reçu les dépliants que l’O.F.Q.J. nous avait envoyés pour notre voyage, j’étais en extase! La tour Eiffel, les Champs-Élysées, Notre-Dame-de-Paris, le musée d’Orsay, tant d’endroits à visiter, une magnifique ville à découvrir! Évidemment, ce que les guides ne mentionnaient pas, c’était la pollution omniprésente dans la ville.

Cette réalité n’aurait pourtant pas dû me surprendre. Paris est une grande ville, une bonne partie de la population se déplace en automobile, les bouchons de circulation abondent aux heures de pointe. Mais il y avait autre chose. Je me suis alors mise à observer autour de moi et je me suis rendu compte que ce qui avait d’abord frappé mes narines (et mes poumons par la même occasion), ce n’était pas seulement l’odeur de la pollution, mais plutôt celle de la cigarette. Partout dans Paris on fumait : sur les trottoirs, aux arrêts d’autobus, sur les terrasses chauffées. Jeunes et moins jeunes (mais surtout jeunes) menaient leur train-train quotidien cigarette à la main, accessoire apparemment indispensable dans cette métropole.

J’ai constaté le même phénomène à deux reprises lorsque j’ai été invitée à des soirées organisées par le neveu de madame Garet. Un peu auberge espagnole, l’appartement était bondé d’amis de Julien et de ses colocataires. Des gens extrêmement sympathiques, cultivés, intéressants, venant de différentes régions ou même de différents pays avec qui j’ai conversé pendant quelques heures, mais qui, malheureusement, fumaient clope sur clope, paquet après paquet. N’en pouvant plus, le premier soir je me suis approchée de la fenêtre et je l’ai ouverte toute grande afin d’y prendre une bonne bouffée… d’air pollué de Paris ! En rentrant à l’hôtel ce soir-là, je me suis demandé comment ces jeunes adultes, pourtant bien éduqués quant aux effets néfastes de la cigarette, pouvaient continuer tout de même à ruiner leur santé. J’en suis venue à la conclusion que, malgré les avertissements, les Parisiens ne sont pas suffisamment sensibilisés sur les conséquences qu’entraîne une consommation excessive de cigarettes, et encore moins sur celles qu’entraîne la fumée secondaire.

Paris est une ville magnifique et je comprends aujourd’hui pourquoi on la surnomme, à juste titre, la Ville lumière. Dommage qu’elle soit également la ville de la cigarette…

Alexandra Saucan

lundi 24 novembre 2008

Choc! Le regard des autres

Ce qui étonne le plus en voyage (et la réflexion s’applique que vous alliez en France ou au Burkina Faso), c’est le regard que l’on porte sur vous, l’étranger.

Alors que vous allez en voyage pour voir les splendeurs que vantent les guides touristiques, le résident du pays visité, lui, vous trouve si chanceux de provenir d’où vous venez!
«Tu viens de Montréal? Super!
-Qu’aimes-tu de Montréal?
-Mais c’est une ville quasiment souterraine, c’est génial!
-Ah oui? Ma ville est souterraine?»

De plus, alors que vous croyez débarquer au pays des merveilles (et que, subitement, votre pays d’origine baisse dans votre estime), on vous rassure aussitôt en soulignant les points forts, mais aussi les points faibles de la contrée d’accueil.

Discuter avec les gens permet en effet de démystifier et de rendre réel le sol que vous foulez. « Ne vous bercez pas d’illusions, vous dit-on, ici aussi on vit la même chose! » En résulte ainsi une meilleure acceptation de ce que vous êtes et de l’endroit d’où vous venez.

En définitive, voyager permet de découvrir à la fois le pays étranger et les lieux que vous côtoyiez depuis toujours…

Anabel Cossette Civitella

vendredi 21 novembre 2008

Choc! Les jeunes parisiens...

Oh, mon Dieu, Seigneur ! Nous y sommes enfin. Après des dizaines d’heures de lecture, après avoir travaillé d’arrache-pied non seulement pour le Prix Goncourt des Lycéens mais aussi dans toutes les autres matières en vue de ne pas mettre en danger notre session, nous y sommes enfin. Paris, prends garde à toi ! les collégiens de Bois-de-Boulogne arrivent!

Sitôt débarquée de l’avion, je ne peux m’empêcher de commencer à zieuter les Parisiens. Quelle classe ils ont ! L’hiver parisien, plus doux, semble permettre à ces jeunes hommes de revêtir d’élégants manteaux de laine qui s’agencent à merveille avec leur écharpe colorée. Ici, l’« habit de neige » tel qu’on le connaît n’a pas sa place. Pas un seul anorak sport en vue ! Mes yeux se régalent…

Je ne sais pas si c’est l’exaltation du voyage ou le charme des Parisiens qui me fait autant d’effet, mais je ne peux m’empêcher d’admirer le look fort chic des hommes de la ville. La fashionista en moi se réveille, et je m’émerveille devant tant de classe. Polos rayés, vestons bien coupés, jeans foncés, tout s’agence dans un savant amalgame qui, à première vue, peut même paraître négligé. En effet, si les hommes sont bien vêtus, ils ne semblent pas s’en préoccuper outre_mesure, et c’est ce qui ajoute au charme européen. Ils possèdent cette grâce naturelle qui me fait totalement succomber, ce petit je-ne-sais-quoi qui fait en sorte que peu importe ce qu’ils portent, ils le font avec classe.

Ravie, j’observe tout au long du voyage avec un plaisir renouvelé le style des Parisiens. De la tête aux pieds, je décortique l’agencement effectué, le sourire aux lèvres. De la tête aux pieds, en effet, car l’homme ici semble se trouver devant un plus grand éventail de chaussures qu’en Amérique, tel que j’ai pu l’observer lors de mes séances de lèche-vitrine. Fan de souliers, j’en ai profité pour jeter un coup d’œil au rayon des hommes. Alors que notre côté de l’océan, les femmes se trouvent bien souvent généralement devant un choix assez impressionnant, l’homme est souvent en reste lorsque vient le temps de trouver chaussure à son pied. Ce n’est pas le cas à Paris, et on peut très certainement faire le lien entre le vaste choix en magasin et le look très classe des Parisiens.

À peine de retour depuis quelques jours, et déjà je m’ennuie du style sophistiqué des Parisiens. À quand le prochain voyage?


Marianne Deschênes

Choc! Les gens sont toujours pressés à Paris!

Les gens disent que les Occidentaux, surtout les Nord-Américains, ne savent pas profiter de la vie et vivent au pas de course. Malgré ça, en toute bonne Nord-Américaine que je suis, j’ai été particulièrement étonnée de voir à quel point les gens semblent pressés à Paris. Il y a quelques années, j’avais fait un voyage en Europe (Sud de la France et Espagne) et il m’avait alors semblé que nous avions beaucoup à apprendre de nos cousins méditerranéens pour ralentir notre rythme de vie effréné. Les Espagnols font la siesta et les provençaux ont une approche si «zen» de la vie que ça m’avait fait envie. Laissez-moi vous raconter ma surprise quand j’ai vu que c’était tout le contraire à Paris !

À Paris, on ne marche pas, on court. De la voiture à l’immeuble, de RER au métro, du métro au bato-bus… Bref, on court tout le temps, bousculant au passage les pauvres touristes (ça, c’est nous) qui essaient de s’y retrouver dans les dédales du métro parisien. Les gens sont pressés, même les jeunes enfants trottinent à un pas excessivement plus rapide que le nôtre à côté de leurs parents. Les femmes marchent, ou plutôt courent sur des talons aiguilles, et ne trébuchent pas ; on court en dévalant les innombrables escaliers des métros, des rues, et ce, en parlant sur son portable, en lisant son journal ou en farfouillant dans son sac à main. C’est très impressionnant, et en même temps, tellement triste ! Moi qui croyais que la vie «en accéléré» avait atteint son paroxysme chez les cégépiens canadiens.

Plus encore, les gens pressés ne regardent pas devant, mais dans le vide, comme s’ils étaient absorbés dans une bulle qui les coupait des gens autour. Peut-être est-ce la jeune banlieusarde en moi qui s’étonne, mais par chez nous, même si on ne se connaît pas personnellement, quand on marche sur le trottoir et que l’on croise quelqu’un, on le salue, ou du moins on le gratifie d’un sourire même si c’est par pure politesse. Ne vous y attendez pas à Paris ! J’ai souris à une dame sur le trottoir du boulevard St-Michel, et elle m’a dévisagée comme si je venais de Mars. Non, madame, juste de Châteauguay.

Finalement, avec tous ces gens pressés qui foulent les trottoirs parisiens, on ne s’étonne pas que pour se rendre du point A au point B, à Paris, peu importe le point de départ ou d’arrivée, ça ne prenne que vingt minutes !

Anne-Sophie Voyer

Choc! L'éducation

À première vue, Paris semble très près de l’idée que je m’en étais fait. En effet, après avoir visité la ville à travers maintes lectures et grâce à un voyage antérieur, je l’avais imaginée de manière assez conforme à la réalité. Certes, le paysage urbain est pittoresque, et l’architecture impressionnante, mais je m’y attendais un peu. Je savais d’ores et déjà que Paris était une ville d’une grande beauté, et c’est avec plaisir que je me perds dans les rues de la capitale.

Le choc culturel qui m’attendait ne viendra que plus tard. Ayant la chance de côtoyer d’« authentiques » Français, j’en profite pour discuter politique et éducation avec eux. Ils m’expliquent patiemment le système gouvernemental français et me renseignent sur la vision de l’éducation du pays. Que de différences ! J’écoute avec attention, tente de comprendre le point de vue des Français quant à la politique et à l’éducation.

L’éducation semble être une priorité en France, et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu’un enfant dont les parents ne paieraient pas les frais universitaires alors qu’ils en ont les moyens pourrait poursuivre ceux-ci ! Par ailleurs, le gouvernement accorde diverses subventions selon la situation familiales des étudiants afin de leur permettre d’accéder à la fac. Les étudiants en fac n’ont donc pas à travailler afin d’acquitter leurs frais scolaires, et peuvent se concentrer sur leurs études. On accorde une place de choix à l’éducation, et si j’ai bien saisi, il est plus aisé pour des étudiants de divers milieux sociaux de poursuivre leurs études supérieures quand ils ont obtenu de bons résultats avant.

C’est donc un choc pour moi de découvrir tous ces faits. Bien entendu, nous sommes privilégiés au Québec de pouvoir accéder à l’université à moindre coût si on compare nos frais universitaires avec ceux d’autres pays tels les États-Unis, mais j’ai l’impression que nous prenons ce droit à l’éducation comme étant acquis, alors qu’en France l’histoire fait en sorte qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Ce n’est qu’une hypothèse, et peu importe la raison pour laquelle notre vision de l’éducation diffère, je crois que notre système d’éducation gagnerait à s’inspirer du système français.

« Savoir, c’est pouvoir », et je crois que c’est en donnant la chance au plus grand nombre de gens d’accéder à une éducation supérieure que la France parvient à concrétiser sa devise : « Liberté, Fraternité et Égalité ».


Marianne Deschênes

Choc! Tous les chemins mènent à Rome

Quand je cours, c’est rare que je m’attarde aux cartes géographiques pour me situer. Je préfère y aller d’instinct, même si je n’ai pas un très bon sens de l’orientation. À Montréal, c’est impossible de se perdre, car la ville est rectangulaire, c’est-à-dire que les rues sont soit perpendiculaires soit parallèles. En Nouvelle-Zélande, j’habitais à la campagne et il n’y avait que deux grandes routes; donc, encore une fois, c’était impossible de se perdre. À Brisbane, en Australie, j’avoue que je me suis perdue en faisant un jogging matinal alors que la ville est presque aussi rectiligne que Montréal. J’avais oublié de prendre en note l’adresse de l’endroit où je demeurais... Heureusement, j’avais le numéro de téléphone. Or, à Paris, choc, les rues vont dans tous les sens ! N’essayez pas d’aller vers le nord en prenant qu’une seule rue, car elles vont plutôt vers le nord-est, le nord-ouest; bref, partout ailleurs qu’en ligne droite vers le nord. À la sortie du métro, on devait toujours se réorienter à l’aide d’une carte, surtout quand M. Hottote n’était pas avec nous. À la fin d’une longue journée épuisante, où la patience et l’énergie commençaient à manquer, on était content de rencontrer d’aimables Parisiens, qui semblent bien assumer la complexité de leur ville, pour nous indiquer le chemin. Enfin, c’est sans surprise que je me suis perdue le matin où je suis allée courir. Les bons côtés : on a découvert des ruelles plus jolies que les artères commerciales et tous les chemins nous ont menés à destination.

Visite matinale de Rennes

Mercredi 12 novembre 2008

J’aurais pu rester couchée ce matin-là, pour une fois qu’on en avait la chance ! J’aurais aussi pu étudier, mais non. J’ai préféré m’évader et, pourquoi pas, découvrir Rennes, la ville mère de la Bretagne et des crêperies.

Alors, après un petit tour à la Chope avec Anne-Sophie et Mme Garet, après un bon « p’tit dèj’ »et après m’être équipée du nécessaire pour une balade réussie (une caméra, un ipod, une bouteille d’eau et un sourire), je suis partie, décidée de profiter au maximum de ce moment de liberté. Ma première découverte… la cité judiciaire. C’est énorme, impressionnant, mais pas vraiment l’endroit idéal pour flâner. Je suis retournée sur mes pas et, par hasard, je suis arrivée au canal. C’est à ce moment que j’ai sorti la caméra pour ne plus la serrer.

D’abord, clic, j’ai remarqué un pêcheur et son fils qui installaient non pas une canne à pêche, mais une dizaine de cannes à pêche. Puis, j’ai aperçu la Chapelle de Saint-Yves, une œuvre gothique, évidemment (!). Ornée de belles grandes plantes à l’entrée; elle m’a charmée, clic. Je suis entrée, j’ai éteint ma musique et je me suis assise dans le silence, le temps de réaliser l’expérience que je vivais grâce au prix Goncourt des lycéens.

Je ne m’y suis pas attardée trop longtemps : la prière, ce n’est pas mon truc. Mon truc, c’est ce que j’ai vu sur la carte de la ville, un beau grand espace vert. Alors, j’ai commencé à me diriger vers le parc Thabor en passant par des ruelles, clic, aux odeurs de crêpes et… de savon ! Tout le contraire des odeurs d’urine de Paris ! Saviez-vous qu’à Rennes, ils nettoient le pavé ? À un moment, j’ai dû me coller à un mur de pierres, les orteils vers le ciel, en équilibre sur les talons, afin d’éviter les jets d’eau savonneuse que me lançait le lave-pavé sur quatre roues. Ils devraient mettre des affiches « Nettoyage en cours » pour nous avertir.

Bon, toujours en route vers le fameux parc, j’ai croisé de grands édifices à l’architecture superbee comme l’Hôtel de ville à la façade encore fleurie, clic, le Palais de St-Georges et son jardin de palmiers (en pots), clic, et le Palais des commerces qui est tout simplement gigantesque, clic. J’aurais voulu voir l’Opéra, apparemment magnifique, mais je commençais à manquer de temps et je tenais davantage à aller m’oxygéner au parc Thabor.

Un parc, c’est fantastique! On en retrouve dans tous les pays du monde et, comme ils sont accessibles à tous, toutes les générations s’y rencontrent, et c’est précisément ce que j’ai aimé observer au parc Thabor. Une grand-maman qui tient la main de sa petite fille, clic, des écoliers, des coureurs, des jardiniers, des chiens heureux d’avoir leur propre aménagement; bref, le quotidien des Bretons qui, contrairement à ce que Darwin avait relevé, ressemble beaucoup au notre.

Enfin, sur le chemin du retour, je suis passée par les petites boutiques, mais comme c’était encore tôt, presque tout était fermé. Quand je suis arrivée à l’hôtel, on s’est empressé de me dire que j’avais manqué l’entrevue avec le journaliste français. Bien. Moi, j’ai passé deux superbes heures de marche et je pourrai dire que j’ai réellement vu Rennes. D’ailleurs, si, pour une prochaine visite, on me donnait le choix entre Paris et Rennes, je choisirais Rennes d’emblée.

Caroline St-Pierre

C'était notre terre

Pour comprendre ce récit, j’ai fait une brève recherche historique. L’Algérie, colonie française depuis 1830, a obtenu son indépendance en 1962 après une guerre qui a fait plus d’un million de morts et pendant laquelle ont été commises des atrocités inimaginables. Cela me laisse croire que ce récit aurait pu être vrai s’il n’était pas présenté comme un roman. C’est plausible.

J’ai aimé la façon dont l’auteur a structuré son roman. À chaque chapitre, il nous place carrément dans la tête d’un personnage. Il nous donne ses impressions, ses émotions, ses aspirations, ses ambivalences, etc. Cela permet de dresser le portrait psychologique de chacun d’eux. Cela permet aussi de les différencier de façon claire, nette et précise. C’est du grand art que de pouvoir faire ressentir le personnage à ce point; c’est sans doute l’apanage du monologue intérieur.

Sur un plan plus sociologique, l’auteur réussit à nous démontrer comment la haine engendre la haine, le mépris engendre le mépris. Il nous démontre comment la colonisation se fait au détriment des peuples autochtones. Il nous démontre aussi comment le racisme conduit aux pires perversions. Il nous démontre encore comment l’appropriation de la richesse engendre la peur de perdre, entraine à rationaliser sa supériorité et à s’activer à détruire la menace. Notre Dieu est meilleur que le tien. Nous savons travailler la terre. Vous ne savez pas, vous êtes fainéants. Notre civilisation est meilleure que la vôtre, etc. Ces comportements sont tellement ancrés au plus profond des individus que les deux filles, Marie-Claire et Claudia, près de 50 ans plus tard, à la fin de leur vie, adoptent la même attitude, les mêmes certitudes de leur supériorité, de racisme et de mépris à l’égard de leur aide ménagère. L’auteur en arrive à nous démontrer que le racisme peut se rationnaliser mais qu’il ne se raisonne pas. Encore ici, c’est du grand art : jamais de thèse pour la démonstration, seulement le regard forcément biaisé qu’un personnage pose sur les faits.

En résumé, disons que l’auteur a une connaissance pointue de la psychologie humaine et de la sociologie du colonialisme. Sa plume est d’une finesse et d’une force qui nous fait tressaillir tout au long du roman. Bien qu’il soit très dur, c’est un beau livre.

Anne-Sophie St-Pierre-Clément

C'était notre terre

Le livre de Mathieu Belezi se présente comme une chronique à la fois de la famille Saint-André, propriétaire du domaine agricole de Montaigne, au village de Cassagne et, en toile de fond, de l’Algérie durant la décennie qui précéda l’indépendance.

Les personnages représentent bien les acteurs qui ont marqué cette période troublée et marquante de l’histoire de l’Algérie et de la France. Du côté des colons , on retrouve celles et ceux qui sont durs avec leurs ouvriers et employés indigènes qu’ils n’admettent que comme des serviteurs soumis et corvéables (Henri, Ernest, Hortense), celui qui est conscient de l’injustice flagrante faite aux indigènes et qui n’hésite pas à se sacrifier pour leur cause (Antoine), celle qui ne s’est jamais sentie à l’aise dans ce pays ni d’ailleurs dans son corps et qui, ressentant un profond malaise, finit par entrer au couvent (Marie-Claire), et plusieurs seconds rôles tenants de l’ordre colonial (l’abbé Blondel, divers propriétaires de domaines coloniaux, des militaires, etc.). De l’autre côté, on retrouve la grande masse miséreuse des Algériens indigènes qui sont les bêtes de somme ayant permis aux colons de transformer des terres sauvages en vastes domaines florissants. De Fatima, l’ancienne prostituée devenue femme de ménage dévouée jusqu’à la fin à sa patronne qui pourtant ne la ménage guère, à Kaddour, l’ouvrier agricole exploité qui finit par rejoindre le parti de la révolte contre l’ordre colonial, en passant par Bouzina, le tenancier de bordel opportuniste de la dernière heure, qui annonce le sort qui sera réservé à l’Algérie.

Prenant tour à tour la parole à travers la plume de l’auteur, six personnages livrent leur histoire et permettent ainsi d’écrire une version humaine et plus accessible des multiples désordres qui ont marqués la fin de l’ordre colonial en Algérie. On assiste ainsi à la désagrégation d’une famille de colons, celle des Saint-André, dont les membres sont soit exilés en France, soit morts dans la lutte sanglante qui a marqué cette période ou encore, comme Ernest, mort victime de ses propres abus. C’est aussi la fin d’un village ou d’une certaine vie du village de Cassagne qui, à l’indépendance, est rebaptisé. C’est enfin la fin d’un ordre colonial qui n’avait aucune chance de perdurer (symbolisé par le refus d’Hortense de quitter « sa » terre), car le fossé entre les communautés était grand.

Page après page j’ai été envoutée par le style de l’écriture qui m’a surprise et enchantée. L’auteur omet de mettre des points et des majuscules par moment, mais en gardant les respirations imposées par la ponctuation habituelle, ce qui le rend le rythme très original. On peut difficilement cesser la lecture : l’absence de point crée une accélération qui rend la pause problématique…

Bref, j’ai énormément apprécié la lecture de ce roman, car pour une fois, j’ai pu avoir un petit aperçu de la colonisation française en Algérie vue aussi par les colons. Ce livre est chargé en émotions à chaque page et m’a énormément marquée.

Assirem Boumati

Un petit mot de Claude...

Un petit mot pour vous dire à toutes (pardon, à tous) combien j’ai été ravie de vous connaître. J’ai apprécié de faire partie de votre petit groupe pendant ces quelques jours. Merci pour votre accueil fort sympathique, j’avais un peu peur de tomber comme une chenille dans le potage alors que je me suis sentie tout à fait à l’aise. La gentillesse de vos accompagnateurs ainsi que le fait de voir ma sœur dans des circonstances différentes ont contribué au plaisir de ce petit voyage.

J’espère que la rencontre de mon fils Julien et de ses amis ont été un plus pour certaines d’entre vous et que vous ne vous êtes pas trop « encanaillés »…

Je me souviendrai avec émotion de vous tous avec une mention spéciale pour Meggie qui devrait décidément faire électricité !

Malgré un petit rhume en revenant chez moi, je n’ai pas trouvé d’alcool à friction dans la pharmacie familiale et j’ai bien regretté le sac aux trésors d’Alexandra.

En souhaitant que ce voyage vous laisse des souvenirs plein la tête et pour longtemps, je vous dis au revoir à tous et bonne continuation pour cette année un peu extraordinaire.


Claude

Le retour...

Le mardi 18 novembre 2008

Eh oui, nous sommes rentrés, prêts à replonger dans la routine. Je ne dis pas le train-train, puisque, pour tous ceux qui ont fait le voyage à Paris, la semaine de retour devra être menée à un train d’enfer !

Avant toute chose, je veux vous présenter mes excuses, que vous ayez fait partie du voyage ou que vous soyez restés ici; à tous ceux qui font partie du cercle de lecture, à tous les parents et aux familles des étudiants, à leurs amis, à tous les habitués qui consultent le blogue régulièrement, à tous ceux qui nous suivent et qui nous encouragent depuis le début, je voudrais demander pardon de ne pas avoir tenu ma promesse.

En effet, vous n’avez eu aucune nouvelle de nous (ou si peu) pendant ce voyage, contrairement à ce que j’avais annoncé ! J’en suis désolée, sincèrement désolée. Si j’ai attendu aujourd’hui pour en parler dans ce lieu, c’est que ma colère n’est toujours pas retombée ! Pour faire court, voici ce qui s’est passé.

Je suis partie à Paris avec un ordinateur portatif (6,4 kg avec l’étui…) qui m’aurait, malgré son poids, parfaitement satisfaite s’il m’avait permis de naviguer sur Internet en France et de rester ainsi en contact avec vous. On avait doté l’appareil d’un long fil muni à chaque extrémité de prises du même type que les prises téléphoniques nord-américaines. Seulement voilà, partout où nous sommes allés, c’est le système Wifi qui est utilisé, et mon long fil encombrant était inutilisable. Je ne sais pas si ce type de fil a déjà été utilisé en France; ce que je sais, c’est que, contrairement à ce qu’on m’a affirmé avant de partir, cette technologie est aujourd’hui désuète.

Nous avons donc dû nous rabattre sur l’ordinateur de l’hôtel qui fonctionnait avec des cartes Wifi payantes, ce qui comportait pas mal d’aléas : de nombreux clients voulaient l’utiliser, à commencer par les étudiants, bien sûr; la connexion n’était pas toujours fiable (j’ai perdu ainsi plusieurs messages laborieusement tapés sur un clavier français). Par ailleurs, on aurait dit que l’hôtel avait conçu l’installation la plus inconfortable qui soit pour que personne ne s’attarde ! De plus, le rythme soutenu que nous avons mené du début à la fin du voyage ne nous a pas permis de ménager des pauses dans des cybercafés. Attendez de voir les résumés de chaque journée (pas avant le 28 novembre sur notre blogue), vous comprendrez !

J’espère que vous ne m’en voudrez pas trop. Je suis consciente de vous avoir déçus et, je vous présente, encore une fois, mes excuses les plus sincères.

Je vous remercie de votre compréhension.

Nicole Garet

mardi 18 novembre 2008

Délibérations finales du Prix Goncourt des Lycéens 2008

Mercredi 12 novembre 2008
Rennes

Le rendez-vous est donné à 9h précises à La Chope, une brasserie de Rennes. Même si les organisateurs ont été assez cléments pour nous permettre une bonne nuit de sommeil après le souper-rencontre de la veille, vous pensez bien que mon sommeil à moi a été quelque peu tourmenté.

Alors que mon réveil était prévu pour 7h30, je suis déjà bien éveillée à 5h30. Les arguments me défilent dans la tête sans arrêt depuis la veille; bref, la fébrilité est au rendez-vous.

Madame Garet, Caroline (l’éclaireuse et la seule qui ait vraiment visité Rennes) et moi-même partons vers la Chope. Nous sommes en avance. Les autres délégués (dix autres filles et seulement deux garçons) arrivent un par un; la tension monte pour tout le monde. Une fois tous les jurés arrivés, nous sommes informés des formalités de la rencontre, de l’attitude à adopter avec les journalistes (ma pression monte en flèche), puis les organisateurs réitèrent les explications sur notre rôle et la manière de le tenir. Ensuite, contre toute attente, ils nous laissent sans supervision directe, et les débats enflammés commencent. D’abord particulièrement troublée, je me rends bien vite compte que si je veux réussir à placer un mot autre que « mais » ou « excusez-moi », je dois passer outre mon malaise et couper la parole aux gens, hausser le ton, bref, aller contre ma nature. Après deux heures de débats épuisants, nous procédons à un vote secret pour notre tiercé gagnant personnel.

Les résultats sont ensuite évalués de la façon suivante : on fait le compte des nominations pour chaque livre, indépendamment de sa position. Les livres ayant obtenus une majorité absolue passent donc à l’étape suivante : le pointage. Chaque première place vaut trois points, chaque seconde place en vaut deux, et chaque troisième place n’en vaut qu’un. Après un calcul exhaustif des points, le tiercé de tête et le roman gagnant ressortent. Il y a alors une vérification (et d’autres argumentations…) pour s’assurer que chacun est d’accord avec le résultat.

Tout le monde est épuisé et bien content du travail accompli, mais il reste une étape cruciale, celle de l’élection du président ou de la présidente de la délégation. Après deux tours, mon nom est retenu, et je reste comme figée, dans un état second, entre l’appréhension et le désir de bien faire. Je récite plusieurs fois le texte de l’annonce pour que l’on commente le débit et la force de ma voix, puis je me fais « brancher » pour le direct. Je voudrais bien aller annoncer à tous mes amis qui m’attendent sagement à l’étage d’en-dessous que j’ai survécu, mais les responsables m’expliquent que ce ne sera pas possible : je vais passer à l’édition de midi du journal télévisé français... J’entends le décompte final du direct dans mon oreille droite où un gentil monsieur me répète de ne pas oublier de respirer (bon point, Monsieur, merci). Je fais l’annonce, je souris aux caméras et aux dizaines d’appareils photo qui m’envoient leurs flashes dans les yeux. Je compte les secondes entre les entrevues que les journalistes réclament et le moment où j’irai rejoindre mon groupe.

S’en suivra la rencontre à la mairie de Rennes, avec journalistes et personnalités diverses (le maire de Rennes, un académicien Goncourt, des représentants de la Fnac et de l’association Bruit de lire, etc.) À cause de ma nomination comme présidente du jury, nous sommes invitées, Mme Garet et moi-même, à rentrer à Paris dans le train de presse. Nous sommes conviées à un apéritif chez Gallimard où a lieu une rencontre avec la lauréate : Catherine Cusset. La rencontre ne s’éternisera pas puisque Catherine Cusset doit, évidemment, passer à l’édition du soir du journal télévisé. Nous la reverrons le lendemain, à la Fnac.

Finalement, une journée riche en rebondissements qui m’a donné, à la fin, la sensation bien réelle d’avoir couru mon premier (et probablement dernier) marathon. Pour les autres, je les laisse à Caroline…

Anne-Sophie Voyer

dimanche 16 novembre 2008

C'était notre terre

Le dernier roman de Belezi a tout pour perdre le lecteur, et pourtant…

Avec C’était notre terre, Belezi propose une véritable saga tragique, qui a pour cadre une famille de colons, les Saint-André, propriétaires du domaine algérien de Montaigne, le lieu principal de l’action. Le roman devient le récit de la décolonisation et de ses impacts, en offrant des angles et des points de vue multiples. Cette histoire de l’indépendance algérienne ne se limite pas au début des années soixante : elle fera une courte incursion au XIXe siècle et explorera le sort des Pieds Noirs, jusqu’à nos jours. Six voix nous livrent leur témoignage : Hortense et son mari, Ernest, leurs enfants (Claudia, Marie-Claire et Antoine), et leur servante kabyle, Fatima.
Le roman polyphonique développe plusieurs thèmes contrastants : l’aveuglement et la lucidité, l’aliénation et l’affirmation, la domination et la soumission… Puis il y a des thèmes, dont le versant opposé n’est pas (ou très peu) exposé. Par exemple, la vengeance domine, aucun personnage n’est apaisé par le pardon. De l’ancêtre, Jules, jusqu’aux filles Claudia et Marie-Claire : il y a peu de place pour le pardon, les plaies restent vives, et le lecteur en ressent le malaise, en voit l’engrenage infernal, absurde, inéluctable… Le trouble naît de cette absence d’issue, propre à la tragédie.

Ce n’est pas l’Histoire qui bouleverse, mais les histoires, les destins individuels, le style envoûtant. Pourtant, ce roman semble tout conçu pour perdre le lecteur : six voix narratives, six monologues intérieurs, absence de ponctuation forte (le point final n’apparaît qu’à la fin), multiplication des situations d’énonciation, chronologie non linéaire, etc. Mais la plume élégante de Belezi guide la lecture.
Sur le plan de la structure, le roman se divise en deux grandes parties, que sépare l’unique chapitre attribué à la voix de Fatima. De façon systématique, chaque chapitre commence par une indication de lieu qui indique quel narrateur occupera ce segment : Claudia, la benjamine, parle de Saint-Gabriel (France), puis Hortense parle de Montaigne (Algérie), qui nous apprend la mort de son mari, Ernest et de son fils, Antoine; le troisième chapitre commence par une croix, qui indique que le narrateur est mort au moment de l’énonciation principale, et ce défunt est Ernest ; le quatrième chapitre est le produit de Marie-Claire, l’ainée, de Kernogan (France); le cinquième est laissé au défunt Antoine. Dès la page 95, on reprend cette même séquence, dans le même ordre. À la page 170, l’auteur semble vouloir amorcer un troisième cycle, mais après Claudia et Hortense, on reste à Montaigne, et c’est Fatima qui met fin à ce cycle. Après son discours, plus rien ne sera pareil : l’ordre est bouleversé. Mais, au final, on constate l’équilibre : six chapitres pour Claudia, six chapitres pour Hortense, quatre chapitres pour chacun des autres membres de la famille (Ernest, Marie-Claire et Antoine), et un seul pour Fatima. La place qu’occupe cette dernière voix devrait suffire à donner un statut particulier à la servante. Belezi lui accorde aussi autant de pages qu’il en a réservé à Hortense et à Claudia. Ainsi, ces trois femmes sont les pierres d’assise structurant le roman.
C’était notre terre n’a pourtant remporté aucun prix… Le mystère est grand ! Le dernier Belezi répond pourtant très bien aux critères fixés au départ par les frères Goncourt. Par exemple, sur le plan de l’originalité, tant la structure que le propos sont singuliers et réussis. J’ai bien hâte de lire le Cusset pour découvrir en quoi Un brillant avenir surpasse C’était notre terre sur le plan de l’originalité !


Simon Fortin

vendredi 14 novembre 2008

Un peu du parcours

Maxence Bilodeau suit le fil du Goncourt des Lycéens:

Radio-Canada

mercredi 12 novembre 2008

Enfin...

Après une matinée de délibérations, la présidente du jury – élève au collège Bois-de-Boulogne de Montréal – a annoncé le nom du 21e lauréat du prix Goncourt des lycéens.
Le prix 2008 a été décerné à :


Catherine Cusset
Un brillant avenir (Gallimard)


Pour en savoir plus

Et ici

mardi 11 novembre 2008

Vendredi 7 novembre 2008

Délibérations pour la sélection du tiercé gagnant pour la région de l’île de France et les lycées étrangers.

Il est 9h et tous les délégués des lycées de la grande région parisienne et ceux des pays étrangers (Québec et Maroc) ainsi que leurs accompagnateurs sont dans un corridor d’une FNAC. Les délégués entrent dans une salle de conférence et prennent leur étiquette d’identification. Un dernier regard vers la porte (les profs sont restés dans le couloir), et on se met au travail. La porte n’est pas encore fermée que tous commencent à discuter de leurs préférences personnelles; après tout, avant de représenter un groupe, on lit pour soi-même. La coordonatrice de la région parisienne, Madame Francine Weiler, fait son entrée, suivie par une représentante de la FNAC des Ternes qui accueille cette première délibération. Le débat peut enfin commencer.

D’abord, on fait un tour de table plus formel où chacun (disons plutôt sept « chacunes » et un seul chacun pour le groupe) doit faire une présentation de lui-même, de son lycée, du mode de fonctionnement et de son année scolaire. On demande les âges… Coup de vieux pour la déléguée québécoise, tous les autres ont à peine quinze ans; ils sont en classe de seconde, ce qui équivaut à peu près à notre cinquième secondaire.

Ensuite, nous nous informons des tiercés de chaque lycée, et, après, chaque livre est soumis aux arguments bien ficelés qui fusent de part et d’autre de la table. Après deux heures de débats, on procède à un vote en quatre tours pour élire le tiercé gagnant pour cette région, que les trois nouveaux délégués (deux pour Paris, un pour les lycées étrangers) devront défendre à Rennes le 12 novembre. Une fois ce tiercé établi, on passe au vote pour les délégués. Pour Paris, les deux délégués seront Saïda Abdullah et Lyna Faïd, et pour les lycées étrangers, je suis nommée.

L’annonce officielle aux journalistes et à nos amis lecteurs se fait dans une autre salle de cette FNAC, et malgré mon grand plaisir de revoir tout le monde, je dois taire l’ordre du tiercé : il doit demeurer secret. Les trois titres en lice sont Une éducation libertine de Jean-Baptiste Del Amo, Syngué Sabour d’Atiq Rahimi et Un brillant avenir de Catherine Cusset. Ce tiercé ne correspond pas au nôtre, ce qui s’explique sans doute en partie par le fait que les participants québécois soient plus vieux que ceux des lycées parisiens. Peut-être est-ce que ce sera un peu différent dans le reste de la France… Une surprise : je me retrouve à devoir défendre mon livre préféré (Un brillant avenir) qui avait été éliminé à Montréal !

Lentement mais sûrement, mes appréhensions vis-à-vis de la grande délibération finale s’effacent pour laisser place à un désir marqué de faire honneur à mes amis du jury. Vivement Rennes!

jeudi 6 novembre 2008

De vos nouvelles...

Ce message est adressé à nos chers jurés qui sont maintenant à Paris. J'espère que vous avez eu un bon voyage et que le changement de fuseau horaire n'a pas été trop dur à encaisser.

De notre côté, nous reprenons tranquillement nos habitudes. Pour moi, c'est bizarre de ne plus avoir à jongler avec trois livres par semaine et de ne plus vous voir le mercredi.

Mais trêve de nostalgie! Céline Bengle voulait vous dire quelques mots. Et elle n'est pas la seule, je crois. Alors ce message sera lieu de papotage entre vous et nous via les commentaires.

Nous exigeons de tout savoir! Pas de cachotterie.

Au plaisir de lire rapidement vos petits mots, si possible bien sûr.
Sinon, vous aurez nos salut à nous.


Rose.

dimanche 2 novembre 2008

La traversée du Mozambique par temps calme

Vu sous l’angle de l’analyse d’un roman, ce récit n’est qu’une aberration, un fantasme d’auteur à la recherche d’un style. Par contre, vu sous l’angle d’un conte, ce récit est d’un intérêt certain. Le conte permet à l’imaginaire de se faire valoir. Les faits se promènent de gauche à droite, de bas à haut dans les fantaisies les plus saugrenues. C’est là que ce récit prend toute sa richesse et toute son ampleur.

Dans cette perspective, Pluyette fait preuve d’une imagination débordante. Sa plume est drôle, sa phrase est souvent courte mais efficace. Il nous fait parfois sourire et même rire à gorge déployée par ses tournures de phrase et par ses réflexions inattendues. Par exemple, en parlant des chiens tirant le traineau : « la force de traction est équivalente à celle d’une Deux-chevaux en fin de vie » (p.155) ou encore en parlant de la jambe blessée d’Inyoudgito : « Ce n’est pas parce qu’on ne parle plus d’une jambe que la jambe va mieux » (p. 137) ou encore en parlant de l’ours polaire « attention donc à ne pas marcher sur des museaux quand vous avancez dans la neige » (p. 147), etc. Ce livre déborde de perles de ce genre.

Le récit se rapproche de la bande dessinée avec ses imprévus inimaginables, ses solutions aux problèmes rencontrés qui bousculent l’entendement, et le caractère irréaliste de ses personnages.

En bref, La traversée du Mozambique par temps calme est un de mes coups de cœur littéraire. Bravo Monsieur Pluyette.

Anne-Sophie St-Pierre-Clément

Syngué Sabour: Pierre de patience

À 46 ans, Atiq Rahimi signe son quatrième roman. Il porte le titre de Syngué sabour, qui signifie littéralement « pierre de patience ». Il s’agit là d’un roman riche en émotions qui suscite notre attention, et ce, dès les premières lignes.

L’auteur met en scène une jeune femme qui est déchirée par l’état comateux de son époux, blessé lors d’une querelle futile. En Afghanistan ou ailleurs, comme le précise Rahimi, c’est la guerre. L’auteur réussit parfaitement à nous plonger dans un décor singulier et très réaliste. Depuis quelques semaines, cette femme s’occupe de son mari en lui fournissant des soins très rudimentaires, ce qui reflète la situation économique et sociale du pays durant cette période. L’essentiel du roman se déroule dans une petite pièce assez étroite où git le corps de l’époux inconscient, et c’est d’ailleurs une part de l’originalité du roman.

En effet, par ce biais, l’auteur donne une forme théâtrale à son roman. La femme est dans une chambre close et parle à son mari inconscient et le lecteur « entend » ce qu’elle dit. De plus, on s’aperçoit au fil du roman, que l’on n’a pas accès aux pensées du personnage, ce qui accentue le parti pris théâtral.

La femme se remémore son enfance, son adolescence et ses quelques années de mariage dont elle garde des souvenirs amers qui lui écorchent le cœur. Tout au long du récit, elle se livre à des monologues qui lui permettent d’exprimer tout ce qu’elle n’a pu dire durant vingt-sept ans. Elle déverse des flots de souvenirs en pensant que son homme, qui devient sa pierre de patience, pourra tout absorber et ainsi la libérer de son mal-être. Ces brèves confidences la replongent dans des situations vécues qui parfois l’émeuvent douloureusement et qui mènent de plus en plus à sa destruction : elle ne se reconnait plus et a parfois même peur d’elle-même. Je pouvais parfaitement entendre ses cris stridents qui appellaient à l’aide. La défaillance qu’elle connait et sa vulnérabilité face à la situation m’ont rapprochée de cette jeune afghane; j’avais presque envie de la consoler pour tenter de rendre sa peine moins pénible. Parfois désirée, parfois délaissée, mais le plus souvent ignorée et mal aimée, la jeune femme possède les caractéristiques qui peuvent pousser le lecteur à poursuivre sa lecture. On remarquera plus tard qu’elle est aussi une personne très intelligente et extrêmement maligne, loin d’être aussi faible qu’elle pourrait le paraître au début du roman.

Dès le départ, l’auteur nous surprend par la manière dont il présente l’écoulement du temps. Celui-ci est rythmé par les souffles du comateux, par l’égrènement d’un précieux chapelet ainsi que par les prières de la jeune femme qui vont en se raréfiant. Le style de l’écriture est très simple et très accessible. Ces petites phrases de construction syntaxique élémentaire se révèlent suffisantes et assez profondes pour faire comprendre ce que nous transmet l’auteur. J’ai été transportée dans un vrai tourbillon dès les premières phrases. Ce rythme effréné m’a beaucoup plu, il m’a même permis de comprendre un peu plus la psychologie du personnage.

À quelques reprises dans le roman, l’auteur évoque deux contes : d’abord celui de syngué sabour, la pierre de patience qui se charge des peines et des chagrins jusqu’à en exploser, et un conte transmis depuis des générations et digne des mille et une nuits! Je dois vous avouer que l’insertion de ces récits dans le récit m’a complètement charmée, c’était comme une trêve dans la succession des lamentations de la femme, et cela contribue, je crois, à équilibrer le fond et la forme du roman.

En bref, Syngué Sabour est un livre qui surprend dès le départ et qui est très agréable à lire et parfaitement accessible. De plus, la fin, qui s’avère assez troublante, nous porte à réfléchir un peu plus sur l’évolution psychologique du personnage principal.

Assirem Amal Boumati