mardi 18 novembre 2008

Délibérations finales du Prix Goncourt des Lycéens 2008

Mercredi 12 novembre 2008
Rennes

Le rendez-vous est donné à 9h précises à La Chope, une brasserie de Rennes. Même si les organisateurs ont été assez cléments pour nous permettre une bonne nuit de sommeil après le souper-rencontre de la veille, vous pensez bien que mon sommeil à moi a été quelque peu tourmenté.

Alors que mon réveil était prévu pour 7h30, je suis déjà bien éveillée à 5h30. Les arguments me défilent dans la tête sans arrêt depuis la veille; bref, la fébrilité est au rendez-vous.

Madame Garet, Caroline (l’éclaireuse et la seule qui ait vraiment visité Rennes) et moi-même partons vers la Chope. Nous sommes en avance. Les autres délégués (dix autres filles et seulement deux garçons) arrivent un par un; la tension monte pour tout le monde. Une fois tous les jurés arrivés, nous sommes informés des formalités de la rencontre, de l’attitude à adopter avec les journalistes (ma pression monte en flèche), puis les organisateurs réitèrent les explications sur notre rôle et la manière de le tenir. Ensuite, contre toute attente, ils nous laissent sans supervision directe, et les débats enflammés commencent. D’abord particulièrement troublée, je me rends bien vite compte que si je veux réussir à placer un mot autre que « mais » ou « excusez-moi », je dois passer outre mon malaise et couper la parole aux gens, hausser le ton, bref, aller contre ma nature. Après deux heures de débats épuisants, nous procédons à un vote secret pour notre tiercé gagnant personnel.

Les résultats sont ensuite évalués de la façon suivante : on fait le compte des nominations pour chaque livre, indépendamment de sa position. Les livres ayant obtenus une majorité absolue passent donc à l’étape suivante : le pointage. Chaque première place vaut trois points, chaque seconde place en vaut deux, et chaque troisième place n’en vaut qu’un. Après un calcul exhaustif des points, le tiercé de tête et le roman gagnant ressortent. Il y a alors une vérification (et d’autres argumentations…) pour s’assurer que chacun est d’accord avec le résultat.

Tout le monde est épuisé et bien content du travail accompli, mais il reste une étape cruciale, celle de l’élection du président ou de la présidente de la délégation. Après deux tours, mon nom est retenu, et je reste comme figée, dans un état second, entre l’appréhension et le désir de bien faire. Je récite plusieurs fois le texte de l’annonce pour que l’on commente le débit et la force de ma voix, puis je me fais « brancher » pour le direct. Je voudrais bien aller annoncer à tous mes amis qui m’attendent sagement à l’étage d’en-dessous que j’ai survécu, mais les responsables m’expliquent que ce ne sera pas possible : je vais passer à l’édition de midi du journal télévisé français... J’entends le décompte final du direct dans mon oreille droite où un gentil monsieur me répète de ne pas oublier de respirer (bon point, Monsieur, merci). Je fais l’annonce, je souris aux caméras et aux dizaines d’appareils photo qui m’envoient leurs flashes dans les yeux. Je compte les secondes entre les entrevues que les journalistes réclament et le moment où j’irai rejoindre mon groupe.

S’en suivra la rencontre à la mairie de Rennes, avec journalistes et personnalités diverses (le maire de Rennes, un académicien Goncourt, des représentants de la Fnac et de l’association Bruit de lire, etc.) À cause de ma nomination comme présidente du jury, nous sommes invitées, Mme Garet et moi-même, à rentrer à Paris dans le train de presse. Nous sommes conviées à un apéritif chez Gallimard où a lieu une rencontre avec la lauréate : Catherine Cusset. La rencontre ne s’éternisera pas puisque Catherine Cusset doit, évidemment, passer à l’édition du soir du journal télévisé. Nous la reverrons le lendemain, à la Fnac.

Finalement, une journée riche en rebondissements qui m’a donné, à la fin, la sensation bien réelle d’avoir couru mon premier (et probablement dernier) marathon. Pour les autres, je les laisse à Caroline…

Anne-Sophie Voyer

1 commentaire:

Anonyme a dit…

hahahaha. On sent l'effort des derniers mois et des derniers kilomètres, mais surtout l'euphorie d'être l'heureuse gagnante à l'arrivée. Bravo encore ! Caro
p.s. J'ai bien l'intention de t'embarquer dans un autre marathon d'ici peu :)