mardi 30 septembre 2008

Un chasseur de lions.

Un chasseur de lions… qu’est-ce que cette phrase évoque pour vous? La savane, le courage, la poursuite de félins, la sauvagerie et… la beauté du monde. Certainement pas Paris, la vie intellectuelle, la révolution, l’impressionnisme et le raffinement… Un chasseur de lions, c’est le titre du dernier roman d’Olivier Rolin, auteur français prolifique, qui s’inspire de la toile la moins connue de Manet, Portrait de Pertuiset, tueur de lions (1881), pour tisser un chassé-croisé dans lequel le modèle et l’artiste sont les principaux personnages. Un chasseur de lions ne se veut pas une biographie d’Édouard Manet, mais une intrigue «romanesque et romancée», telle qu’annoncée par l’auteur en quatrième de couverture. La trame repose sur des faits historiques à partir desquels Rolin a brodé sa propre vérité. Il nous raconte ainsi l’amitié née entre deux individus aux antipodes l’un de l’autre : un artiste gracieux et spirituel et un chasseur vulgaire au regard éteint, tels que le narrateur nous les décrit (p. 9). Le paradoxe qui les unit est exploité tout au long du livre qui raconte leurs vies parallèles, l’un établi à Paris, et l’autre en constante mouvance, cherchant l’aventure, entre autres en Afrique du Nord et en Amérique du Sud. Parmi les personnages qui se greffent à leur histoire, on reconnait Berthe Morisot, Charles Baudelaire et Stéphane Mallarmé.

Un narrateur anonyme joue un rôle que l’on devine autobiographique, et introduit ainsi une autre voix narrative et un deuxième temps de narration. Qui est-ce ? un homme énigmatique dont on a, par moment, de la difficulté à déterminer s’il est le contemporain de Manet ou le nôtre, et qui, grâce à sa curiosité, constate l’œuvre du temps qui passe. Olivier Rolin ne se contente pas de relater une histoire, il présente le reflet actuel de celle-ci, un portrait de l’évolution de la civilisation : «L’idée a quelque chose de séduisant, d’une rue tirant son nom des lointains qu’on y découvrait, et qui ont désormais disparu derrière la croissance de la ville», pense-t-il (p. 40). Le moins qu’on puisse dire, c’est que Rolin – ancien reporter – a le souci du détail. Cependant, les trop nombreuses références brisent le rythme du récit. Le lecteur perfectionniste qui souhaitera comprendre chaque allusion culturelle ou historique, et repérer chaque lieu sur une carte sera confronté à une recherche énorme. Il faut donc taire quelques-unes de ces envies, et s’armer d’un atlas. Le souci du détail de l’écrivain se reflète également dans le portrait qu’il trace de Manet. Les éléments biographiques jumelés au contexte historique et aux descriptions de toiles aboutissent à une réflexion artistique étoffée et passionnante : «Dommage […] qu’on ne puisse pas peindre les discours. À défaut de peindre les mots, je peindrai la bouche qui les profère», remarque le Manet de Rolin (p. 140). L’auteur allie son œil et sa plume pour décrire à merveille plus d’une dizaine de toiles de Manet, sans toujours les nommer; c’est pourquoi un parcours de l’œuvre du peintre permet de mieux apprécier la lecture.

La qualité de l’écriture est séduisante : on baigne dans un univers visuel et imagé aux coloris vifs appuyés par une langue soutenue et un style recherché. Si Pertuiset «a besoin […] de la solidité rassurante du lieu commun» (p.203), ce n’est pas le cas de Rolin, qui fait preuve de fantaisie en utilisant des jeux lexicaux et des procédés stylistiques tout à fait savoureux. La variété de la langue s’exprime aussi par les différents niveaux d’humour qui sont présents tout au long du roman. Par exemple, Rolin emploie une métaphore issue du langage populaire pour designer Pertuiset en tant que «gros lard» (p. 9). Mais il change de registre (p. 128) lorsqu’il met les mots suivants dans la bouche de Pertuiset : «La gloire d’ouvrir une terre nouvelle à la civilisation! D’augmenter le trésor des connaissances humaines, d’inscrire son nom au bas de la page du Progrès!», autant de lieux communs que Pertuiset ne reconnaît pas comme tels, mais que le narrateur qualifie d’«inepties enflées» (p. 140).

L’humour fin et intelligent de Rolin soulève le rire plus d’une fois, que ce soit dans une scène comique, grâce à la polysémie, aux interpellations du lecteur, aux titres animaliers des chapitres ou devant l’amusant chasseur. Eugène Pertuiset est le personnage le mieux construit du roman, celui auquel, malgré la grossièreté et la robustesse, on s’attache et face auquel on éprouve des émotions. Son nom génère même un nouvel adjectif, « pertuisesque » (p. 211), dans le dictionnaire Rolin. Ce dictionnaire comprend également des termes rares comme «olibrius». En effet, pourquoi ne pas «sortir un peu les vieux mots, leur faire faire un tour dans la langue» (p.145)? On ne peut critiquer l’œuvre de Rolin sans parler de sa saveur très politique. Ayant vécu a Paris sous la Commune de 1871, Édouard Manet sera témoin de la Semaine sanglante. La révolte est sans doute l’un des trois principaux thèmes du roman (avec l’œuvre du temps et la raison d’être de l’art). Le lecteur se souviendra du fait suivant : «La Révolution est toujours assassinée!» (p. 47 et 147).

Un chasseur de lions est une œuvre littéraire dont l’originalité ne fait aucun doute. Tout comme Manet rejette les conventions néoclassiques, Rolin rejette la forme classique du roman. L’artiste-peintre précurseur de la modernité et l’homme de lettre novateur ont certainement des points communs, que ce soit leur démarche artistique inventive ou leur fibre révolutionnaire. Il est à souhaiter que la difficulté de lecture engendrée par la très grande quantité de références diverses ne compromette pas le succès du roman. Si seulement «les mêmes combats [n’étaient] pas à mener, [car] à jamais, la bêtise et le conformisme, le mauvais goût sont toujours triomphants» (p.180) !

Florence Paquin-Mallette

lundi 29 septembre 2008

Qui touche à mon corps je le tue.

Vingt-quatre heures et j’avais terminé le dernier roman de Valentine Goby, Qui touche à mon corps je le tue, son cinquième roman après La note sensible, Sept jours, L’antilope blanche et L’échappée, livres tous parus chez Gallimard. Vingt-quatre heures… la durée exacte de l’histoire absolument bouleversante mise en scène par Goby.

C’est quelque cent trente-cinq pages et un quart qui déversent sur vous un flot intense de questionnements, peines et déchirements. De l’aube à l’aube – la tragédie est découpée en cinq actes – le décor parisien est une façade, car l’incursion du lecteur va bien au-delà du paysage urbain de l’année 1943. Vivant en parallèle les vingt-quatre heures d’une condamnée à mort, trois personnages se relayent dans l’illustration de leur vie maintes fois éprouvée.

Marie G., la dernière femme destinée à la guillotine, vit sa dernière nuit en prison, réfléchissant à son rôle de « faiseuse d’anges», périphrase que l’on utilise pour ne pas dire avorteuse. D’autres anges meurent naturellement : ses sœurs Marie, dont on lui donne le prénom; elle a passé sa vie à longer les murs pour ne pas être remarquée. Jamais elle ne s’est sentie distinguable, elle n’aura été, toute sa vie, qu’une Marie parmi toutes les autres Marie.
Lucie L., porteuse d’un fœtus qu’elle ne désire pas, se fait avorter pour ne pas mener à terme l’embryon qui serait la suite de sa chair, la succession de son sang. Issue d’une famille où le père était absent et la mère possessive, Lucie refuse tout contact humain : Qui touche à mon corps je le tue.
Henri D., bourreau comme ses ancêtres l’étaient, attend l’aube pour exécuter les ordres. Hanté par le fantôme de sa mère, persuadé d’être responsable de sa mort, lui aussi se revoit gamin et pleure son existence. De ses victimes, il est le plus souffrant.

Un narrateur omniscient cède la parole tour à tour à chacun des personnages qui portent tous le fardeau de leur naissance, le deuil de leur enfance. Cette exhibition très intime de la souffrance de chacun m’a ébranlée. Touchant, le lien mère-enfant (la mère et son odeur, la mère et ses caresses, la mère dans toutes ses faiblesses…); poignant, le sentiment de dépossession de soi, la peur de disparaître : Qui touche à mon corps je le tue.

Ce n’est pourtant pas un roman étouffant et perturbant comme il en existe beaucoup. Le thème de la douleur est omniprésent, mais, sous-jacent, c’est la recherche identitaire si chère aux auteurs contemporains qui demeure.

L’écriture de l’auteur garde un rythme très intense tout au long du roman. De très longues phrases énumérant des émotions en rafale, puis, coupure. Seules quelques lignes constituent le paragraphe suivant. Trois mots par phrase qui veulent tout dire. Avec une écriture directe qui ne cache rien, Valentine Goby sait dire les choses telles qu’elles sont, dans leur noirceur et leur lumière.

Anabel Cossette Civitella

Le jury.






dimanche 28 septembre 2008

Rencontre du 24 septembre 2008.

Nous voilà donc à la deuxième rencontre du cercle de lecture du prix Goncourt des Lycéens. Nous nous sommes tous placés en cercle, justement, dans une certaine hâte et avec une fébrilité perceptible… c’est parfaitement justifiable puisque c’est aujourd’hui que les débats s’amorcent.
Parmi les trois livres lus : Un chasseur de lions d’Olivier Rolin, La Traversée du Mozambique par temps calme de Patrick Pluyette et Un brillant avenir de Catherine Cusset, y aura-t-il des mises à mort, des couronnements glorieux ? Seul l’avenir nous le dévoilera. La prise de position de chacun sera sûrement débattue férocement. Il y a près d’une semaine qu’on entend parler de ces livres un peu partout dans le cégep…

Mais le débat est légèrement retardé par les différentes annonces. D’abord, il y a ce 5 à 7 organisé par l’AGE au Caféiné le 9 octobre au profit du Goncourt des Lycéens. Le représentant de l’AGE nous invite à publiciser l’événement dans nos classes et auprès de nos amis. Et puis il y a du nouveau aujourd’hui : nous sommes filmés et photographiés. Cela nous permettra d’ajouter des séquences des débats sur notre merveilleux blog. Les nouvelles continuent de plus belle; nous avons un contact avec une revue littéraire. De plus, il y a un changement dans l’ordre de lecture. Nous devrons attendre encore un peu avant de lire Le Silence de Mahomet de Salim Bachi : nous n’avons pas encore reçu ce roman. Pour la semaine prochaine, nous entamerons à la place Le Rêve de Machiavel de Christophe Bataille. Ce changement ne semble pas nous ébranler, nous sommes prêts à tout, des étudiants assoiffés de pages et de mots. Enfin, nous sommes invités à l’enregistrement de l’émission télévisée Bazzo.tv où il sera question du roman d’Olivier Rolin. Nous sommes six braves à vouloir y assister. Que voulez-vous ! certains malchanceux ont des cours à l’heure de l’enregistrement… Vous trouverez plus de détails sur toutes ces informations dans le compte rendu de la rencontre.

Enfin la discussion sur les livres s’amorce. Les étudiants se redressent sur leur chaise, les mains se lèvent déjà et les commentaires commencent à fuser de tous les côtés de la pièce. Le débat promet. Le premier livre qui sera décortiqué, retourné de tous les bords et soumis à la critique est Un chasseur de lions. Il est intéressant ce bouquin. Les commentaires tournent autour de Manet et de Pertuizet, mais dérivent bientôt vers les critères que nous avions établis pour classer les livres. Précisions faites, nous continuons avec coeur. L’abondance de références artistiques, géographiques et historiques semble être le point du débat. Les opinions sont partagées. Finalement, le lion s’en sort sauf. Mais la conversation a du mal à passer à un autre roman… et le temps défile. Enfin, nous laissons émerger notre côté aventurier et c’est l’absurde et l’humour qui deviennent les objets du débat. Nous parlions bien évidemment de La Traversée du Mozambique par temps calme que presque tout le monde semble avoir apprécié. La tempête passée, nous abordons Un brillant avenir. Il s’agit du roman le plus réaliste et ici encore les points de vue diffèrent puisque c’est de l’histoire comme telle dont nous discutons. Pas d’élimination, pas de gagnant, pas d’unanimité ! Seul l’avenir nous dira ce qu’il adviendra de ces trois romans.

La réunion se termine à la hâte, les dernières interventions sont malheureusement amputées. Mais nous partons chacun avec un nouveau livre dans les mains… avec une féroce rage de lecture. Ce fut bien évidemment une rencontre très chargée, d’autant plus que nous avons eu de la grande visite : Mme Bourgie, de la Fondation Bourgie, nous a rejoints. Il m’a semblé que nous aurions pu passer toute la rencontre à parler d’un seul des trois livres tant nous en avions à dire. C’était un peu dommage de seulement faire le survol de ces romans. Mon livre préféré n’a pas fait l’unanimité, mais ouf… je ne suis pas la seule à l’avoir adoré. Et je suis bien heureuse d’avoir pu intervenir souvent dans le débat. Enfin, c’est sûr qu’on y met plus de conviction quand on a bien compris l’histoire…

Janie Deschênes

samedi 27 septembre 2008

La Traversée du Mozambique par temps calme

C’est tout un engagement de lecteur qu’il faut prendre lorsqu’on embarque dans cette Traversée du Mozambique par temps calme ! Avec son quatrième roman, Patrice Pluyette nous fait voyager aux quatre coins de la planète sans jamais passer par ce tant attendu Mozambique. Les codes préétablis sont ici effacés pour laisser place à ceux de l’auteur qui a sa propre définition du roman... C’est un récit philosophique que Pluyette nous propose, sur la trame d’un pastiche de récit d’aventure. Si l’on tombe parfois dans le cliché, ce n’est que pour mieux le défaire, ou plutôt pour l’utiliser dans un revirement de situation qui laissera le plus aguerri des lecteurs pantois. Nous suivons ici l’aventure du capitaine Belalcazar, incertain descendant d’un conquistador, et de son équipage, de prime abord typique, mais en fait profondément original. Leur objectif : Païtiti, ville mythique où tout l’or inca serait rassemblé, véritable obsession pour ce capitaine qui n’en est pas à sa première tentative. Les personnages et les évènements que le groupe rencontrera seront tous plus inusités les uns que les autres. Qu’il s’agisse d’un pirate géant faisant son apparition dans un baril en pleine tempête ou de Sophie, réelle « fille des vues », qui les fera passer du pôle Nord à l’orée de la forêt amazonienne en moins de temps qu’il n’en faut pour prononcer le titre de ce roman, le lecteur peine parfois à s’y retrouver. Toute l’aventure est décrite, et même commentée, par l’auteur dans un style qui lui est très particulier. Maniant l’humour absurde et les rebondissements saugrenus comme nul autre, Patrice Pluyette sait autant nous faire rire que nous faire réfléchir. Qui d’autre aurait pensé à incarner la sagesse dans un personnage appelé Petit Pénis ? C’est pourtant ce à quoi il faut s’attendre lorsqu’on décide de suivre Pluyette dans La Traversée du Mozambique par temps calme.

Nicolas Monette

vendredi 26 septembre 2008

Étrangère chez soi.

Les remous que la Deuxième Guerre mondiale a laissés derrière elle se font sentir dans le roman Un brillant avenir de Catherine Cusset. On y raconte la vie d’Elena, jeune orpheline de Bessarabie que la vie n’a pas épargnée, recueillie par son oncle et sa tante, qui lutte pour se faire une place dans sa Roumanie d’adoption. Au fil des pages, on découvre une jeune fille prometteuse et entêtée qui ne désire que partir loin de la tyrannique Roumanie communiste de Ceausescu. Elle y parvient avec l’homme qu’elle épousera et leur fils, et tous les trois rencontrent maints obstacles sur la route qui les mènera vers les États-Unis. Après l’euphorie trop brève du rêve, Elena devenue Helen se retrouve nez à nez avec une réalité froide à laquelle elle ne s’était pas préparée. La « distanciation » de son fils unique, la dégradation progressive de l’homme qu’elle aime; son univers semble lui glisser entre les doigts, la poussant à répéter par amour les erreurs de ses parents. À travers les déchirures d’une famille internationale, on observe comment parfois, la vie rapproche les personnes que tout semblait a priori opposer.

Ce roman est un baume sur l’identité meurtrie des sociétés contemporaines. Une histoire qui nous fait voyager de la Bessarabie aux États-Unis en passant par la France, l’Italie et Israël, voyager du pire au meilleur en passant par les larmes et les sourires. Catherine Cusset donne vie à des gens plus vrais que nature et attachants par leurs histoires et leurs différences. Avec Un brillant avenir, on apprend que l’appartenance ne s’acquiert pas avec un titre de propriété, et que la confiance et l’attachement permettent à l’homme d’être chez lui partout.

Anne-Sophie Voyer

Première rencontre officielle.

Mercredi 17 septembre 2008

C’est la première rencontre officielle des 22 participants du Prix Goncourt des Lycéens. Après un cours de chimie, d’histoire ou de philo, on s’isole dans un local de la bibliothèque du collège (quoi de mieux pour parler littérature !), on se scrute, on s’observe, on se présente ! Voici les visages de ceux que nous côtoierons pendant les deux prochains mois. Tous sont enthousiastes, agités et peut-être un peu fébriles à l’idée de se lancer dans ce marathon de lecture. L’implication commence maintenant : on se répartit les tâches, il faut s’organiser si on veut que l’aventure se poursuive ! Créer le blog, trouver un parrain journaliste, chercher des fonds et tenir les archives : chacun s’implique comme il le peut, dans la sphère qui lui convient. Un travail littéraire s’impose, nous devons établir des critères d’évaluation des romans et nous familiariser avec les auteurs. La frénésie est palpable quand on prononce les mots « Paris », « Rennes », « valises », et aussi « Rolin », « Pluyette » et « Cusset ». Certains ont déjà entamé les lectures (ils s’échappent, ont hâte de s’exprimer), d’autres cherchent à s’emparer des livres… Chose certaine, les univers de ces trois auteurs nous habiteront pour la semaine à venir…
Il faudra attendre au mercredi 24 septembre pour débattre, critiquer, louanger ou condamner. Au programme lors de cette prochaine rencontre : nos impressions sur les trois premiers romans.
Tranquillement, on prend ses aises dans ce tourbillon de littérature.
À suivre…
Florence Paquin-Malette

Cliquez sur ce lien pour accéder au compte rendu formel de la rencontre.

mardi 23 septembre 2008

La naissance du Goncourt

La naissance du Goncourt

Le prix Goncourt est un prix d'excellence décerné chaque année, et ce, depuis 1903, au « meilleur ouvrage d’imagination en prose, paru dans l’année ». Ainsi, à chaque édition, les dix membres de l’Académie Goncourt se réunissent pour pouvoir désigner l’heureux gagnant du prix qui reçoit une somme symbolique de 7,50 euros, mais aussi la promesse d’un succès certain pour son livre, d’une gloire et d'une renommée qui ne peuvent être négligés.

En 1874, après la mort de Jules Huot de Goncourt, son frère, Edmond rédige un testament qui fait d’Alphonse Daudet et de Léon Hennique ses légataires officiels. Ils auront pour mission de créer une société littéraire qui perpétue l’atmosphère régnant dans les salons littéraires et qui rende hommage à la pensée des frères Goncourt. Trois règles d’or devaient déterminer si l’œuvre d’un auteur pouvait prétendre à cette récompense qui deviendra vite prestigieuse : premièrement l’œuvre se doit d’être originale, deuxièmement elle doit être parue dans l’année et, troisièmement, il est obligatoire qu’elle soit écrite en langue française, aucune traduction n’est autorisée. Lors de la première réunion, qui a eu lieu le 13 décembre 1903 au restaurant Champaux, les dix académiciens ont remis le premier prix à Antoine Nau pour son livre Force ennemie.

En 1988, l’idée d’un professeur de lettres rennais, qui avait suggéré à ses classes de lire une partie des romans de la sélection Goncourt, fut reprise par la Fnac et l’Action culturelle du Rectorat de l’Académie de Rennes. C’est ainsi que naquit le Prix Goncourt des Lycéens. L’objectif de cette initiative était de rehausser la popularité de la lecture chez les jeunes et de récompenser les efforts d’un écrivain qui se serait démarqué. La première édition obtint un succès immédiat. En quelques années, la participation explosa et le Goncourt des Lycéens eut une renommée nationale.
[paragraphe]
Aujourd’hui, tous les niveaux de classes, toutes les séries et tous les types de lycées peuvent participer au Goncourt des Lycéens. Aucun préalable n’est demandé, si ce n’est l’amour de la lecture.

Le Prix Goncourt des lycéens revêt une importance spéciale aux yeux des auteurs principalement parce qu’il vient des étudiants qui sont, en fait, les lecteurs de demain, mais aussi parce que contrairement au jury de l’Académie, ils portent un tout autre regard sur le livre : sans contrainte et sans a priori.

Le Goncourt des lycéens n’est pas seulement un marathon de lecture, il est aussi un stimulant éducatif. L’idée de pouvoir décerner un prix revêtant une importance significative aux yeux de l’auteur choisi oblige les jeunes à développer leur sens critique. Ils sont tenus de peser le pour et le contre en se basant sur des critères qu’ils doivent eux-mêmes établir avec l’aide de leur professeur. Cependant le Goncourt des lycéens n’est pas simplement bénéfique dans le cadre scolaire, il est aussi un stimulant de la lecture familiale. Les jeunes ne se sentent pas seulement obligés de lire pour leur programme scolaire, mais cultivent aussi la lecture pour le plaisir, plaisir qu’ils font partager.

Cette année, pour l’édition 2008 du prix Goncourt des lycéens prés de 2000 étudiants, issus de 56 différentes classes de France, mais aussi du Québec et du Maroc, participeront activement à cet événement et décerneront une nouvelle fois ce prestigieux titre à l’auteur qui aura conquis leur cœur.


Assirem Amal Boumati et Stéphanie Déborah Jules

mercredi 17 septembre 2008

Réunion d'information.

Mercredi 10 septembre

Le prix Goncourt des lycéens suscite un grand intérêt parmi les étudiants du collège de Bois-de-Boulogne ! En effet, sur les cinquante et un qui ont répondu par courriel aux sollicitations, vingt-huit se sont présentés à la réunion d’information. Nous étions tous ravis d’accueillir Céline Bengle, de la Direction des études et des Services aux étudiants, qui fera partie du cercle de lecture. D’autres personnes nous rejoindront au fil des rencontres : Michel-André Hottote, professeur d’histoire de l’art et organisateur du voyage en France, ainsi que des professeurs de français et d’autres disciplines.

L’enthousiasme des étudiants est évident dès le début de la réunion. Ils sont prêts à se lancer dans cette aventure : un vrai marathon de lecture (15 romans, 5 146 pages en une cinquantaine de jours !), une épreuve d’endurance dont nous sortirons tous essoufflés, sans aucun doute, mais vainqueurs, ex æquo, forts d’une expérience enrichissante et inoubliable.
La présentation du prix Goncourt et les motifs qui président à la naissance du Goncourt des lycéens sont volontairement passés sous silence : cette recherche constitue en effet le premier travail que les jurés auront à faire, et le résultat servira d’introduction au blogue dans lequel sera présenté le journal de bord. À cette présentation s’ajoutera une brève biographie des auteurs qui apparaissent sur la liste de cette année, liste que vous trouverez ici Le Goncourt des lycéens sélection 2008.

Une partie de la réunion est dévolue à la présentation de l’organisation mise en place pour le bon déroulement de l’événement : la date limite d’inscription, la constitution de petites équipes, la rotation des livres, la création du blogue et la tenue du journal de bord, les rencontres du cercle de lecture, le voyage en France, etc. Si vous voulez avoir plus de précisions sur ces différents aspects, cliquez ici Information pour avoir accès au compte rendu de la rencontre.

Il est ensuite question de l’influence du prix. Les étudiants participants vont devenir les jurés d’un prix important qui assure des ventes considérables à l’auteur qui le reçoit. Le simple fait d’être sur la liste Goncourt augmente la visibilité des romans : les retombées pécuniaires et publicitaires sont appréciables pour tous les auteurs en lice. L’attribution du Goncourt des lycéens implique, de la part des jurés, la prise de conscience des avantages matériels évidents qui peuvent en découler. Mais le Prix assure aussi (surtout ?) au récipiendaire une place de choix dans le champ littéraire en lui amenant de nombreux lecteurs et en attirant sur lui l’attention de ses pairs.

Les auteurs qui ont reçu le Goncourt des lycéens lui accordent une place particulière dans leur coeur. Dans une entrevue qu’il accorde à Marc Cassivi (La Presse du 6 septembre 2008) Philippe Claudel, lauréat l’année dernière pour Le Rapport de Brodeck, le qualifie de vrai prix et avoue que le Goncourt des lycéens l’a plus touché que le Renaudot.

Pour agir comme jurés, il faut donc établir des critères qui permettront d’éliminer 12 oeuvres pour n’en retenir que 3, et finalement ne couronner qu’un seul roman. Et on parle enfin de littérature : que doit posséder une oeuvre pour se mériter un tel prix ? Quelques éléments ressortent après discussion : l’oeuvre doit être accessible aux jeunes, traiter de sujets intemporels, susciter un vrai plaisir de lecture, être vraisemblable (au sens littéraire du terme), etc., et, bien sûr, l’auteur doit posséder un style propre; autant de critères qui seront discutés, contestés, approuvés, modifiés, balayés au fil des rencontres du cercle de lecture...
La prochaine rencontre a lieu le 17 septembre. Nous saurons alors combien d’étudiants de Bois-de-Boulogne participeront à cette course extraordinaire. Ce bref résumé de notre première rencontre constitue ma seule participation au journal de bord : je vous cède la parole !

Nicole Garet