vendredi 26 septembre 2008

Étrangère chez soi.

Les remous que la Deuxième Guerre mondiale a laissés derrière elle se font sentir dans le roman Un brillant avenir de Catherine Cusset. On y raconte la vie d’Elena, jeune orpheline de Bessarabie que la vie n’a pas épargnée, recueillie par son oncle et sa tante, qui lutte pour se faire une place dans sa Roumanie d’adoption. Au fil des pages, on découvre une jeune fille prometteuse et entêtée qui ne désire que partir loin de la tyrannique Roumanie communiste de Ceausescu. Elle y parvient avec l’homme qu’elle épousera et leur fils, et tous les trois rencontrent maints obstacles sur la route qui les mènera vers les États-Unis. Après l’euphorie trop brève du rêve, Elena devenue Helen se retrouve nez à nez avec une réalité froide à laquelle elle ne s’était pas préparée. La « distanciation » de son fils unique, la dégradation progressive de l’homme qu’elle aime; son univers semble lui glisser entre les doigts, la poussant à répéter par amour les erreurs de ses parents. À travers les déchirures d’une famille internationale, on observe comment parfois, la vie rapproche les personnes que tout semblait a priori opposer.

Ce roman est un baume sur l’identité meurtrie des sociétés contemporaines. Une histoire qui nous fait voyager de la Bessarabie aux États-Unis en passant par la France, l’Italie et Israël, voyager du pire au meilleur en passant par les larmes et les sourires. Catherine Cusset donne vie à des gens plus vrais que nature et attachants par leurs histoires et leurs différences. Avec Un brillant avenir, on apprend que l’appartenance ne s’acquiert pas avec un titre de propriété, et que la confiance et l’attachement permettent à l’homme d’être chez lui partout.

Anne-Sophie Voyer

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