Il fait froid, vraiment très froid. À la pluie battante, le vent dans le capuchon, nous attendons l’autobus qui, évidemment n’arrive pas. Nous devons nous diriger vers la librairie Monet où l’avant dernière rencontre est organisée. Parents et amis sont invités à y assister. Nous arrivons enfin! Après un petit détour par IGA où nous soupons (vive la bouffe!), nous rejoignons nos collègues à la librairie. La salle se remplit tranquillement, beaucoup de parents sont au rendez-vous de même que quelques amis et des membres du personnel de la bibliothèque. Est-il nécessaire de préciser que M. Barbe, notre cher parrain, brille encore et toujours par son absence? Au menu du jour cette semaine : Le silence de Mahomet de Salim Bachi et Là où les tigres sont chez eux de Jean-Marie Blas de Roblès.
Des commentaires majoritairement négatifs ressortent de la conversation sur Le silence de Mahomet. La retenue de l’auteur, les personnages froids et l’accumulation de noms arabes difficiles à prononcer et à retenir dérangent. Certains lecteurs ont eu l’impression d’avoir été soumis à un cours de religion poussé, une école du dimanche où l’on ne comprendrait pas vraiment la leçon. La chronologie difficile à suivre ainsi que la succession d’anecdotes et de faits sans liens rendent l’histoire redondante et compliquée. Un glossaire est bien placé au début du roman, mais certains termes manquent, et cela ne facilite pas la compréhension du récit. Le personnage de Mahomet est présenté comme un homme ordinaire, sans grand intérêt, alors que nous nous attendions à un personnage charismatique, influent. Bref, une lecture plutôt décevante, car contrairement à nos attentes, nous n’avons qu’effleuré la culture musulmane, alors que nous aurions grandement apprécié en savoir davantage sur ce monde qui est totalement inconnu pour la plupart d’entre nous.
Une délicieuse surprise nous attend avec le roman de Blas de Roblès. Si on excepte les esperluettes qui ont déconcentré Gregory, le roman a été très apprécié par le groupe. Le personnage d’Eléazar capte notre attention, les différents univers qui s’entrecroisent nous intriguent, la découverte de la culture sud-américaine nous enchante, bref, ce roman est un parfait dosage d’humour, d’aventure, d’érudition et de passion, ce qui rend sa lecture extrêmement agréable.
Nous nous attaquons maintenant à un exercice difficile, puisque nous devons faire ressortir les aspects positifs et négatifs de certains romans afin de nous préparer aux délibérations qui auront lieu en France.
La sensibilité de l’écriture à caractère théâtral de Pierre de patience nous séduit. La parole libérée et libératrice donnée à une femme musulmane nous surprend et nous séduit à la fois, puisqu’en bout de ligne, cette dernière exprime des émotions et des réflexions universelles. Certaines anecdotes insérées à travers le roman accentuent la touche orientale tandis que la présence de l’humour dans la tragédie réussit, très brièvement, à détendre l’atmosphère. La guerre vécue au quotidien par les personnages bouleverse les lecteurs. Certains d’entre nous (Simon surtout) n’ont toutefois pas apprécié ce roman, dont l’écriture leur a semblé froide. De plus, la finale nous laisse sur notre faim : est-ce une métaphore ? faut-il la prendre au pied de la lettre ? a-t-on suivi la femme dans sa folie ? mais il s’agit là d’un argument qui peut se transformer facilement de positif à négatif.
Les avis sont partagés en ce qui concerne Une éducation libertine. La qualité de l’écriture est reconnue à l’unanimité, mais alors que certains jurés sont impressionnés par la richesse du vocabulaire, la profusion des figures de style, particulièrement des oxymores, d’autres affirment plutôt qu’il y a surenchère de métaphores, alourdissant ainsi la lecture du roman. L’évolution psychologique du personnage, le rythme lent et le niveau de langage impressionnent. Néanmoins, les réflexions longues et la densité du roman finissent par décourager. De plus, le déterminisme qui pèse lourdement sur le personnage finit par franchement nous taper sur les nerfs. Mais en bout de ligne, le clin d’œil permanent de l’auteur nous plait. Est-ce une grande œuvre ? Une relecture s’impose avant de trancher, mais il est évident que ce roman est à découvrir. Là-dessus, tout le monde semble, pour une fois, être d’accord.
Le thème de la paternité traité avec brio par Fournier dans Où on va papa? a séduit l’ensemble du groupe (moins une jurée). Le style simple et spontané, le côté provocateur ainsi que le naturel de l’auteur qui s’attaque à un sujet tabou donnent à ce roman un ton bien particulier. Fournier n’y va pas de main morte lorsqu’il s’attaque à la société, jouant avec le lecteur en lui faisant découvrir son quotidien avec deux enfants lourdement handicapés.
Finalement, La Beauté du monde nous impressionne par la qualité de ses descriptions qui nous entraînent autant dans les années folles de New York qu’au cœur du Kenya. Malheureusement, le regard contemporain des personnages contraste avec l’époque de l’histoire. L’écriture plutôt conventionnelle comporte des longueurs et la fin est plutôt décevante. Un roman agréable, sans plus.
La réunion se termine, la fatigue se ressent parmi les participants. Avant de partir, Mme Garet nous distribue le journal du Goncourt des Lycéens que Marthe Francœur, responsable de la bibliothèque, vient de lui apporter. Elle distribue aussi des formulaires pour ceux d’entre nous qui partent à Paris. La dernière réunion officielle aura lieu mercredi prochain, le 29 octobre. L’aventure tire à sa fin. Même si la hâte de voyage est bien présente, une certaine nostalgie m’envahit…
Alexandra Saucan
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