Le jeudi 13 novembre (la dernière journée, mais non la moindre)
Comme convenu la veille, aujourd’hui, ce sera le musée de l’histoire de Paris : le musée Carnavalet. Lever énergique, déjeuner nourrissant, regard vif, carte d’étudiant et plan de Paris au poing, nous comptons sur cette journée pour clore avec succès notre séjour dans la capitale française.
Suite à une agréable marche dans les rues et une traversée guillerette de l’Île-Saint-Louis, le musée Carnavalet nous salue et nous ouvre gratuitement ses portes. Ouvrons une parenthèse sur ce qu’en dit le petit Larousse illustré : « Carnavalet, musée historique de la Ville de Paris, au Marais. Il occupe l’ancien hôtel Carnavalet des XVIe et XVIIe siècle et d’autres bâtiments qui lui ont été adjoints. Les collections comprennent des reconstitutions d’intérieurs parisiens, des peintures, documents graphiques et objets. Important fonds de l’époque révolutionnaire; souvenirs de Mme de Sévigné, qui y habita. »
Après une telle description, il va sans dire que nous avions sous-estimé le musée en planifiant n’y consacrer que deux heures… En effet, c’est au pas de course (la crinière au vent pour certaines) que nous avons traversé près de 1000 ans d’histoire. Pourtant, notre incroyable mémoire-éponge, développée par plus d’une semaine à arpenter les musées, nous a permis d’en retenir des bribes.
Nous sommes maintenant à même de distinguer haut-relief, bas-relief et rond-de-bosse par exemple. Nous avons aussi parfaitement en tête la ville de Paris telle qu’elle se présentait au Moyen Âge et nous comprenons maintenant pourquoi les Français ont eu mille fois raison de se révolter contre l’opulence démesurée des monarques et des aristocrates au XVIIIe siècle. J’ajouterais même que c’est dans ce musée que j’ai appris à lire correctement les panneaux présentant les objets (et les peintures!) exposés.
Après l’exaltante visite, direction la rue du Bourg-Tibourg pour calmer nos estomacs affamés. En fait, plusieurs se sentent « faiblots » et votent pour une soupe à l’oignon. Après quelques grognements, un consensus se fait pour aller manger au Feriol, restaurant espagnol (!) présentant un menu pour tous les goûts et tous les appétits.
Fromage fondu et quelques croûtons plus tard, on se laisse pour l’après-midi. La plupart se dirigent vers les magasins pour leurs achats de dernière minute, d’autres vagabondent à la recherche de chocolat ou de crêpes, d’autres encore n’en n’ont pas eu assez avec le Carnavalet : il leur faut un autre musée. C’est mon cas, car j’aurais été très déçue de quitter Paris sans avoir vu le musée exposant les œuvres de Pablo Picasso. J’y passe donc une partie de l’après-midi avec ma mère qui est elle aussi à Paris pour un court laps de temps.
15h30 : il est l’heure de rentrer à l’hôtel pour ensuite repartir vers la FNAC. Nous devons y rencontrer personnellement Catherine Cusset. Monsieur Hottote et Mme Gariépy ne viennent pas, mais nous nous donnons rendez-vous à une bouche de métro qui, aux dires de Michel-André, est facilement reconnaissable. Soit, nous nous séparons donc. Arrivés à la FNAC, nous réalisons que Catherine Cusset ne nous sera pas présentée officiellement, contrairement à ce qui était prévu (légère déception pour certains). Nous attendons quand même avec impatience la conférence de presse qui nous la fera connaître.
Catherine Cusset nous apparaît comme quelqu’un d’enjoué, rigolo et plutôt sympathique. Se qualifiant elle-même de narcissique, elle nous surprend tous en avouant qu’elle avait d’abord écrit l’histoire de Marie (la belle-fille de du personnage principal d’Un brillant avenir), mais qu’on lui avait fortement conseillé de consacrer ses énergies sur Elena. « Dans le roman, c’est moi Marie, s’exclame Catherine Cusset, et ça a été extrêmement difficile de couper autant dans ma propre histoire ! »
Tendance verbo-motrice de l’auteure et séance de signatures obligent, nous quittons la FNAC avec beaucoup de retard au programme. C’est donc d’un pas militaire que nous courons vers le point de rendez-vous. Malheureusement, saint Hottote ne veillant pas sur nous ce soir, les dieux sont contre nous. Après moult pirouettes et contre–salto (« T’es sûre ? C’est par là ?), nous nous extirpons du métro et trouvons tant bien que mal notre chemin en direction de cette fameuse « porte Berger » qu’aucun Parisien ne connaît par son petit nom.
Évidemment, le retard d’une heure a été plus que suffisant pour que nous manquions le rendez-vous avec Michel-André et Chantal. Appel à l’hôtel, tour d’horizon dans les cafés du coin… Ils finissent par apparaître (un peu bleus) et nous amènent au restaurant l’Entrecôte. Personne n’ose revenir sur le léger incident du retard, et c’est tant mieux comme ça : qui voudrait être responsable de tensions lors de notre dernière soirée ?
À l’entrée du restaurant, le garçon nous propose d’aller au sous-sol, pour profiter de plus d’espace. J’entends encore Meggie : « Un autre sous-sol ? Jamais deux sans trois, moi, je ne le trust pas ! ». Aussitôt attablé, chacun commande son repas. C’est à cause de l’entrée d’Anne-Sophie et de celle de maman Joanne (qui nous a accompagnés du musée Picasso jusqu’ici) que des doutes commencent à planer. En effet, elles réagissent bizarrement à la coriace vinaigrette qui inonde leur salade fanée : picotement et enflure des lèvres... La soupe de poisson déçoit, mais sans plus, nous attendons avec impatience les plats. Enfin, les assiettes principales. Quelle tristesse de voir arriver le saumon béarnaise accompagné d’une sauce figée, gélatineuse type Knorr, et de frites à moitié cuites ! Quelle frustration de devoir renvoyer quatre assiettes parce que leur contenu est froid ! Non, décidément, le restaurant l’Entrecôte n’aura pas d’étoile Michelin, pas la moindre petite fourchette dans le moindre petit guide...
Terminant nos plats, discutant de la médiocrité du restaurant, je tourne innocemment mon regard vers l’assiette de ma mère et aperçoit, ô surprise, la jolie tête d’une ravissante chenille (?) verte qui termine courageusement l’ascension du restant de saumon. Les cris de panique de Florence et la colère de Mme Garet suffisent à attirer l’attention sur notre groupe. Le sympathique gérant, après toutes nos plaintes, consent à venir nous voir à notre table, mais sans jamais admettre la pertinence de nos commentaires. Il fera tout de même cadeau de son repas à ma mère et le groupe payera onze repas sur douze.
Tout de même, quelle rigolade ! Nous avons ri jusqu’à nous en faire exploser la rate ce soir-là ! Le retour à l’hôtel se fait rapidement, demain nous devons nous lever tôt. Rêverons-nous de limaces géantes prenant d’assaut les murs de Paris ?
Le vendredi 14 novembre 2008 : départ pour Montréal
Lever à l’aube pour tous : le départ de l’hôtel s’effectuera à 6h30 précises. Les yeux petits comme des raisins sec (!), nous grignotons pour la dernière fois les pains briochés et les croissants de l’hôtel le Clément.
Avec une pointe de nostalgie, nous chargeons les bagages dans l’autobus à l’heure dite et partons vers l’aéroport Charles-de-Gaulle. Adieu Paris ! ou plutôt : À la prochaine ! quartier Saint-Germain, butte Montmartre, Île-Saint-Louis et j’en passe! Même le « périph » nous semble, à ce point-ci du voyage, d’une beauté particulière.
À l’aéroport, à la pesée des bagages, chacun attend avec anxiété le verdict : ma valise est-elle ou n’est-elle pas trop lourde ? Tout le monde y va de ses spéculations et Gregory est déclaré grand gagnant : son bagage est définitivement le moins lourd.
L’avion décollant avec une heure de retard sur l’horaire, nous nous occupons comme nous pouvons, qui au magasin hors-taxes, qui en replongeant dans ses études scolaires, qui en dormant. L’appel des voyageurs finit par se faire entendre et nous embrassons du regard une dernière fois le sol qui nous a accueillis ces derniers dix jours.
Nous avons donc quitté la France la tête pleine de culture, le cœur rempli de souvenirs (et les valises combles de chocolat !) avec l’espoir d’y revenir bientôt.
Anabel Cossette-Civitella
mardi 2 décembre 2008
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