Quelques années après Tout sur mon frère (Grasset, 2004), un livre sur l’effet pervers de l’autofiction, Karine Tuil replonge dans son sujet de prédilection avec La Domination (Grasset, 2008). En lice pour le Goncourt de 2008, ce roman raconte l’histoire de la narratrice, une écrivaine qui doit écrire un livre sur son père, et qui, pour ce faire, se place dans la peau d’un fils imaginaire, Adam Lansky. Bien que la prémisse (voire la promesse) de La domination soit de raconter la vie de Jacques Lansky, antisémite féroce et homme volage, l’histoire de cet homme ne compose que quelques extraits qui entrecoupent le corps du roman, où l’écrivaine s’adresse à « vous », son éditeur, avec qui elle entretient une liaison à la limite du sadomasochisme. Le titre prend tout son sens alors que l’on découvre la relation entre l’éditeur et Jacques Lansky, ce qui donne lieu à des implications franchement dérangeantes à propos de la relation de l’auteure et de l’éditeur.
À travers les relations éditeur/écrivain et les aventures du père, c’est toute la raison qui pousse les hommes d’un certain âge vers les femmes plus jeunes que Karine Tuil tente d’explorer et d’expliquer. Sont aussi fortement présents le thème de la recherche du père dans l’amant et celui de l’antisémitisme.
Notons au passage le talent particulier de Karine Tuil de façonner des personnages laids, méprisables et pathétiques qui tentent de retrouver un brin de dignité humaine et d’honneur. Il convient aussi de féliciter l’auteure pour la finale percutante du roman, qui vaut à elle seule l’aventure de la lecture.
Gregory Sternthal-Ouimet
dimanche 5 octobre 2008
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