Avant de partir en voyage, j’avais déjà entendu dire que les Français accordaient une très grande importance à leur histoire; cependant je ne pouvais m’imaginer que l’immersion débutait aussi tôt.
Dans tous les musées que nous avons visités, sans exception, il y avait des jeunes accompagnés de professeurs qui leur expliquaient les œuvres et les sensibilisaient à l’art. C’est au musée de Cluny et après une discussion avec Mme Garet que j’ai vraiment compris que c’était tout à fait normal en France.
La journée de notre visite, des enfants d’environ trois ans vivaient la même expérience que nous dans ce musée formidable du Moyen Âge. Plusieurs d’entre eux avaient un biberon ou leur « doudou’ » ; certains étaient installés en cercle, avec leur mère, et je pense des éducatrices. D’autres marchaient en admirant l’exposition ou étaient portés par un adulte. Jamais nous n’avons entendu des cris ou des pleurs. Ils savaient déjà se comporter convenablement dans les lieux comme celui-là.
En France, pour tenter de diminuer l’écart entre les enfants de divers milieux sociaux, le système scolaire et les garderies font beaucoup de sorties culturelles. De ce fait, les enfants ont la même base d’éducation, la même chance ainsi de pouvoir peut être accéder plus tard à la fac de leur choix. Les moins bien nantis ne seront pas ignorants, et les mieux nantis ne seront pas les seuls cultivés.
Ici à Montréal, l’épicerie est un lieu mouvementé… et dans les musées on entend souvent les adultes essayant de contrôler les jeunes : « ne touche pas à ça, reste ici, parle moins fort, ne cours pas », etc. Je suis heureuse d’avoir vu qu’ailleurs, c’était différent. Je me suis dit aussi qu’ils étaient chanceux comparativement à certains enfants de quartiers défavorisés de Montréal et d’ailleurs qui n’ont pas encore, selon moi, cette opportunité.
Meggie-Laurence Vincent
samedi 29 novembre 2008
Choc! La surprise culinaire
La France, c’est beau. Il y a le Louvre qui regorge d’œuvres d’art magnifiques, il y a le musée d’Orsay qui est splendide en lui-même, sans compter toutes les superbes avenues, les monuments imposants et l’architecture remarquable. Donc, la France c’est beau, mais surtout, c’est bon, c’est délicieux ! Que dis-je, c’est délicieux… la France, c’est porter le plaisir de manger à son paroxysme ! Ah ciel, si vous saviez les délices que nous avons mangés ! À vous raconter cela, j’ai les papilles gustatives qui s’agitent encore en soupirant. Le premier souper a été comme une révélation je dois l’avouer. Canard confit aux cerises comme plat principal et moelleux aux poires en dessert. Tout simplement divin. Le paradis en bouche. Et c’est là que j’ai goûté pour la première fois à de la tarte Tatin et à encore d’autres assortiments variés de sucre, de farine, de crème, de fruits, de chocolat qui, combinés ensembles, donnent les plus exquis et ravissants desserts. C’était tellement bon ! J’ai commencé à attendre avec délectation le repas du soir. Le menu était en français, pourtant, nous n’y comprenions rien. Heureusement, nos accompagnateurs étaient de fins connaisseurs et nous nous sommes la plupart du temps régalés. J’ai bien dit la plupart du temps… Mais ma vie venait de changer. J’ai commencé à parler desserts, à lire desserts, à rêver desserts. Je venais de découvrir ce que signifiait réellement le plaisir de se sustenter. Je suis donc arrivée au Canada avec un livre de recettes acheté outre-atlantique (mon nouveau livre de chevet) afin de pouvoir à nouveau goûter à de la crème brûlée, du canard, des sandwichs au fromage de chèvre, de la terrine de campagne, de l’agneau, du fondant au chocolat, du cabillaud, du fromage bleu, des baguettes de pain moelleuses, des macarons multicolores, des choux à la crème, de la soupe à l’oignon gratinée, des escargots, des milles-feuilles, des chocolats fourrés à toutes sortes de préparations et encore mille et une petites choses délicieuses qui pourront continuer à me ravir. En espérant seulement que j’arrête de tout faire brûler…
Janie Deschênes
Janie Deschênes
Choc! Montréal – Paris : qwerty – azerty
Quand Québécois et Français se rencontrent, la première erreur qu’ils font, c’est de comparer…..pour ensuite juger ! On compare tout : ses expressions, son pain, sa voiture, ses fringues, ses fleuves et ses idoles. « Ah ! Ils sont comme ça vos fils électriques, EN FRANCE, ils sont sous les trottoirs !» et de répondre «Oui mais, AU QUÉBEC, les chanteuses ont, comment dire, plus de voix !». Il est important de se rappeler que mis à part la langue, Français et Québécois ont très peu en commun au niveau culturel. Alors attention à ces jugements spontanés. Pour comprendre nos différences, il faut se souvenir… Faisons l’exercice aujourd’hui.
« Je me souviens » des premières nations, avant l’arrivée des Européens. Puis de cette Nouvelle-France, il y a de cela 400 ans. Je me souviens de la conquête britannique de 1760, de l’Acte constitutionnel de 1791 et de la fédération canadienne en 1867. Je me souviens de la Révolution tranquille, de l’immigration, de la Crise d’octobre en 1970 et des référendums. « Gens du pays, c’est votre tour, de vous laisser parler d’amour » !
Je ne me souviens pas des hommes préhistoriques, 2 millions d’années, ça fait beaucoup. Par contre, je me souviens de la Gaule romaine, 2000 ans, ça va, et des invasions barbares. Du Moyen-âge, de la guerre de Cent Ans et de la Peste noire. Je me souviens de la Renaissance, « Liberté, Égalité, Fraternité », scandait le peuple sous la Révolution en 1789, je me souviens des colonies, « Allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé » !
Oui, deux histoires bien différentes, deux continents, deux climats, deux monnaies, deux drapeaux distincts. Oui, deux on-ne-sait-pas-trop-quoi pas pareils, mais une vie qui continue, sur une planète qu’on partage. Alors vivement ces rencontres interculturelles, qui nous sortent de notre nombrilisme.
Florence Paquin-Malette
« Je me souviens » des premières nations, avant l’arrivée des Européens. Puis de cette Nouvelle-France, il y a de cela 400 ans. Je me souviens de la conquête britannique de 1760, de l’Acte constitutionnel de 1791 et de la fédération canadienne en 1867. Je me souviens de la Révolution tranquille, de l’immigration, de la Crise d’octobre en 1970 et des référendums. « Gens du pays, c’est votre tour, de vous laisser parler d’amour » !
Je ne me souviens pas des hommes préhistoriques, 2 millions d’années, ça fait beaucoup. Par contre, je me souviens de la Gaule romaine, 2000 ans, ça va, et des invasions barbares. Du Moyen-âge, de la guerre de Cent Ans et de la Peste noire. Je me souviens de la Renaissance, « Liberté, Égalité, Fraternité », scandait le peuple sous la Révolution en 1789, je me souviens des colonies, « Allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé » !
Oui, deux histoires bien différentes, deux continents, deux climats, deux monnaies, deux drapeaux distincts. Oui, deux on-ne-sait-pas-trop-quoi pas pareils, mais une vie qui continue, sur une planète qu’on partage. Alors vivement ces rencontres interculturelles, qui nous sortent de notre nombrilisme.
Florence Paquin-Malette
Choc! L'air pollué de Paris
Lorsque j’ai reçu les dépliants que l’O.F.Q.J. nous avait envoyés pour notre voyage, j’étais en extase! La tour Eiffel, les Champs-Élysées, Notre-Dame-de-Paris, le musée d’Orsay, tant d’endroits à visiter, une magnifique ville à découvrir! Évidemment, ce que les guides ne mentionnaient pas, c’était la pollution omniprésente dans la ville.
Cette réalité n’aurait pourtant pas dû me surprendre. Paris est une grande ville, une bonne partie de la population se déplace en automobile, les bouchons de circulation abondent aux heures de pointe. Mais il y avait autre chose. Je me suis alors mise à observer autour de moi et je me suis rendu compte que ce qui avait d’abord frappé mes narines (et mes poumons par la même occasion), ce n’était pas seulement l’odeur de la pollution, mais plutôt celle de la cigarette. Partout dans Paris on fumait : sur les trottoirs, aux arrêts d’autobus, sur les terrasses chauffées. Jeunes et moins jeunes (mais surtout jeunes) menaient leur train-train quotidien cigarette à la main, accessoire apparemment indispensable dans cette métropole.
J’ai constaté le même phénomène à deux reprises lorsque j’ai été invitée à des soirées organisées par le neveu de madame Garet. Un peu auberge espagnole, l’appartement était bondé d’amis de Julien et de ses colocataires. Des gens extrêmement sympathiques, cultivés, intéressants, venant de différentes régions ou même de différents pays avec qui j’ai conversé pendant quelques heures, mais qui, malheureusement, fumaient clope sur clope, paquet après paquet. N’en pouvant plus, le premier soir je me suis approchée de la fenêtre et je l’ai ouverte toute grande afin d’y prendre une bonne bouffée… d’air pollué de Paris ! En rentrant à l’hôtel ce soir-là, je me suis demandé comment ces jeunes adultes, pourtant bien éduqués quant aux effets néfastes de la cigarette, pouvaient continuer tout de même à ruiner leur santé. J’en suis venue à la conclusion que, malgré les avertissements, les Parisiens ne sont pas suffisamment sensibilisés sur les conséquences qu’entraîne une consommation excessive de cigarettes, et encore moins sur celles qu’entraîne la fumée secondaire.
Paris est une ville magnifique et je comprends aujourd’hui pourquoi on la surnomme, à juste titre, la Ville lumière. Dommage qu’elle soit également la ville de la cigarette…
Alexandra Saucan
Cette réalité n’aurait pourtant pas dû me surprendre. Paris est une grande ville, une bonne partie de la population se déplace en automobile, les bouchons de circulation abondent aux heures de pointe. Mais il y avait autre chose. Je me suis alors mise à observer autour de moi et je me suis rendu compte que ce qui avait d’abord frappé mes narines (et mes poumons par la même occasion), ce n’était pas seulement l’odeur de la pollution, mais plutôt celle de la cigarette. Partout dans Paris on fumait : sur les trottoirs, aux arrêts d’autobus, sur les terrasses chauffées. Jeunes et moins jeunes (mais surtout jeunes) menaient leur train-train quotidien cigarette à la main, accessoire apparemment indispensable dans cette métropole.
J’ai constaté le même phénomène à deux reprises lorsque j’ai été invitée à des soirées organisées par le neveu de madame Garet. Un peu auberge espagnole, l’appartement était bondé d’amis de Julien et de ses colocataires. Des gens extrêmement sympathiques, cultivés, intéressants, venant de différentes régions ou même de différents pays avec qui j’ai conversé pendant quelques heures, mais qui, malheureusement, fumaient clope sur clope, paquet après paquet. N’en pouvant plus, le premier soir je me suis approchée de la fenêtre et je l’ai ouverte toute grande afin d’y prendre une bonne bouffée… d’air pollué de Paris ! En rentrant à l’hôtel ce soir-là, je me suis demandé comment ces jeunes adultes, pourtant bien éduqués quant aux effets néfastes de la cigarette, pouvaient continuer tout de même à ruiner leur santé. J’en suis venue à la conclusion que, malgré les avertissements, les Parisiens ne sont pas suffisamment sensibilisés sur les conséquences qu’entraîne une consommation excessive de cigarettes, et encore moins sur celles qu’entraîne la fumée secondaire.
Paris est une ville magnifique et je comprends aujourd’hui pourquoi on la surnomme, à juste titre, la Ville lumière. Dommage qu’elle soit également la ville de la cigarette…
Alexandra Saucan
lundi 24 novembre 2008
Choc! Le regard des autres
Ce qui étonne le plus en voyage (et la réflexion s’applique que vous alliez en France ou au Burkina Faso), c’est le regard que l’on porte sur vous, l’étranger.
Alors que vous allez en voyage pour voir les splendeurs que vantent les guides touristiques, le résident du pays visité, lui, vous trouve si chanceux de provenir d’où vous venez!
«Tu viens de Montréal? Super!
-Qu’aimes-tu de Montréal?
-Mais c’est une ville quasiment souterraine, c’est génial!
-Ah oui? Ma ville est souterraine?»
De plus, alors que vous croyez débarquer au pays des merveilles (et que, subitement, votre pays d’origine baisse dans votre estime), on vous rassure aussitôt en soulignant les points forts, mais aussi les points faibles de la contrée d’accueil.
Discuter avec les gens permet en effet de démystifier et de rendre réel le sol que vous foulez. « Ne vous bercez pas d’illusions, vous dit-on, ici aussi on vit la même chose! » En résulte ainsi une meilleure acceptation de ce que vous êtes et de l’endroit d’où vous venez.
En définitive, voyager permet de découvrir à la fois le pays étranger et les lieux que vous côtoyiez depuis toujours…
Anabel Cossette Civitella
Alors que vous allez en voyage pour voir les splendeurs que vantent les guides touristiques, le résident du pays visité, lui, vous trouve si chanceux de provenir d’où vous venez!
«Tu viens de Montréal? Super!
-Qu’aimes-tu de Montréal?
-Mais c’est une ville quasiment souterraine, c’est génial!
-Ah oui? Ma ville est souterraine?»
De plus, alors que vous croyez débarquer au pays des merveilles (et que, subitement, votre pays d’origine baisse dans votre estime), on vous rassure aussitôt en soulignant les points forts, mais aussi les points faibles de la contrée d’accueil.
Discuter avec les gens permet en effet de démystifier et de rendre réel le sol que vous foulez. « Ne vous bercez pas d’illusions, vous dit-on, ici aussi on vit la même chose! » En résulte ainsi une meilleure acceptation de ce que vous êtes et de l’endroit d’où vous venez.
En définitive, voyager permet de découvrir à la fois le pays étranger et les lieux que vous côtoyiez depuis toujours…
Anabel Cossette Civitella
vendredi 21 novembre 2008
Choc! Les jeunes parisiens...
Oh, mon Dieu, Seigneur ! Nous y sommes enfin. Après des dizaines d’heures de lecture, après avoir travaillé d’arrache-pied non seulement pour le Prix Goncourt des Lycéens mais aussi dans toutes les autres matières en vue de ne pas mettre en danger notre session, nous y sommes enfin. Paris, prends garde à toi ! les collégiens de Bois-de-Boulogne arrivent!
Sitôt débarquée de l’avion, je ne peux m’empêcher de commencer à zieuter les Parisiens. Quelle classe ils ont ! L’hiver parisien, plus doux, semble permettre à ces jeunes hommes de revêtir d’élégants manteaux de laine qui s’agencent à merveille avec leur écharpe colorée. Ici, l’« habit de neige » tel qu’on le connaît n’a pas sa place. Pas un seul anorak sport en vue ! Mes yeux se régalent…
Je ne sais pas si c’est l’exaltation du voyage ou le charme des Parisiens qui me fait autant d’effet, mais je ne peux m’empêcher d’admirer le look fort chic des hommes de la ville. La fashionista en moi se réveille, et je m’émerveille devant tant de classe. Polos rayés, vestons bien coupés, jeans foncés, tout s’agence dans un savant amalgame qui, à première vue, peut même paraître négligé. En effet, si les hommes sont bien vêtus, ils ne semblent pas s’en préoccuper outre_mesure, et c’est ce qui ajoute au charme européen. Ils possèdent cette grâce naturelle qui me fait totalement succomber, ce petit je-ne-sais-quoi qui fait en sorte que peu importe ce qu’ils portent, ils le font avec classe.
Ravie, j’observe tout au long du voyage avec un plaisir renouvelé le style des Parisiens. De la tête aux pieds, je décortique l’agencement effectué, le sourire aux lèvres. De la tête aux pieds, en effet, car l’homme ici semble se trouver devant un plus grand éventail de chaussures qu’en Amérique, tel que j’ai pu l’observer lors de mes séances de lèche-vitrine. Fan de souliers, j’en ai profité pour jeter un coup d’œil au rayon des hommes. Alors que notre côté de l’océan, les femmes se trouvent bien souvent généralement devant un choix assez impressionnant, l’homme est souvent en reste lorsque vient le temps de trouver chaussure à son pied. Ce n’est pas le cas à Paris, et on peut très certainement faire le lien entre le vaste choix en magasin et le look très classe des Parisiens.
À peine de retour depuis quelques jours, et déjà je m’ennuie du style sophistiqué des Parisiens. À quand le prochain voyage?
Marianne Deschênes
Sitôt débarquée de l’avion, je ne peux m’empêcher de commencer à zieuter les Parisiens. Quelle classe ils ont ! L’hiver parisien, plus doux, semble permettre à ces jeunes hommes de revêtir d’élégants manteaux de laine qui s’agencent à merveille avec leur écharpe colorée. Ici, l’« habit de neige » tel qu’on le connaît n’a pas sa place. Pas un seul anorak sport en vue ! Mes yeux se régalent…
Je ne sais pas si c’est l’exaltation du voyage ou le charme des Parisiens qui me fait autant d’effet, mais je ne peux m’empêcher d’admirer le look fort chic des hommes de la ville. La fashionista en moi se réveille, et je m’émerveille devant tant de classe. Polos rayés, vestons bien coupés, jeans foncés, tout s’agence dans un savant amalgame qui, à première vue, peut même paraître négligé. En effet, si les hommes sont bien vêtus, ils ne semblent pas s’en préoccuper outre_mesure, et c’est ce qui ajoute au charme européen. Ils possèdent cette grâce naturelle qui me fait totalement succomber, ce petit je-ne-sais-quoi qui fait en sorte que peu importe ce qu’ils portent, ils le font avec classe.
Ravie, j’observe tout au long du voyage avec un plaisir renouvelé le style des Parisiens. De la tête aux pieds, je décortique l’agencement effectué, le sourire aux lèvres. De la tête aux pieds, en effet, car l’homme ici semble se trouver devant un plus grand éventail de chaussures qu’en Amérique, tel que j’ai pu l’observer lors de mes séances de lèche-vitrine. Fan de souliers, j’en ai profité pour jeter un coup d’œil au rayon des hommes. Alors que notre côté de l’océan, les femmes se trouvent bien souvent généralement devant un choix assez impressionnant, l’homme est souvent en reste lorsque vient le temps de trouver chaussure à son pied. Ce n’est pas le cas à Paris, et on peut très certainement faire le lien entre le vaste choix en magasin et le look très classe des Parisiens.
À peine de retour depuis quelques jours, et déjà je m’ennuie du style sophistiqué des Parisiens. À quand le prochain voyage?
Marianne Deschênes
Choc! Les gens sont toujours pressés à Paris!
Les gens disent que les Occidentaux, surtout les Nord-Américains, ne savent pas profiter de la vie et vivent au pas de course. Malgré ça, en toute bonne Nord-Américaine que je suis, j’ai été particulièrement étonnée de voir à quel point les gens semblent pressés à Paris. Il y a quelques années, j’avais fait un voyage en Europe (Sud de la France et Espagne) et il m’avait alors semblé que nous avions beaucoup à apprendre de nos cousins méditerranéens pour ralentir notre rythme de vie effréné. Les Espagnols font la siesta et les provençaux ont une approche si «zen» de la vie que ça m’avait fait envie. Laissez-moi vous raconter ma surprise quand j’ai vu que c’était tout le contraire à Paris !
À Paris, on ne marche pas, on court. De la voiture à l’immeuble, de RER au métro, du métro au bato-bus… Bref, on court tout le temps, bousculant au passage les pauvres touristes (ça, c’est nous) qui essaient de s’y retrouver dans les dédales du métro parisien. Les gens sont pressés, même les jeunes enfants trottinent à un pas excessivement plus rapide que le nôtre à côté de leurs parents. Les femmes marchent, ou plutôt courent sur des talons aiguilles, et ne trébuchent pas ; on court en dévalant les innombrables escaliers des métros, des rues, et ce, en parlant sur son portable, en lisant son journal ou en farfouillant dans son sac à main. C’est très impressionnant, et en même temps, tellement triste ! Moi qui croyais que la vie «en accéléré» avait atteint son paroxysme chez les cégépiens canadiens.
Plus encore, les gens pressés ne regardent pas devant, mais dans le vide, comme s’ils étaient absorbés dans une bulle qui les coupait des gens autour. Peut-être est-ce la jeune banlieusarde en moi qui s’étonne, mais par chez nous, même si on ne se connaît pas personnellement, quand on marche sur le trottoir et que l’on croise quelqu’un, on le salue, ou du moins on le gratifie d’un sourire même si c’est par pure politesse. Ne vous y attendez pas à Paris ! J’ai souris à une dame sur le trottoir du boulevard St-Michel, et elle m’a dévisagée comme si je venais de Mars. Non, madame, juste de Châteauguay.
Finalement, avec tous ces gens pressés qui foulent les trottoirs parisiens, on ne s’étonne pas que pour se rendre du point A au point B, à Paris, peu importe le point de départ ou d’arrivée, ça ne prenne que vingt minutes !
Anne-Sophie Voyer
À Paris, on ne marche pas, on court. De la voiture à l’immeuble, de RER au métro, du métro au bato-bus… Bref, on court tout le temps, bousculant au passage les pauvres touristes (ça, c’est nous) qui essaient de s’y retrouver dans les dédales du métro parisien. Les gens sont pressés, même les jeunes enfants trottinent à un pas excessivement plus rapide que le nôtre à côté de leurs parents. Les femmes marchent, ou plutôt courent sur des talons aiguilles, et ne trébuchent pas ; on court en dévalant les innombrables escaliers des métros, des rues, et ce, en parlant sur son portable, en lisant son journal ou en farfouillant dans son sac à main. C’est très impressionnant, et en même temps, tellement triste ! Moi qui croyais que la vie «en accéléré» avait atteint son paroxysme chez les cégépiens canadiens.
Plus encore, les gens pressés ne regardent pas devant, mais dans le vide, comme s’ils étaient absorbés dans une bulle qui les coupait des gens autour. Peut-être est-ce la jeune banlieusarde en moi qui s’étonne, mais par chez nous, même si on ne se connaît pas personnellement, quand on marche sur le trottoir et que l’on croise quelqu’un, on le salue, ou du moins on le gratifie d’un sourire même si c’est par pure politesse. Ne vous y attendez pas à Paris ! J’ai souris à une dame sur le trottoir du boulevard St-Michel, et elle m’a dévisagée comme si je venais de Mars. Non, madame, juste de Châteauguay.
Finalement, avec tous ces gens pressés qui foulent les trottoirs parisiens, on ne s’étonne pas que pour se rendre du point A au point B, à Paris, peu importe le point de départ ou d’arrivée, ça ne prenne que vingt minutes !
Anne-Sophie Voyer
Choc! L'éducation
À première vue, Paris semble très près de l’idée que je m’en étais fait. En effet, après avoir visité la ville à travers maintes lectures et grâce à un voyage antérieur, je l’avais imaginée de manière assez conforme à la réalité. Certes, le paysage urbain est pittoresque, et l’architecture impressionnante, mais je m’y attendais un peu. Je savais d’ores et déjà que Paris était une ville d’une grande beauté, et c’est avec plaisir que je me perds dans les rues de la capitale.
Le choc culturel qui m’attendait ne viendra que plus tard. Ayant la chance de côtoyer d’« authentiques » Français, j’en profite pour discuter politique et éducation avec eux. Ils m’expliquent patiemment le système gouvernemental français et me renseignent sur la vision de l’éducation du pays. Que de différences ! J’écoute avec attention, tente de comprendre le point de vue des Français quant à la politique et à l’éducation.
L’éducation semble être une priorité en France, et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu’un enfant dont les parents ne paieraient pas les frais universitaires alors qu’ils en ont les moyens pourrait poursuivre ceux-ci ! Par ailleurs, le gouvernement accorde diverses subventions selon la situation familiales des étudiants afin de leur permettre d’accéder à la fac. Les étudiants en fac n’ont donc pas à travailler afin d’acquitter leurs frais scolaires, et peuvent se concentrer sur leurs études. On accorde une place de choix à l’éducation, et si j’ai bien saisi, il est plus aisé pour des étudiants de divers milieux sociaux de poursuivre leurs études supérieures quand ils ont obtenu de bons résultats avant.
C’est donc un choc pour moi de découvrir tous ces faits. Bien entendu, nous sommes privilégiés au Québec de pouvoir accéder à l’université à moindre coût si on compare nos frais universitaires avec ceux d’autres pays tels les États-Unis, mais j’ai l’impression que nous prenons ce droit à l’éducation comme étant acquis, alors qu’en France l’histoire fait en sorte qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Ce n’est qu’une hypothèse, et peu importe la raison pour laquelle notre vision de l’éducation diffère, je crois que notre système d’éducation gagnerait à s’inspirer du système français.
« Savoir, c’est pouvoir », et je crois que c’est en donnant la chance au plus grand nombre de gens d’accéder à une éducation supérieure que la France parvient à concrétiser sa devise : « Liberté, Fraternité et Égalité ».
Marianne Deschênes
Le choc culturel qui m’attendait ne viendra que plus tard. Ayant la chance de côtoyer d’« authentiques » Français, j’en profite pour discuter politique et éducation avec eux. Ils m’expliquent patiemment le système gouvernemental français et me renseignent sur la vision de l’éducation du pays. Que de différences ! J’écoute avec attention, tente de comprendre le point de vue des Français quant à la politique et à l’éducation.
L’éducation semble être une priorité en France, et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu’un enfant dont les parents ne paieraient pas les frais universitaires alors qu’ils en ont les moyens pourrait poursuivre ceux-ci ! Par ailleurs, le gouvernement accorde diverses subventions selon la situation familiales des étudiants afin de leur permettre d’accéder à la fac. Les étudiants en fac n’ont donc pas à travailler afin d’acquitter leurs frais scolaires, et peuvent se concentrer sur leurs études. On accorde une place de choix à l’éducation, et si j’ai bien saisi, il est plus aisé pour des étudiants de divers milieux sociaux de poursuivre leurs études supérieures quand ils ont obtenu de bons résultats avant.
C’est donc un choc pour moi de découvrir tous ces faits. Bien entendu, nous sommes privilégiés au Québec de pouvoir accéder à l’université à moindre coût si on compare nos frais universitaires avec ceux d’autres pays tels les États-Unis, mais j’ai l’impression que nous prenons ce droit à l’éducation comme étant acquis, alors qu’en France l’histoire fait en sorte qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Ce n’est qu’une hypothèse, et peu importe la raison pour laquelle notre vision de l’éducation diffère, je crois que notre système d’éducation gagnerait à s’inspirer du système français.
« Savoir, c’est pouvoir », et je crois que c’est en donnant la chance au plus grand nombre de gens d’accéder à une éducation supérieure que la France parvient à concrétiser sa devise : « Liberté, Fraternité et Égalité ».
Marianne Deschênes
Choc! Tous les chemins mènent à Rome
Quand je cours, c’est rare que je m’attarde aux cartes géographiques pour me situer. Je préfère y aller d’instinct, même si je n’ai pas un très bon sens de l’orientation. À Montréal, c’est impossible de se perdre, car la ville est rectangulaire, c’est-à-dire que les rues sont soit perpendiculaires soit parallèles. En Nouvelle-Zélande, j’habitais à la campagne et il n’y avait que deux grandes routes; donc, encore une fois, c’était impossible de se perdre. À Brisbane, en Australie, j’avoue que je me suis perdue en faisant un jogging matinal alors que la ville est presque aussi rectiligne que Montréal. J’avais oublié de prendre en note l’adresse de l’endroit où je demeurais... Heureusement, j’avais le numéro de téléphone. Or, à Paris, choc, les rues vont dans tous les sens ! N’essayez pas d’aller vers le nord en prenant qu’une seule rue, car elles vont plutôt vers le nord-est, le nord-ouest; bref, partout ailleurs qu’en ligne droite vers le nord. À la sortie du métro, on devait toujours se réorienter à l’aide d’une carte, surtout quand M. Hottote n’était pas avec nous. À la fin d’une longue journée épuisante, où la patience et l’énergie commençaient à manquer, on était content de rencontrer d’aimables Parisiens, qui semblent bien assumer la complexité de leur ville, pour nous indiquer le chemin. Enfin, c’est sans surprise que je me suis perdue le matin où je suis allée courir. Les bons côtés : on a découvert des ruelles plus jolies que les artères commerciales et tous les chemins nous ont menés à destination.
Visite matinale de Rennes
Mercredi 12 novembre 2008
J’aurais pu rester couchée ce matin-là, pour une fois qu’on en avait la chance ! J’aurais aussi pu étudier, mais non. J’ai préféré m’évader et, pourquoi pas, découvrir Rennes, la ville mère de la Bretagne et des crêperies.
Alors, après un petit tour à la Chope avec Anne-Sophie et Mme Garet, après un bon « p’tit dèj’ »et après m’être équipée du nécessaire pour une balade réussie (une caméra, un ipod, une bouteille d’eau et un sourire), je suis partie, décidée de profiter au maximum de ce moment de liberté. Ma première découverte… la cité judiciaire. C’est énorme, impressionnant, mais pas vraiment l’endroit idéal pour flâner. Je suis retournée sur mes pas et, par hasard, je suis arrivée au canal. C’est à ce moment que j’ai sorti la caméra pour ne plus la serrer.
D’abord, clic, j’ai remarqué un pêcheur et son fils qui installaient non pas une canne à pêche, mais une dizaine de cannes à pêche. Puis, j’ai aperçu la Chapelle de Saint-Yves, une œuvre gothique, évidemment (!). Ornée de belles grandes plantes à l’entrée; elle m’a charmée, clic. Je suis entrée, j’ai éteint ma musique et je me suis assise dans le silence, le temps de réaliser l’expérience que je vivais grâce au prix Goncourt des lycéens.
Je ne m’y suis pas attardée trop longtemps : la prière, ce n’est pas mon truc. Mon truc, c’est ce que j’ai vu sur la carte de la ville, un beau grand espace vert. Alors, j’ai commencé à me diriger vers le parc Thabor en passant par des ruelles, clic, aux odeurs de crêpes et… de savon ! Tout le contraire des odeurs d’urine de Paris ! Saviez-vous qu’à Rennes, ils nettoient le pavé ? À un moment, j’ai dû me coller à un mur de pierres, les orteils vers le ciel, en équilibre sur les talons, afin d’éviter les jets d’eau savonneuse que me lançait le lave-pavé sur quatre roues. Ils devraient mettre des affiches « Nettoyage en cours » pour nous avertir.
Bon, toujours en route vers le fameux parc, j’ai croisé de grands édifices à l’architecture superbee comme l’Hôtel de ville à la façade encore fleurie, clic, le Palais de St-Georges et son jardin de palmiers (en pots), clic, et le Palais des commerces qui est tout simplement gigantesque, clic. J’aurais voulu voir l’Opéra, apparemment magnifique, mais je commençais à manquer de temps et je tenais davantage à aller m’oxygéner au parc Thabor.
Un parc, c’est fantastique! On en retrouve dans tous les pays du monde et, comme ils sont accessibles à tous, toutes les générations s’y rencontrent, et c’est précisément ce que j’ai aimé observer au parc Thabor. Une grand-maman qui tient la main de sa petite fille, clic, des écoliers, des coureurs, des jardiniers, des chiens heureux d’avoir leur propre aménagement; bref, le quotidien des Bretons qui, contrairement à ce que Darwin avait relevé, ressemble beaucoup au notre.
Enfin, sur le chemin du retour, je suis passée par les petites boutiques, mais comme c’était encore tôt, presque tout était fermé. Quand je suis arrivée à l’hôtel, on s’est empressé de me dire que j’avais manqué l’entrevue avec le journaliste français. Bien. Moi, j’ai passé deux superbes heures de marche et je pourrai dire que j’ai réellement vu Rennes. D’ailleurs, si, pour une prochaine visite, on me donnait le choix entre Paris et Rennes, je choisirais Rennes d’emblée.
Caroline St-Pierre
J’aurais pu rester couchée ce matin-là, pour une fois qu’on en avait la chance ! J’aurais aussi pu étudier, mais non. J’ai préféré m’évader et, pourquoi pas, découvrir Rennes, la ville mère de la Bretagne et des crêperies.
Alors, après un petit tour à la Chope avec Anne-Sophie et Mme Garet, après un bon « p’tit dèj’ »et après m’être équipée du nécessaire pour une balade réussie (une caméra, un ipod, une bouteille d’eau et un sourire), je suis partie, décidée de profiter au maximum de ce moment de liberté. Ma première découverte… la cité judiciaire. C’est énorme, impressionnant, mais pas vraiment l’endroit idéal pour flâner. Je suis retournée sur mes pas et, par hasard, je suis arrivée au canal. C’est à ce moment que j’ai sorti la caméra pour ne plus la serrer.
D’abord, clic, j’ai remarqué un pêcheur et son fils qui installaient non pas une canne à pêche, mais une dizaine de cannes à pêche. Puis, j’ai aperçu la Chapelle de Saint-Yves, une œuvre gothique, évidemment (!). Ornée de belles grandes plantes à l’entrée; elle m’a charmée, clic. Je suis entrée, j’ai éteint ma musique et je me suis assise dans le silence, le temps de réaliser l’expérience que je vivais grâce au prix Goncourt des lycéens.
Je ne m’y suis pas attardée trop longtemps : la prière, ce n’est pas mon truc. Mon truc, c’est ce que j’ai vu sur la carte de la ville, un beau grand espace vert. Alors, j’ai commencé à me diriger vers le parc Thabor en passant par des ruelles, clic, aux odeurs de crêpes et… de savon ! Tout le contraire des odeurs d’urine de Paris ! Saviez-vous qu’à Rennes, ils nettoient le pavé ? À un moment, j’ai dû me coller à un mur de pierres, les orteils vers le ciel, en équilibre sur les talons, afin d’éviter les jets d’eau savonneuse que me lançait le lave-pavé sur quatre roues. Ils devraient mettre des affiches « Nettoyage en cours » pour nous avertir.
Bon, toujours en route vers le fameux parc, j’ai croisé de grands édifices à l’architecture superbee comme l’Hôtel de ville à la façade encore fleurie, clic, le Palais de St-Georges et son jardin de palmiers (en pots), clic, et le Palais des commerces qui est tout simplement gigantesque, clic. J’aurais voulu voir l’Opéra, apparemment magnifique, mais je commençais à manquer de temps et je tenais davantage à aller m’oxygéner au parc Thabor.
Un parc, c’est fantastique! On en retrouve dans tous les pays du monde et, comme ils sont accessibles à tous, toutes les générations s’y rencontrent, et c’est précisément ce que j’ai aimé observer au parc Thabor. Une grand-maman qui tient la main de sa petite fille, clic, des écoliers, des coureurs, des jardiniers, des chiens heureux d’avoir leur propre aménagement; bref, le quotidien des Bretons qui, contrairement à ce que Darwin avait relevé, ressemble beaucoup au notre.
Enfin, sur le chemin du retour, je suis passée par les petites boutiques, mais comme c’était encore tôt, presque tout était fermé. Quand je suis arrivée à l’hôtel, on s’est empressé de me dire que j’avais manqué l’entrevue avec le journaliste français. Bien. Moi, j’ai passé deux superbes heures de marche et je pourrai dire que j’ai réellement vu Rennes. D’ailleurs, si, pour une prochaine visite, on me donnait le choix entre Paris et Rennes, je choisirais Rennes d’emblée.
Caroline St-Pierre
C'était notre terre
Pour comprendre ce récit, j’ai fait une brève recherche historique. L’Algérie, colonie française depuis 1830, a obtenu son indépendance en 1962 après une guerre qui a fait plus d’un million de morts et pendant laquelle ont été commises des atrocités inimaginables. Cela me laisse croire que ce récit aurait pu être vrai s’il n’était pas présenté comme un roman. C’est plausible.
J’ai aimé la façon dont l’auteur a structuré son roman. À chaque chapitre, il nous place carrément dans la tête d’un personnage. Il nous donne ses impressions, ses émotions, ses aspirations, ses ambivalences, etc. Cela permet de dresser le portrait psychologique de chacun d’eux. Cela permet aussi de les différencier de façon claire, nette et précise. C’est du grand art que de pouvoir faire ressentir le personnage à ce point; c’est sans doute l’apanage du monologue intérieur.
Sur un plan plus sociologique, l’auteur réussit à nous démontrer comment la haine engendre la haine, le mépris engendre le mépris. Il nous démontre comment la colonisation se fait au détriment des peuples autochtones. Il nous démontre aussi comment le racisme conduit aux pires perversions. Il nous démontre encore comment l’appropriation de la richesse engendre la peur de perdre, entraine à rationaliser sa supériorité et à s’activer à détruire la menace. Notre Dieu est meilleur que le tien. Nous savons travailler la terre. Vous ne savez pas, vous êtes fainéants. Notre civilisation est meilleure que la vôtre, etc. Ces comportements sont tellement ancrés au plus profond des individus que les deux filles, Marie-Claire et Claudia, près de 50 ans plus tard, à la fin de leur vie, adoptent la même attitude, les mêmes certitudes de leur supériorité, de racisme et de mépris à l’égard de leur aide ménagère. L’auteur en arrive à nous démontrer que le racisme peut se rationnaliser mais qu’il ne se raisonne pas. Encore ici, c’est du grand art : jamais de thèse pour la démonstration, seulement le regard forcément biaisé qu’un personnage pose sur les faits.
En résumé, disons que l’auteur a une connaissance pointue de la psychologie humaine et de la sociologie du colonialisme. Sa plume est d’une finesse et d’une force qui nous fait tressaillir tout au long du roman. Bien qu’il soit très dur, c’est un beau livre.
Anne-Sophie St-Pierre-Clément
J’ai aimé la façon dont l’auteur a structuré son roman. À chaque chapitre, il nous place carrément dans la tête d’un personnage. Il nous donne ses impressions, ses émotions, ses aspirations, ses ambivalences, etc. Cela permet de dresser le portrait psychologique de chacun d’eux. Cela permet aussi de les différencier de façon claire, nette et précise. C’est du grand art que de pouvoir faire ressentir le personnage à ce point; c’est sans doute l’apanage du monologue intérieur.
Sur un plan plus sociologique, l’auteur réussit à nous démontrer comment la haine engendre la haine, le mépris engendre le mépris. Il nous démontre comment la colonisation se fait au détriment des peuples autochtones. Il nous démontre aussi comment le racisme conduit aux pires perversions. Il nous démontre encore comment l’appropriation de la richesse engendre la peur de perdre, entraine à rationaliser sa supériorité et à s’activer à détruire la menace. Notre Dieu est meilleur que le tien. Nous savons travailler la terre. Vous ne savez pas, vous êtes fainéants. Notre civilisation est meilleure que la vôtre, etc. Ces comportements sont tellement ancrés au plus profond des individus que les deux filles, Marie-Claire et Claudia, près de 50 ans plus tard, à la fin de leur vie, adoptent la même attitude, les mêmes certitudes de leur supériorité, de racisme et de mépris à l’égard de leur aide ménagère. L’auteur en arrive à nous démontrer que le racisme peut se rationnaliser mais qu’il ne se raisonne pas. Encore ici, c’est du grand art : jamais de thèse pour la démonstration, seulement le regard forcément biaisé qu’un personnage pose sur les faits.
En résumé, disons que l’auteur a une connaissance pointue de la psychologie humaine et de la sociologie du colonialisme. Sa plume est d’une finesse et d’une force qui nous fait tressaillir tout au long du roman. Bien qu’il soit très dur, c’est un beau livre.
Anne-Sophie St-Pierre-Clément
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Critiques du jury
C'était notre terre
Le livre de Mathieu Belezi se présente comme une chronique à la fois de la famille Saint-André, propriétaire du domaine agricole de Montaigne, au village de Cassagne et, en toile de fond, de l’Algérie durant la décennie qui précéda l’indépendance.
Les personnages représentent bien les acteurs qui ont marqué cette période troublée et marquante de l’histoire de l’Algérie et de la France. Du côté des colons , on retrouve celles et ceux qui sont durs avec leurs ouvriers et employés indigènes qu’ils n’admettent que comme des serviteurs soumis et corvéables (Henri, Ernest, Hortense), celui qui est conscient de l’injustice flagrante faite aux indigènes et qui n’hésite pas à se sacrifier pour leur cause (Antoine), celle qui ne s’est jamais sentie à l’aise dans ce pays ni d’ailleurs dans son corps et qui, ressentant un profond malaise, finit par entrer au couvent (Marie-Claire), et plusieurs seconds rôles tenants de l’ordre colonial (l’abbé Blondel, divers propriétaires de domaines coloniaux, des militaires, etc.). De l’autre côté, on retrouve la grande masse miséreuse des Algériens indigènes qui sont les bêtes de somme ayant permis aux colons de transformer des terres sauvages en vastes domaines florissants. De Fatima, l’ancienne prostituée devenue femme de ménage dévouée jusqu’à la fin à sa patronne qui pourtant ne la ménage guère, à Kaddour, l’ouvrier agricole exploité qui finit par rejoindre le parti de la révolte contre l’ordre colonial, en passant par Bouzina, le tenancier de bordel opportuniste de la dernière heure, qui annonce le sort qui sera réservé à l’Algérie.
Prenant tour à tour la parole à travers la plume de l’auteur, six personnages livrent leur histoire et permettent ainsi d’écrire une version humaine et plus accessible des multiples désordres qui ont marqués la fin de l’ordre colonial en Algérie. On assiste ainsi à la désagrégation d’une famille de colons, celle des Saint-André, dont les membres sont soit exilés en France, soit morts dans la lutte sanglante qui a marqué cette période ou encore, comme Ernest, mort victime de ses propres abus. C’est aussi la fin d’un village ou d’une certaine vie du village de Cassagne qui, à l’indépendance, est rebaptisé. C’est enfin la fin d’un ordre colonial qui n’avait aucune chance de perdurer (symbolisé par le refus d’Hortense de quitter « sa » terre), car le fossé entre les communautés était grand.
Page après page j’ai été envoutée par le style de l’écriture qui m’a surprise et enchantée. L’auteur omet de mettre des points et des majuscules par moment, mais en gardant les respirations imposées par la ponctuation habituelle, ce qui le rend le rythme très original. On peut difficilement cesser la lecture : l’absence de point crée une accélération qui rend la pause problématique…
Bref, j’ai énormément apprécié la lecture de ce roman, car pour une fois, j’ai pu avoir un petit aperçu de la colonisation française en Algérie vue aussi par les colons. Ce livre est chargé en émotions à chaque page et m’a énormément marquée.
Assirem Boumati
Les personnages représentent bien les acteurs qui ont marqué cette période troublée et marquante de l’histoire de l’Algérie et de la France. Du côté des colons , on retrouve celles et ceux qui sont durs avec leurs ouvriers et employés indigènes qu’ils n’admettent que comme des serviteurs soumis et corvéables (Henri, Ernest, Hortense), celui qui est conscient de l’injustice flagrante faite aux indigènes et qui n’hésite pas à se sacrifier pour leur cause (Antoine), celle qui ne s’est jamais sentie à l’aise dans ce pays ni d’ailleurs dans son corps et qui, ressentant un profond malaise, finit par entrer au couvent (Marie-Claire), et plusieurs seconds rôles tenants de l’ordre colonial (l’abbé Blondel, divers propriétaires de domaines coloniaux, des militaires, etc.). De l’autre côté, on retrouve la grande masse miséreuse des Algériens indigènes qui sont les bêtes de somme ayant permis aux colons de transformer des terres sauvages en vastes domaines florissants. De Fatima, l’ancienne prostituée devenue femme de ménage dévouée jusqu’à la fin à sa patronne qui pourtant ne la ménage guère, à Kaddour, l’ouvrier agricole exploité qui finit par rejoindre le parti de la révolte contre l’ordre colonial, en passant par Bouzina, le tenancier de bordel opportuniste de la dernière heure, qui annonce le sort qui sera réservé à l’Algérie.
Prenant tour à tour la parole à travers la plume de l’auteur, six personnages livrent leur histoire et permettent ainsi d’écrire une version humaine et plus accessible des multiples désordres qui ont marqués la fin de l’ordre colonial en Algérie. On assiste ainsi à la désagrégation d’une famille de colons, celle des Saint-André, dont les membres sont soit exilés en France, soit morts dans la lutte sanglante qui a marqué cette période ou encore, comme Ernest, mort victime de ses propres abus. C’est aussi la fin d’un village ou d’une certaine vie du village de Cassagne qui, à l’indépendance, est rebaptisé. C’est enfin la fin d’un ordre colonial qui n’avait aucune chance de perdurer (symbolisé par le refus d’Hortense de quitter « sa » terre), car le fossé entre les communautés était grand.
Page après page j’ai été envoutée par le style de l’écriture qui m’a surprise et enchantée. L’auteur omet de mettre des points et des majuscules par moment, mais en gardant les respirations imposées par la ponctuation habituelle, ce qui le rend le rythme très original. On peut difficilement cesser la lecture : l’absence de point crée une accélération qui rend la pause problématique…
Bref, j’ai énormément apprécié la lecture de ce roman, car pour une fois, j’ai pu avoir un petit aperçu de la colonisation française en Algérie vue aussi par les colons. Ce livre est chargé en émotions à chaque page et m’a énormément marquée.
Assirem Boumati
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Critiques du jury
Un petit mot de Claude...
Un petit mot pour vous dire à toutes (pardon, à tous) combien j’ai été ravie de vous connaître. J’ai apprécié de faire partie de votre petit groupe pendant ces quelques jours. Merci pour votre accueil fort sympathique, j’avais un peu peur de tomber comme une chenille dans le potage alors que je me suis sentie tout à fait à l’aise. La gentillesse de vos accompagnateurs ainsi que le fait de voir ma sœur dans des circonstances différentes ont contribué au plaisir de ce petit voyage.
J’espère que la rencontre de mon fils Julien et de ses amis ont été un plus pour certaines d’entre vous et que vous ne vous êtes pas trop « encanaillés »…
Je me souviendrai avec émotion de vous tous avec une mention spéciale pour Meggie qui devrait décidément faire électricité !
Malgré un petit rhume en revenant chez moi, je n’ai pas trouvé d’alcool à friction dans la pharmacie familiale et j’ai bien regretté le sac aux trésors d’Alexandra.
En souhaitant que ce voyage vous laisse des souvenirs plein la tête et pour longtemps, je vous dis au revoir à tous et bonne continuation pour cette année un peu extraordinaire.
Claude
J’espère que la rencontre de mon fils Julien et de ses amis ont été un plus pour certaines d’entre vous et que vous ne vous êtes pas trop « encanaillés »…
Je me souviendrai avec émotion de vous tous avec une mention spéciale pour Meggie qui devrait décidément faire électricité !
Malgré un petit rhume en revenant chez moi, je n’ai pas trouvé d’alcool à friction dans la pharmacie familiale et j’ai bien regretté le sac aux trésors d’Alexandra.
En souhaitant que ce voyage vous laisse des souvenirs plein la tête et pour longtemps, je vous dis au revoir à tous et bonne continuation pour cette année un peu extraordinaire.
Claude
Le retour...
Le mardi 18 novembre 2008
Eh oui, nous sommes rentrés, prêts à replonger dans la routine. Je ne dis pas le train-train, puisque, pour tous ceux qui ont fait le voyage à Paris, la semaine de retour devra être menée à un train d’enfer !
Avant toute chose, je veux vous présenter mes excuses, que vous ayez fait partie du voyage ou que vous soyez restés ici; à tous ceux qui font partie du cercle de lecture, à tous les parents et aux familles des étudiants, à leurs amis, à tous les habitués qui consultent le blogue régulièrement, à tous ceux qui nous suivent et qui nous encouragent depuis le début, je voudrais demander pardon de ne pas avoir tenu ma promesse.
En effet, vous n’avez eu aucune nouvelle de nous (ou si peu) pendant ce voyage, contrairement à ce que j’avais annoncé ! J’en suis désolée, sincèrement désolée. Si j’ai attendu aujourd’hui pour en parler dans ce lieu, c’est que ma colère n’est toujours pas retombée ! Pour faire court, voici ce qui s’est passé.
Je suis partie à Paris avec un ordinateur portatif (6,4 kg avec l’étui…) qui m’aurait, malgré son poids, parfaitement satisfaite s’il m’avait permis de naviguer sur Internet en France et de rester ainsi en contact avec vous. On avait doté l’appareil d’un long fil muni à chaque extrémité de prises du même type que les prises téléphoniques nord-américaines. Seulement voilà, partout où nous sommes allés, c’est le système Wifi qui est utilisé, et mon long fil encombrant était inutilisable. Je ne sais pas si ce type de fil a déjà été utilisé en France; ce que je sais, c’est que, contrairement à ce qu’on m’a affirmé avant de partir, cette technologie est aujourd’hui désuète.
Nous avons donc dû nous rabattre sur l’ordinateur de l’hôtel qui fonctionnait avec des cartes Wifi payantes, ce qui comportait pas mal d’aléas : de nombreux clients voulaient l’utiliser, à commencer par les étudiants, bien sûr; la connexion n’était pas toujours fiable (j’ai perdu ainsi plusieurs messages laborieusement tapés sur un clavier français). Par ailleurs, on aurait dit que l’hôtel avait conçu l’installation la plus inconfortable qui soit pour que personne ne s’attarde ! De plus, le rythme soutenu que nous avons mené du début à la fin du voyage ne nous a pas permis de ménager des pauses dans des cybercafés. Attendez de voir les résumés de chaque journée (pas avant le 28 novembre sur notre blogue), vous comprendrez !
J’espère que vous ne m’en voudrez pas trop. Je suis consciente de vous avoir déçus et, je vous présente, encore une fois, mes excuses les plus sincères.
Je vous remercie de votre compréhension.
Nicole Garet
Eh oui, nous sommes rentrés, prêts à replonger dans la routine. Je ne dis pas le train-train, puisque, pour tous ceux qui ont fait le voyage à Paris, la semaine de retour devra être menée à un train d’enfer !
Avant toute chose, je veux vous présenter mes excuses, que vous ayez fait partie du voyage ou que vous soyez restés ici; à tous ceux qui font partie du cercle de lecture, à tous les parents et aux familles des étudiants, à leurs amis, à tous les habitués qui consultent le blogue régulièrement, à tous ceux qui nous suivent et qui nous encouragent depuis le début, je voudrais demander pardon de ne pas avoir tenu ma promesse.
En effet, vous n’avez eu aucune nouvelle de nous (ou si peu) pendant ce voyage, contrairement à ce que j’avais annoncé ! J’en suis désolée, sincèrement désolée. Si j’ai attendu aujourd’hui pour en parler dans ce lieu, c’est que ma colère n’est toujours pas retombée ! Pour faire court, voici ce qui s’est passé.
Je suis partie à Paris avec un ordinateur portatif (6,4 kg avec l’étui…) qui m’aurait, malgré son poids, parfaitement satisfaite s’il m’avait permis de naviguer sur Internet en France et de rester ainsi en contact avec vous. On avait doté l’appareil d’un long fil muni à chaque extrémité de prises du même type que les prises téléphoniques nord-américaines. Seulement voilà, partout où nous sommes allés, c’est le système Wifi qui est utilisé, et mon long fil encombrant était inutilisable. Je ne sais pas si ce type de fil a déjà été utilisé en France; ce que je sais, c’est que, contrairement à ce qu’on m’a affirmé avant de partir, cette technologie est aujourd’hui désuète.
Nous avons donc dû nous rabattre sur l’ordinateur de l’hôtel qui fonctionnait avec des cartes Wifi payantes, ce qui comportait pas mal d’aléas : de nombreux clients voulaient l’utiliser, à commencer par les étudiants, bien sûr; la connexion n’était pas toujours fiable (j’ai perdu ainsi plusieurs messages laborieusement tapés sur un clavier français). Par ailleurs, on aurait dit que l’hôtel avait conçu l’installation la plus inconfortable qui soit pour que personne ne s’attarde ! De plus, le rythme soutenu que nous avons mené du début à la fin du voyage ne nous a pas permis de ménager des pauses dans des cybercafés. Attendez de voir les résumés de chaque journée (pas avant le 28 novembre sur notre blogue), vous comprendrez !
J’espère que vous ne m’en voudrez pas trop. Je suis consciente de vous avoir déçus et, je vous présente, encore une fois, mes excuses les plus sincères.
Je vous remercie de votre compréhension.
Nicole Garet
mardi 18 novembre 2008
Délibérations finales du Prix Goncourt des Lycéens 2008
Mercredi 12 novembre 2008
Rennes
Le rendez-vous est donné à 9h précises à La Chope, une brasserie de Rennes. Même si les organisateurs ont été assez cléments pour nous permettre une bonne nuit de sommeil après le souper-rencontre de la veille, vous pensez bien que mon sommeil à moi a été quelque peu tourmenté.
Alors que mon réveil était prévu pour 7h30, je suis déjà bien éveillée à 5h30. Les arguments me défilent dans la tête sans arrêt depuis la veille; bref, la fébrilité est au rendez-vous.
Madame Garet, Caroline (l’éclaireuse et la seule qui ait vraiment visité Rennes) et moi-même partons vers la Chope. Nous sommes en avance. Les autres délégués (dix autres filles et seulement deux garçons) arrivent un par un; la tension monte pour tout le monde. Une fois tous les jurés arrivés, nous sommes informés des formalités de la rencontre, de l’attitude à adopter avec les journalistes (ma pression monte en flèche), puis les organisateurs réitèrent les explications sur notre rôle et la manière de le tenir. Ensuite, contre toute attente, ils nous laissent sans supervision directe, et les débats enflammés commencent. D’abord particulièrement troublée, je me rends bien vite compte que si je veux réussir à placer un mot autre que « mais » ou « excusez-moi », je dois passer outre mon malaise et couper la parole aux gens, hausser le ton, bref, aller contre ma nature. Après deux heures de débats épuisants, nous procédons à un vote secret pour notre tiercé gagnant personnel.
Les résultats sont ensuite évalués de la façon suivante : on fait le compte des nominations pour chaque livre, indépendamment de sa position. Les livres ayant obtenus une majorité absolue passent donc à l’étape suivante : le pointage. Chaque première place vaut trois points, chaque seconde place en vaut deux, et chaque troisième place n’en vaut qu’un. Après un calcul exhaustif des points, le tiercé de tête et le roman gagnant ressortent. Il y a alors une vérification (et d’autres argumentations…) pour s’assurer que chacun est d’accord avec le résultat.
Tout le monde est épuisé et bien content du travail accompli, mais il reste une étape cruciale, celle de l’élection du président ou de la présidente de la délégation. Après deux tours, mon nom est retenu, et je reste comme figée, dans un état second, entre l’appréhension et le désir de bien faire. Je récite plusieurs fois le texte de l’annonce pour que l’on commente le débit et la force de ma voix, puis je me fais « brancher » pour le direct. Je voudrais bien aller annoncer à tous mes amis qui m’attendent sagement à l’étage d’en-dessous que j’ai survécu, mais les responsables m’expliquent que ce ne sera pas possible : je vais passer à l’édition de midi du journal télévisé français... J’entends le décompte final du direct dans mon oreille droite où un gentil monsieur me répète de ne pas oublier de respirer (bon point, Monsieur, merci). Je fais l’annonce, je souris aux caméras et aux dizaines d’appareils photo qui m’envoient leurs flashes dans les yeux. Je compte les secondes entre les entrevues que les journalistes réclament et le moment où j’irai rejoindre mon groupe.
S’en suivra la rencontre à la mairie de Rennes, avec journalistes et personnalités diverses (le maire de Rennes, un académicien Goncourt, des représentants de la Fnac et de l’association Bruit de lire, etc.) À cause de ma nomination comme présidente du jury, nous sommes invitées, Mme Garet et moi-même, à rentrer à Paris dans le train de presse. Nous sommes conviées à un apéritif chez Gallimard où a lieu une rencontre avec la lauréate : Catherine Cusset. La rencontre ne s’éternisera pas puisque Catherine Cusset doit, évidemment, passer à l’édition du soir du journal télévisé. Nous la reverrons le lendemain, à la Fnac.
Finalement, une journée riche en rebondissements qui m’a donné, à la fin, la sensation bien réelle d’avoir couru mon premier (et probablement dernier) marathon. Pour les autres, je les laisse à Caroline…
Anne-Sophie Voyer
Rennes
Le rendez-vous est donné à 9h précises à La Chope, une brasserie de Rennes. Même si les organisateurs ont été assez cléments pour nous permettre une bonne nuit de sommeil après le souper-rencontre de la veille, vous pensez bien que mon sommeil à moi a été quelque peu tourmenté.
Alors que mon réveil était prévu pour 7h30, je suis déjà bien éveillée à 5h30. Les arguments me défilent dans la tête sans arrêt depuis la veille; bref, la fébrilité est au rendez-vous.
Madame Garet, Caroline (l’éclaireuse et la seule qui ait vraiment visité Rennes) et moi-même partons vers la Chope. Nous sommes en avance. Les autres délégués (dix autres filles et seulement deux garçons) arrivent un par un; la tension monte pour tout le monde. Une fois tous les jurés arrivés, nous sommes informés des formalités de la rencontre, de l’attitude à adopter avec les journalistes (ma pression monte en flèche), puis les organisateurs réitèrent les explications sur notre rôle et la manière de le tenir. Ensuite, contre toute attente, ils nous laissent sans supervision directe, et les débats enflammés commencent. D’abord particulièrement troublée, je me rends bien vite compte que si je veux réussir à placer un mot autre que « mais » ou « excusez-moi », je dois passer outre mon malaise et couper la parole aux gens, hausser le ton, bref, aller contre ma nature. Après deux heures de débats épuisants, nous procédons à un vote secret pour notre tiercé gagnant personnel.
Les résultats sont ensuite évalués de la façon suivante : on fait le compte des nominations pour chaque livre, indépendamment de sa position. Les livres ayant obtenus une majorité absolue passent donc à l’étape suivante : le pointage. Chaque première place vaut trois points, chaque seconde place en vaut deux, et chaque troisième place n’en vaut qu’un. Après un calcul exhaustif des points, le tiercé de tête et le roman gagnant ressortent. Il y a alors une vérification (et d’autres argumentations…) pour s’assurer que chacun est d’accord avec le résultat.
Tout le monde est épuisé et bien content du travail accompli, mais il reste une étape cruciale, celle de l’élection du président ou de la présidente de la délégation. Après deux tours, mon nom est retenu, et je reste comme figée, dans un état second, entre l’appréhension et le désir de bien faire. Je récite plusieurs fois le texte de l’annonce pour que l’on commente le débit et la force de ma voix, puis je me fais « brancher » pour le direct. Je voudrais bien aller annoncer à tous mes amis qui m’attendent sagement à l’étage d’en-dessous que j’ai survécu, mais les responsables m’expliquent que ce ne sera pas possible : je vais passer à l’édition de midi du journal télévisé français... J’entends le décompte final du direct dans mon oreille droite où un gentil monsieur me répète de ne pas oublier de respirer (bon point, Monsieur, merci). Je fais l’annonce, je souris aux caméras et aux dizaines d’appareils photo qui m’envoient leurs flashes dans les yeux. Je compte les secondes entre les entrevues que les journalistes réclament et le moment où j’irai rejoindre mon groupe.
S’en suivra la rencontre à la mairie de Rennes, avec journalistes et personnalités diverses (le maire de Rennes, un académicien Goncourt, des représentants de la Fnac et de l’association Bruit de lire, etc.) À cause de ma nomination comme présidente du jury, nous sommes invitées, Mme Garet et moi-même, à rentrer à Paris dans le train de presse. Nous sommes conviées à un apéritif chez Gallimard où a lieu une rencontre avec la lauréate : Catherine Cusset. La rencontre ne s’éternisera pas puisque Catherine Cusset doit, évidemment, passer à l’édition du soir du journal télévisé. Nous la reverrons le lendemain, à la Fnac.
Finalement, une journée riche en rebondissements qui m’a donné, à la fin, la sensation bien réelle d’avoir couru mon premier (et probablement dernier) marathon. Pour les autres, je les laisse à Caroline…
Anne-Sophie Voyer
dimanche 16 novembre 2008
C'était notre terre
Le dernier roman de Belezi a tout pour perdre le lecteur, et pourtant…
Avec C’était notre terre, Belezi propose une véritable saga tragique, qui a pour cadre une famille de colons, les Saint-André, propriétaires du domaine algérien de Montaigne, le lieu principal de l’action. Le roman devient le récit de la décolonisation et de ses impacts, en offrant des angles et des points de vue multiples. Cette histoire de l’indépendance algérienne ne se limite pas au début des années soixante : elle fera une courte incursion au XIXe siècle et explorera le sort des Pieds Noirs, jusqu’à nos jours. Six voix nous livrent leur témoignage : Hortense et son mari, Ernest, leurs enfants (Claudia, Marie-Claire et Antoine), et leur servante kabyle, Fatima.
Le roman polyphonique développe plusieurs thèmes contrastants : l’aveuglement et la lucidité, l’aliénation et l’affirmation, la domination et la soumission… Puis il y a des thèmes, dont le versant opposé n’est pas (ou très peu) exposé. Par exemple, la vengeance domine, aucun personnage n’est apaisé par le pardon. De l’ancêtre, Jules, jusqu’aux filles Claudia et Marie-Claire : il y a peu de place pour le pardon, les plaies restent vives, et le lecteur en ressent le malaise, en voit l’engrenage infernal, absurde, inéluctable… Le trouble naît de cette absence d’issue, propre à la tragédie.
Ce n’est pas l’Histoire qui bouleverse, mais les histoires, les destins individuels, le style envoûtant. Pourtant, ce roman semble tout conçu pour perdre le lecteur : six voix narratives, six monologues intérieurs, absence de ponctuation forte (le point final n’apparaît qu’à la fin), multiplication des situations d’énonciation, chronologie non linéaire, etc. Mais la plume élégante de Belezi guide la lecture.
Sur le plan de la structure, le roman se divise en deux grandes parties, que sépare l’unique chapitre attribué à la voix de Fatima. De façon systématique, chaque chapitre commence par une indication de lieu qui indique quel narrateur occupera ce segment : Claudia, la benjamine, parle de Saint-Gabriel (France), puis Hortense parle de Montaigne (Algérie), qui nous apprend la mort de son mari, Ernest et de son fils, Antoine; le troisième chapitre commence par une croix, qui indique que le narrateur est mort au moment de l’énonciation principale, et ce défunt est Ernest ; le quatrième chapitre est le produit de Marie-Claire, l’ainée, de Kernogan (France); le cinquième est laissé au défunt Antoine. Dès la page 95, on reprend cette même séquence, dans le même ordre. À la page 170, l’auteur semble vouloir amorcer un troisième cycle, mais après Claudia et Hortense, on reste à Montaigne, et c’est Fatima qui met fin à ce cycle. Après son discours, plus rien ne sera pareil : l’ordre est bouleversé. Mais, au final, on constate l’équilibre : six chapitres pour Claudia, six chapitres pour Hortense, quatre chapitres pour chacun des autres membres de la famille (Ernest, Marie-Claire et Antoine), et un seul pour Fatima. La place qu’occupe cette dernière voix devrait suffire à donner un statut particulier à la servante. Belezi lui accorde aussi autant de pages qu’il en a réservé à Hortense et à Claudia. Ainsi, ces trois femmes sont les pierres d’assise structurant le roman.
C’était notre terre n’a pourtant remporté aucun prix… Le mystère est grand ! Le dernier Belezi répond pourtant très bien aux critères fixés au départ par les frères Goncourt. Par exemple, sur le plan de l’originalité, tant la structure que le propos sont singuliers et réussis. J’ai bien hâte de lire le Cusset pour découvrir en quoi Un brillant avenir surpasse C’était notre terre sur le plan de l’originalité !
Simon Fortin
Avec C’était notre terre, Belezi propose une véritable saga tragique, qui a pour cadre une famille de colons, les Saint-André, propriétaires du domaine algérien de Montaigne, le lieu principal de l’action. Le roman devient le récit de la décolonisation et de ses impacts, en offrant des angles et des points de vue multiples. Cette histoire de l’indépendance algérienne ne se limite pas au début des années soixante : elle fera une courte incursion au XIXe siècle et explorera le sort des Pieds Noirs, jusqu’à nos jours. Six voix nous livrent leur témoignage : Hortense et son mari, Ernest, leurs enfants (Claudia, Marie-Claire et Antoine), et leur servante kabyle, Fatima.
Le roman polyphonique développe plusieurs thèmes contrastants : l’aveuglement et la lucidité, l’aliénation et l’affirmation, la domination et la soumission… Puis il y a des thèmes, dont le versant opposé n’est pas (ou très peu) exposé. Par exemple, la vengeance domine, aucun personnage n’est apaisé par le pardon. De l’ancêtre, Jules, jusqu’aux filles Claudia et Marie-Claire : il y a peu de place pour le pardon, les plaies restent vives, et le lecteur en ressent le malaise, en voit l’engrenage infernal, absurde, inéluctable… Le trouble naît de cette absence d’issue, propre à la tragédie.
Ce n’est pas l’Histoire qui bouleverse, mais les histoires, les destins individuels, le style envoûtant. Pourtant, ce roman semble tout conçu pour perdre le lecteur : six voix narratives, six monologues intérieurs, absence de ponctuation forte (le point final n’apparaît qu’à la fin), multiplication des situations d’énonciation, chronologie non linéaire, etc. Mais la plume élégante de Belezi guide la lecture.
Sur le plan de la structure, le roman se divise en deux grandes parties, que sépare l’unique chapitre attribué à la voix de Fatima. De façon systématique, chaque chapitre commence par une indication de lieu qui indique quel narrateur occupera ce segment : Claudia, la benjamine, parle de Saint-Gabriel (France), puis Hortense parle de Montaigne (Algérie), qui nous apprend la mort de son mari, Ernest et de son fils, Antoine; le troisième chapitre commence par une croix, qui indique que le narrateur est mort au moment de l’énonciation principale, et ce défunt est Ernest ; le quatrième chapitre est le produit de Marie-Claire, l’ainée, de Kernogan (France); le cinquième est laissé au défunt Antoine. Dès la page 95, on reprend cette même séquence, dans le même ordre. À la page 170, l’auteur semble vouloir amorcer un troisième cycle, mais après Claudia et Hortense, on reste à Montaigne, et c’est Fatima qui met fin à ce cycle. Après son discours, plus rien ne sera pareil : l’ordre est bouleversé. Mais, au final, on constate l’équilibre : six chapitres pour Claudia, six chapitres pour Hortense, quatre chapitres pour chacun des autres membres de la famille (Ernest, Marie-Claire et Antoine), et un seul pour Fatima. La place qu’occupe cette dernière voix devrait suffire à donner un statut particulier à la servante. Belezi lui accorde aussi autant de pages qu’il en a réservé à Hortense et à Claudia. Ainsi, ces trois femmes sont les pierres d’assise structurant le roman.
C’était notre terre n’a pourtant remporté aucun prix… Le mystère est grand ! Le dernier Belezi répond pourtant très bien aux critères fixés au départ par les frères Goncourt. Par exemple, sur le plan de l’originalité, tant la structure que le propos sont singuliers et réussis. J’ai bien hâte de lire le Cusset pour découvrir en quoi Un brillant avenir surpasse C’était notre terre sur le plan de l’originalité !
Simon Fortin
Libellés :
Contributions des professeurs
vendredi 14 novembre 2008
mercredi 12 novembre 2008
Enfin...
Après une matinée de délibérations, la présidente du jury – élève au collège Bois-de-Boulogne de Montréal – a annoncé le nom du 21e lauréat du prix Goncourt des lycéens.
Le prix 2008 a été décerné à :
Catherine Cusset
Un brillant avenir (Gallimard)
Pour en savoir plus
Et ici
Le prix 2008 a été décerné à :
Catherine Cusset
Un brillant avenir (Gallimard)
Pour en savoir plus
Et ici
Libellés :
Journal de bord
mardi 11 novembre 2008
Vendredi 7 novembre 2008
Délibérations pour la sélection du tiercé gagnant pour la région de l’île de France et les lycées étrangers.
Il est 9h et tous les délégués des lycées de la grande région parisienne et ceux des pays étrangers (Québec et Maroc) ainsi que leurs accompagnateurs sont dans un corridor d’une FNAC. Les délégués entrent dans une salle de conférence et prennent leur étiquette d’identification. Un dernier regard vers la porte (les profs sont restés dans le couloir), et on se met au travail. La porte n’est pas encore fermée que tous commencent à discuter de leurs préférences personnelles; après tout, avant de représenter un groupe, on lit pour soi-même. La coordonatrice de la région parisienne, Madame Francine Weiler, fait son entrée, suivie par une représentante de la FNAC des Ternes qui accueille cette première délibération. Le débat peut enfin commencer.
D’abord, on fait un tour de table plus formel où chacun (disons plutôt sept « chacunes » et un seul chacun pour le groupe) doit faire une présentation de lui-même, de son lycée, du mode de fonctionnement et de son année scolaire. On demande les âges… Coup de vieux pour la déléguée québécoise, tous les autres ont à peine quinze ans; ils sont en classe de seconde, ce qui équivaut à peu près à notre cinquième secondaire.
Ensuite, nous nous informons des tiercés de chaque lycée, et, après, chaque livre est soumis aux arguments bien ficelés qui fusent de part et d’autre de la table. Après deux heures de débats, on procède à un vote en quatre tours pour élire le tiercé gagnant pour cette région, que les trois nouveaux délégués (deux pour Paris, un pour les lycées étrangers) devront défendre à Rennes le 12 novembre. Une fois ce tiercé établi, on passe au vote pour les délégués. Pour Paris, les deux délégués seront Saïda Abdullah et Lyna Faïd, et pour les lycées étrangers, je suis nommée.
L’annonce officielle aux journalistes et à nos amis lecteurs se fait dans une autre salle de cette FNAC, et malgré mon grand plaisir de revoir tout le monde, je dois taire l’ordre du tiercé : il doit demeurer secret. Les trois titres en lice sont Une éducation libertine de Jean-Baptiste Del Amo, Syngué Sabour d’Atiq Rahimi et Un brillant avenir de Catherine Cusset. Ce tiercé ne correspond pas au nôtre, ce qui s’explique sans doute en partie par le fait que les participants québécois soient plus vieux que ceux des lycées parisiens. Peut-être est-ce que ce sera un peu différent dans le reste de la France… Une surprise : je me retrouve à devoir défendre mon livre préféré (Un brillant avenir) qui avait été éliminé à Montréal !
Lentement mais sûrement, mes appréhensions vis-à-vis de la grande délibération finale s’effacent pour laisser place à un désir marqué de faire honneur à mes amis du jury. Vivement Rennes!
Il est 9h et tous les délégués des lycées de la grande région parisienne et ceux des pays étrangers (Québec et Maroc) ainsi que leurs accompagnateurs sont dans un corridor d’une FNAC. Les délégués entrent dans une salle de conférence et prennent leur étiquette d’identification. Un dernier regard vers la porte (les profs sont restés dans le couloir), et on se met au travail. La porte n’est pas encore fermée que tous commencent à discuter de leurs préférences personnelles; après tout, avant de représenter un groupe, on lit pour soi-même. La coordonatrice de la région parisienne, Madame Francine Weiler, fait son entrée, suivie par une représentante de la FNAC des Ternes qui accueille cette première délibération. Le débat peut enfin commencer.
D’abord, on fait un tour de table plus formel où chacun (disons plutôt sept « chacunes » et un seul chacun pour le groupe) doit faire une présentation de lui-même, de son lycée, du mode de fonctionnement et de son année scolaire. On demande les âges… Coup de vieux pour la déléguée québécoise, tous les autres ont à peine quinze ans; ils sont en classe de seconde, ce qui équivaut à peu près à notre cinquième secondaire.
Ensuite, nous nous informons des tiercés de chaque lycée, et, après, chaque livre est soumis aux arguments bien ficelés qui fusent de part et d’autre de la table. Après deux heures de débats, on procède à un vote en quatre tours pour élire le tiercé gagnant pour cette région, que les trois nouveaux délégués (deux pour Paris, un pour les lycées étrangers) devront défendre à Rennes le 12 novembre. Une fois ce tiercé établi, on passe au vote pour les délégués. Pour Paris, les deux délégués seront Saïda Abdullah et Lyna Faïd, et pour les lycées étrangers, je suis nommée.
L’annonce officielle aux journalistes et à nos amis lecteurs se fait dans une autre salle de cette FNAC, et malgré mon grand plaisir de revoir tout le monde, je dois taire l’ordre du tiercé : il doit demeurer secret. Les trois titres en lice sont Une éducation libertine de Jean-Baptiste Del Amo, Syngué Sabour d’Atiq Rahimi et Un brillant avenir de Catherine Cusset. Ce tiercé ne correspond pas au nôtre, ce qui s’explique sans doute en partie par le fait que les participants québécois soient plus vieux que ceux des lycées parisiens. Peut-être est-ce que ce sera un peu différent dans le reste de la France… Une surprise : je me retrouve à devoir défendre mon livre préféré (Un brillant avenir) qui avait été éliminé à Montréal !
Lentement mais sûrement, mes appréhensions vis-à-vis de la grande délibération finale s’effacent pour laisser place à un désir marqué de faire honneur à mes amis du jury. Vivement Rennes!
jeudi 6 novembre 2008
De vos nouvelles...
Ce message est adressé à nos chers jurés qui sont maintenant à Paris. J'espère que vous avez eu un bon voyage et que le changement de fuseau horaire n'a pas été trop dur à encaisser.
De notre côté, nous reprenons tranquillement nos habitudes. Pour moi, c'est bizarre de ne plus avoir à jongler avec trois livres par semaine et de ne plus vous voir le mercredi.
Mais trêve de nostalgie! Céline Bengle voulait vous dire quelques mots. Et elle n'est pas la seule, je crois. Alors ce message sera lieu de papotage entre vous et nous via les commentaires.
Nous exigeons de tout savoir! Pas de cachotterie.
Au plaisir de lire rapidement vos petits mots, si possible bien sûr.
Sinon, vous aurez nos salut à nous.
Rose.
De notre côté, nous reprenons tranquillement nos habitudes. Pour moi, c'est bizarre de ne plus avoir à jongler avec trois livres par semaine et de ne plus vous voir le mercredi.
Mais trêve de nostalgie! Céline Bengle voulait vous dire quelques mots. Et elle n'est pas la seule, je crois. Alors ce message sera lieu de papotage entre vous et nous via les commentaires.
Nous exigeons de tout savoir! Pas de cachotterie.
Au plaisir de lire rapidement vos petits mots, si possible bien sûr.
Sinon, vous aurez nos salut à nous.
Rose.
dimanche 2 novembre 2008
La traversée du Mozambique par temps calme
Vu sous l’angle de l’analyse d’un roman, ce récit n’est qu’une aberration, un fantasme d’auteur à la recherche d’un style. Par contre, vu sous l’angle d’un conte, ce récit est d’un intérêt certain. Le conte permet à l’imaginaire de se faire valoir. Les faits se promènent de gauche à droite, de bas à haut dans les fantaisies les plus saugrenues. C’est là que ce récit prend toute sa richesse et toute son ampleur.
Dans cette perspective, Pluyette fait preuve d’une imagination débordante. Sa plume est drôle, sa phrase est souvent courte mais efficace. Il nous fait parfois sourire et même rire à gorge déployée par ses tournures de phrase et par ses réflexions inattendues. Par exemple, en parlant des chiens tirant le traineau : « la force de traction est équivalente à celle d’une Deux-chevaux en fin de vie » (p.155) ou encore en parlant de la jambe blessée d’Inyoudgito : « Ce n’est pas parce qu’on ne parle plus d’une jambe que la jambe va mieux » (p. 137) ou encore en parlant de l’ours polaire « attention donc à ne pas marcher sur des museaux quand vous avancez dans la neige » (p. 147), etc. Ce livre déborde de perles de ce genre.
Le récit se rapproche de la bande dessinée avec ses imprévus inimaginables, ses solutions aux problèmes rencontrés qui bousculent l’entendement, et le caractère irréaliste de ses personnages.
En bref, La traversée du Mozambique par temps calme est un de mes coups de cœur littéraire. Bravo Monsieur Pluyette.
Anne-Sophie St-Pierre-Clément
Dans cette perspective, Pluyette fait preuve d’une imagination débordante. Sa plume est drôle, sa phrase est souvent courte mais efficace. Il nous fait parfois sourire et même rire à gorge déployée par ses tournures de phrase et par ses réflexions inattendues. Par exemple, en parlant des chiens tirant le traineau : « la force de traction est équivalente à celle d’une Deux-chevaux en fin de vie » (p.155) ou encore en parlant de la jambe blessée d’Inyoudgito : « Ce n’est pas parce qu’on ne parle plus d’une jambe que la jambe va mieux » (p. 137) ou encore en parlant de l’ours polaire « attention donc à ne pas marcher sur des museaux quand vous avancez dans la neige » (p. 147), etc. Ce livre déborde de perles de ce genre.
Le récit se rapproche de la bande dessinée avec ses imprévus inimaginables, ses solutions aux problèmes rencontrés qui bousculent l’entendement, et le caractère irréaliste de ses personnages.
En bref, La traversée du Mozambique par temps calme est un de mes coups de cœur littéraire. Bravo Monsieur Pluyette.
Anne-Sophie St-Pierre-Clément
Syngué Sabour: Pierre de patience
À 46 ans, Atiq Rahimi signe son quatrième roman. Il porte le titre de Syngué sabour, qui signifie littéralement « pierre de patience ». Il s’agit là d’un roman riche en émotions qui suscite notre attention, et ce, dès les premières lignes.
L’auteur met en scène une jeune femme qui est déchirée par l’état comateux de son époux, blessé lors d’une querelle futile. En Afghanistan ou ailleurs, comme le précise Rahimi, c’est la guerre. L’auteur réussit parfaitement à nous plonger dans un décor singulier et très réaliste. Depuis quelques semaines, cette femme s’occupe de son mari en lui fournissant des soins très rudimentaires, ce qui reflète la situation économique et sociale du pays durant cette période. L’essentiel du roman se déroule dans une petite pièce assez étroite où git le corps de l’époux inconscient, et c’est d’ailleurs une part de l’originalité du roman.
En effet, par ce biais, l’auteur donne une forme théâtrale à son roman. La femme est dans une chambre close et parle à son mari inconscient et le lecteur « entend » ce qu’elle dit. De plus, on s’aperçoit au fil du roman, que l’on n’a pas accès aux pensées du personnage, ce qui accentue le parti pris théâtral.
La femme se remémore son enfance, son adolescence et ses quelques années de mariage dont elle garde des souvenirs amers qui lui écorchent le cœur. Tout au long du récit, elle se livre à des monologues qui lui permettent d’exprimer tout ce qu’elle n’a pu dire durant vingt-sept ans. Elle déverse des flots de souvenirs en pensant que son homme, qui devient sa pierre de patience, pourra tout absorber et ainsi la libérer de son mal-être. Ces brèves confidences la replongent dans des situations vécues qui parfois l’émeuvent douloureusement et qui mènent de plus en plus à sa destruction : elle ne se reconnait plus et a parfois même peur d’elle-même. Je pouvais parfaitement entendre ses cris stridents qui appellaient à l’aide. La défaillance qu’elle connait et sa vulnérabilité face à la situation m’ont rapprochée de cette jeune afghane; j’avais presque envie de la consoler pour tenter de rendre sa peine moins pénible. Parfois désirée, parfois délaissée, mais le plus souvent ignorée et mal aimée, la jeune femme possède les caractéristiques qui peuvent pousser le lecteur à poursuivre sa lecture. On remarquera plus tard qu’elle est aussi une personne très intelligente et extrêmement maligne, loin d’être aussi faible qu’elle pourrait le paraître au début du roman.
Dès le départ, l’auteur nous surprend par la manière dont il présente l’écoulement du temps. Celui-ci est rythmé par les souffles du comateux, par l’égrènement d’un précieux chapelet ainsi que par les prières de la jeune femme qui vont en se raréfiant. Le style de l’écriture est très simple et très accessible. Ces petites phrases de construction syntaxique élémentaire se révèlent suffisantes et assez profondes pour faire comprendre ce que nous transmet l’auteur. J’ai été transportée dans un vrai tourbillon dès les premières phrases. Ce rythme effréné m’a beaucoup plu, il m’a même permis de comprendre un peu plus la psychologie du personnage.
À quelques reprises dans le roman, l’auteur évoque deux contes : d’abord celui de syngué sabour, la pierre de patience qui se charge des peines et des chagrins jusqu’à en exploser, et un conte transmis depuis des générations et digne des mille et une nuits! Je dois vous avouer que l’insertion de ces récits dans le récit m’a complètement charmée, c’était comme une trêve dans la succession des lamentations de la femme, et cela contribue, je crois, à équilibrer le fond et la forme du roman.
En bref, Syngué Sabour est un livre qui surprend dès le départ et qui est très agréable à lire et parfaitement accessible. De plus, la fin, qui s’avère assez troublante, nous porte à réfléchir un peu plus sur l’évolution psychologique du personnage principal.
Assirem Amal Boumati
L’auteur met en scène une jeune femme qui est déchirée par l’état comateux de son époux, blessé lors d’une querelle futile. En Afghanistan ou ailleurs, comme le précise Rahimi, c’est la guerre. L’auteur réussit parfaitement à nous plonger dans un décor singulier et très réaliste. Depuis quelques semaines, cette femme s’occupe de son mari en lui fournissant des soins très rudimentaires, ce qui reflète la situation économique et sociale du pays durant cette période. L’essentiel du roman se déroule dans une petite pièce assez étroite où git le corps de l’époux inconscient, et c’est d’ailleurs une part de l’originalité du roman.
En effet, par ce biais, l’auteur donne une forme théâtrale à son roman. La femme est dans une chambre close et parle à son mari inconscient et le lecteur « entend » ce qu’elle dit. De plus, on s’aperçoit au fil du roman, que l’on n’a pas accès aux pensées du personnage, ce qui accentue le parti pris théâtral.
La femme se remémore son enfance, son adolescence et ses quelques années de mariage dont elle garde des souvenirs amers qui lui écorchent le cœur. Tout au long du récit, elle se livre à des monologues qui lui permettent d’exprimer tout ce qu’elle n’a pu dire durant vingt-sept ans. Elle déverse des flots de souvenirs en pensant que son homme, qui devient sa pierre de patience, pourra tout absorber et ainsi la libérer de son mal-être. Ces brèves confidences la replongent dans des situations vécues qui parfois l’émeuvent douloureusement et qui mènent de plus en plus à sa destruction : elle ne se reconnait plus et a parfois même peur d’elle-même. Je pouvais parfaitement entendre ses cris stridents qui appellaient à l’aide. La défaillance qu’elle connait et sa vulnérabilité face à la situation m’ont rapprochée de cette jeune afghane; j’avais presque envie de la consoler pour tenter de rendre sa peine moins pénible. Parfois désirée, parfois délaissée, mais le plus souvent ignorée et mal aimée, la jeune femme possède les caractéristiques qui peuvent pousser le lecteur à poursuivre sa lecture. On remarquera plus tard qu’elle est aussi une personne très intelligente et extrêmement maligne, loin d’être aussi faible qu’elle pourrait le paraître au début du roman.
Dès le départ, l’auteur nous surprend par la manière dont il présente l’écoulement du temps. Celui-ci est rythmé par les souffles du comateux, par l’égrènement d’un précieux chapelet ainsi que par les prières de la jeune femme qui vont en se raréfiant. Le style de l’écriture est très simple et très accessible. Ces petites phrases de construction syntaxique élémentaire se révèlent suffisantes et assez profondes pour faire comprendre ce que nous transmet l’auteur. J’ai été transportée dans un vrai tourbillon dès les premières phrases. Ce rythme effréné m’a beaucoup plu, il m’a même permis de comprendre un peu plus la psychologie du personnage.
À quelques reprises dans le roman, l’auteur évoque deux contes : d’abord celui de syngué sabour, la pierre de patience qui se charge des peines et des chagrins jusqu’à en exploser, et un conte transmis depuis des générations et digne des mille et une nuits! Je dois vous avouer que l’insertion de ces récits dans le récit m’a complètement charmée, c’était comme une trêve dans la succession des lamentations de la femme, et cela contribue, je crois, à équilibrer le fond et la forme du roman.
En bref, Syngué Sabour est un livre qui surprend dès le départ et qui est très agréable à lire et parfaitement accessible. De plus, la fin, qui s’avère assez troublante, nous porte à réfléchir un peu plus sur l’évolution psychologique du personnage principal.
Assirem Amal Boumati
Libellés :
Critiques du jury
Réunion du 29 octobre(après-midi)
Nous avons assisté aujourd’hui à notre dernière rencontre hebdomadaire avant que neuf participants ne partent délibérer en France afin de remettre le prix Goncourt des lycéens à l’auteur qui nous aura le plus emballés, intéressés, touchés. La rencontre d’aujourd’hui portait sur les deux derniers romans de la liste, le roman d’Alain Jaubert, Une nuit à Pompéi, ainsi que le roman de Mathieu Belezi, C’était notre terre.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, c’est-à-dire de nous laisser livrer nos impressions de lecture, Madame Garet a commencé par une petite mise au point. En effet, le voyage en France arrive à une vitesse folle, le départ est prévu le mardi le 4 novembre en soirée ! L’excitation est plutôt palpable auprès des gens qui partiront pour dix jours, car le voyage Goncourt de cette année est un peu prolongé à cause du congé férié du 11 novembre (jour du Souvenir au Canada et commémoration de l’Armistice qui a mis fin à la Première Guerre mondiale en France). Ensuite, ce fut le tour de Mme Bourgie de prendre la parole. À cause du lancement du prix des Collégiens qui aura lieu le 14 novembre à Montréal, elle ne pourra être présente cette année à Paris. Mme Bourgie a remis à tous les participants, ceux qui partent comme ceux qui restent, un chèque-cadeau de la librairie Monet, accompagné de petits chocolats d’Halloween ! Merci !
Les délibérations ont alors commencé, d’abord, nous nous sommes attaqués au roman d’Alain Jaubert. Le roman ne semble pas faire l’unanimité, mais tout le monde était d’accord pour dire que ce roman était plutôt léger mais qu’il a été bien reçu après les gros bouquins que nous avions à lire dernièrement. L’histoire est simple mais la légèreté du thème semble avoir plu et les descriptions érotiques, plutôt intellectualisés dit-on, étaient très intéressantes. Ce roman n’est pas un grand roman, mais il est évident que l’auteur manie habilement la plume. Ce livre serait un roman qui s’adresserait plus aux hommes, car les fantasmes, clichés diront certains, semblent avoir touché l’imaginaire masculin. Donc, bien que distrayant, agréable et… instructif, ce livre ne fera sans aucun doute pas partie de notre top 3.
Le second roman, C’était notre terre, a suscité beaucoup plus d’intérêt et semble même faire partie des favoris de plusieurs jurés. Ce roman traite de la guerre d’Algérie, un sujet encore relativement tabou auprès de nos cousins français. Les six personnages de ce roman choral ont vraiment charmé l’ensemble des lecteurs. Comme les points de vue étaient multiples tout au long du roman, il était possible de vraiment comprendre chaque personnage et sa situation par rapport aux autres. Même les personnages les plus détestables finissaient par susciter notre respect, car tous étaient profondément humains. La structure du roman a, pour sa part, déclenché des discussions ; en effet, le fait qu’il n’y ait qu’une seule phrase par chapitre (même quand celui-ci était plutôt long) plaisait autant à certains qu’il déplaisait à d’autres. Le rythme de lecture se voyait changé par rapport à d’autres romans et cette particularité a été diversement appréciée. La fin, très dure, a vraiment touché tout le monde, car elle fait le lien entre hier et aujourd’hui et pose la question de l’acceptation et de la compréhension générale de ce contexte socio-historique. Il est intéressant de savoir que l’auteur n’a jamais mis les pieds en Algérie, alors qu’il a été capable de si bien rendre une guerre qui semble avoir été très difficile, pour les Algériens et pour les pieds-noirs.
Nous avons terminé la rencontre en tentant de choisir tous notre top 3 ; le choix est assez difficile et les points de vue ne sont pas tous concordants, mais disons que le Blas de Roblès, le Belezi, le Goby et le Rahimi partent en tête. La discussion devrait se prolonger à la réunion de ce soir.
La rencontre s’est terminée dans une atmosphère de fête ; en effet, tous les participants avaient concocté une petite surprise à Madame Garet : un joli bouquet de fleurs lui a été remis pour la remercier de tout ce qu’elle a fait durant ces semaines de marathon. Des cartes de remerciements ont aussi été remises à Madame Garet, Madame Bengle, Monsieur Hottote et Monsieur Fortin. Je profite de ce blogue pour remercier au nom de tout le groupe les autres enseignants qui nous ont accompagnés tout au long de ce projet, qui je le rappelle à ceux qui partent comme à ceux qui restent, n’est pas terminé. Merci donc à Éliane Brais, Roxane Couture, Richard Montour, Frédéric Morin, Sylvie Reault, Julie Sirois et Carole Turgeon,
Finalement, je souhaite un merveilleux voyage aux chanceux qui partent pour Paris et je les incite à en profiter pleinement !
Camille Lachance Gaboury
Avant de rentrer dans le vif du sujet, c’est-à-dire de nous laisser livrer nos impressions de lecture, Madame Garet a commencé par une petite mise au point. En effet, le voyage en France arrive à une vitesse folle, le départ est prévu le mardi le 4 novembre en soirée ! L’excitation est plutôt palpable auprès des gens qui partiront pour dix jours, car le voyage Goncourt de cette année est un peu prolongé à cause du congé férié du 11 novembre (jour du Souvenir au Canada et commémoration de l’Armistice qui a mis fin à la Première Guerre mondiale en France). Ensuite, ce fut le tour de Mme Bourgie de prendre la parole. À cause du lancement du prix des Collégiens qui aura lieu le 14 novembre à Montréal, elle ne pourra être présente cette année à Paris. Mme Bourgie a remis à tous les participants, ceux qui partent comme ceux qui restent, un chèque-cadeau de la librairie Monet, accompagné de petits chocolats d’Halloween ! Merci !
Les délibérations ont alors commencé, d’abord, nous nous sommes attaqués au roman d’Alain Jaubert. Le roman ne semble pas faire l’unanimité, mais tout le monde était d’accord pour dire que ce roman était plutôt léger mais qu’il a été bien reçu après les gros bouquins que nous avions à lire dernièrement. L’histoire est simple mais la légèreté du thème semble avoir plu et les descriptions érotiques, plutôt intellectualisés dit-on, étaient très intéressantes. Ce roman n’est pas un grand roman, mais il est évident que l’auteur manie habilement la plume. Ce livre serait un roman qui s’adresserait plus aux hommes, car les fantasmes, clichés diront certains, semblent avoir touché l’imaginaire masculin. Donc, bien que distrayant, agréable et… instructif, ce livre ne fera sans aucun doute pas partie de notre top 3.
Le second roman, C’était notre terre, a suscité beaucoup plus d’intérêt et semble même faire partie des favoris de plusieurs jurés. Ce roman traite de la guerre d’Algérie, un sujet encore relativement tabou auprès de nos cousins français. Les six personnages de ce roman choral ont vraiment charmé l’ensemble des lecteurs. Comme les points de vue étaient multiples tout au long du roman, il était possible de vraiment comprendre chaque personnage et sa situation par rapport aux autres. Même les personnages les plus détestables finissaient par susciter notre respect, car tous étaient profondément humains. La structure du roman a, pour sa part, déclenché des discussions ; en effet, le fait qu’il n’y ait qu’une seule phrase par chapitre (même quand celui-ci était plutôt long) plaisait autant à certains qu’il déplaisait à d’autres. Le rythme de lecture se voyait changé par rapport à d’autres romans et cette particularité a été diversement appréciée. La fin, très dure, a vraiment touché tout le monde, car elle fait le lien entre hier et aujourd’hui et pose la question de l’acceptation et de la compréhension générale de ce contexte socio-historique. Il est intéressant de savoir que l’auteur n’a jamais mis les pieds en Algérie, alors qu’il a été capable de si bien rendre une guerre qui semble avoir été très difficile, pour les Algériens et pour les pieds-noirs.
Nous avons terminé la rencontre en tentant de choisir tous notre top 3 ; le choix est assez difficile et les points de vue ne sont pas tous concordants, mais disons que le Blas de Roblès, le Belezi, le Goby et le Rahimi partent en tête. La discussion devrait se prolonger à la réunion de ce soir.
La rencontre s’est terminée dans une atmosphère de fête ; en effet, tous les participants avaient concocté une petite surprise à Madame Garet : un joli bouquet de fleurs lui a été remis pour la remercier de tout ce qu’elle a fait durant ces semaines de marathon. Des cartes de remerciements ont aussi été remises à Madame Garet, Madame Bengle, Monsieur Hottote et Monsieur Fortin. Je profite de ce blogue pour remercier au nom de tout le groupe les autres enseignants qui nous ont accompagnés tout au long de ce projet, qui je le rappelle à ceux qui partent comme à ceux qui restent, n’est pas terminé. Merci donc à Éliane Brais, Roxane Couture, Richard Montour, Frédéric Morin, Sylvie Reault, Julie Sirois et Carole Turgeon,
Finalement, je souhaite un merveilleux voyage aux chanceux qui partent pour Paris et je les incite à en profiter pleinement !
Camille Lachance Gaboury
Résumé du mardi 21 octobre( en soirée)
Il fait froid, vraiment très froid. À la pluie battante, le vent dans le capuchon, nous attendons l’autobus qui, évidemment n’arrive pas. Nous devons nous diriger vers la librairie Monet où l’avant dernière rencontre est organisée. Parents et amis sont invités à y assister. Nous arrivons enfin! Après un petit détour par IGA où nous soupons (vive la bouffe!), nous rejoignons nos collègues à la librairie. La salle se remplit tranquillement, beaucoup de parents sont au rendez-vous de même que quelques amis et des membres du personnel de la bibliothèque. Est-il nécessaire de préciser que M. Barbe, notre cher parrain, brille encore et toujours par son absence? Au menu du jour cette semaine : Le silence de Mahomet de Salim Bachi et Là où les tigres sont chez eux de Jean-Marie Blas de Roblès.
Des commentaires majoritairement négatifs ressortent de la conversation sur Le silence de Mahomet. La retenue de l’auteur, les personnages froids et l’accumulation de noms arabes difficiles à prononcer et à retenir dérangent. Certains lecteurs ont eu l’impression d’avoir été soumis à un cours de religion poussé, une école du dimanche où l’on ne comprendrait pas vraiment la leçon. La chronologie difficile à suivre ainsi que la succession d’anecdotes et de faits sans liens rendent l’histoire redondante et compliquée. Un glossaire est bien placé au début du roman, mais certains termes manquent, et cela ne facilite pas la compréhension du récit. Le personnage de Mahomet est présenté comme un homme ordinaire, sans grand intérêt, alors que nous nous attendions à un personnage charismatique, influent. Bref, une lecture plutôt décevante, car contrairement à nos attentes, nous n’avons qu’effleuré la culture musulmane, alors que nous aurions grandement apprécié en savoir davantage sur ce monde qui est totalement inconnu pour la plupart d’entre nous.
Une délicieuse surprise nous attend avec le roman de Blas de Roblès. Si on excepte les esperluettes qui ont déconcentré Gregory, le roman a été très apprécié par le groupe. Le personnage d’Eléazar capte notre attention, les différents univers qui s’entrecroisent nous intriguent, la découverte de la culture sud-américaine nous enchante, bref, ce roman est un parfait dosage d’humour, d’aventure, d’érudition et de passion, ce qui rend sa lecture extrêmement agréable.
Nous nous attaquons maintenant à un exercice difficile, puisque nous devons faire ressortir les aspects positifs et négatifs de certains romans afin de nous préparer aux délibérations qui auront lieu en France.
La sensibilité de l’écriture à caractère théâtral de Pierre de patience nous séduit. La parole libérée et libératrice donnée à une femme musulmane nous surprend et nous séduit à la fois, puisqu’en bout de ligne, cette dernière exprime des émotions et des réflexions universelles. Certaines anecdotes insérées à travers le roman accentuent la touche orientale tandis que la présence de l’humour dans la tragédie réussit, très brièvement, à détendre l’atmosphère. La guerre vécue au quotidien par les personnages bouleverse les lecteurs. Certains d’entre nous (Simon surtout) n’ont toutefois pas apprécié ce roman, dont l’écriture leur a semblé froide. De plus, la finale nous laisse sur notre faim : est-ce une métaphore ? faut-il la prendre au pied de la lettre ? a-t-on suivi la femme dans sa folie ? mais il s’agit là d’un argument qui peut se transformer facilement de positif à négatif.
Les avis sont partagés en ce qui concerne Une éducation libertine. La qualité de l’écriture est reconnue à l’unanimité, mais alors que certains jurés sont impressionnés par la richesse du vocabulaire, la profusion des figures de style, particulièrement des oxymores, d’autres affirment plutôt qu’il y a surenchère de métaphores, alourdissant ainsi la lecture du roman. L’évolution psychologique du personnage, le rythme lent et le niveau de langage impressionnent. Néanmoins, les réflexions longues et la densité du roman finissent par décourager. De plus, le déterminisme qui pèse lourdement sur le personnage finit par franchement nous taper sur les nerfs. Mais en bout de ligne, le clin d’œil permanent de l’auteur nous plait. Est-ce une grande œuvre ? Une relecture s’impose avant de trancher, mais il est évident que ce roman est à découvrir. Là-dessus, tout le monde semble, pour une fois, être d’accord.
Le thème de la paternité traité avec brio par Fournier dans Où on va papa? a séduit l’ensemble du groupe (moins une jurée). Le style simple et spontané, le côté provocateur ainsi que le naturel de l’auteur qui s’attaque à un sujet tabou donnent à ce roman un ton bien particulier. Fournier n’y va pas de main morte lorsqu’il s’attaque à la société, jouant avec le lecteur en lui faisant découvrir son quotidien avec deux enfants lourdement handicapés.
Finalement, La Beauté du monde nous impressionne par la qualité de ses descriptions qui nous entraînent autant dans les années folles de New York qu’au cœur du Kenya. Malheureusement, le regard contemporain des personnages contraste avec l’époque de l’histoire. L’écriture plutôt conventionnelle comporte des longueurs et la fin est plutôt décevante. Un roman agréable, sans plus.
La réunion se termine, la fatigue se ressent parmi les participants. Avant de partir, Mme Garet nous distribue le journal du Goncourt des Lycéens que Marthe Francœur, responsable de la bibliothèque, vient de lui apporter. Elle distribue aussi des formulaires pour ceux d’entre nous qui partent à Paris. La dernière réunion officielle aura lieu mercredi prochain, le 29 octobre. L’aventure tire à sa fin. Même si la hâte de voyage est bien présente, une certaine nostalgie m’envahit…
Alexandra Saucan
Des commentaires majoritairement négatifs ressortent de la conversation sur Le silence de Mahomet. La retenue de l’auteur, les personnages froids et l’accumulation de noms arabes difficiles à prononcer et à retenir dérangent. Certains lecteurs ont eu l’impression d’avoir été soumis à un cours de religion poussé, une école du dimanche où l’on ne comprendrait pas vraiment la leçon. La chronologie difficile à suivre ainsi que la succession d’anecdotes et de faits sans liens rendent l’histoire redondante et compliquée. Un glossaire est bien placé au début du roman, mais certains termes manquent, et cela ne facilite pas la compréhension du récit. Le personnage de Mahomet est présenté comme un homme ordinaire, sans grand intérêt, alors que nous nous attendions à un personnage charismatique, influent. Bref, une lecture plutôt décevante, car contrairement à nos attentes, nous n’avons qu’effleuré la culture musulmane, alors que nous aurions grandement apprécié en savoir davantage sur ce monde qui est totalement inconnu pour la plupart d’entre nous.
Une délicieuse surprise nous attend avec le roman de Blas de Roblès. Si on excepte les esperluettes qui ont déconcentré Gregory, le roman a été très apprécié par le groupe. Le personnage d’Eléazar capte notre attention, les différents univers qui s’entrecroisent nous intriguent, la découverte de la culture sud-américaine nous enchante, bref, ce roman est un parfait dosage d’humour, d’aventure, d’érudition et de passion, ce qui rend sa lecture extrêmement agréable.
Nous nous attaquons maintenant à un exercice difficile, puisque nous devons faire ressortir les aspects positifs et négatifs de certains romans afin de nous préparer aux délibérations qui auront lieu en France.
La sensibilité de l’écriture à caractère théâtral de Pierre de patience nous séduit. La parole libérée et libératrice donnée à une femme musulmane nous surprend et nous séduit à la fois, puisqu’en bout de ligne, cette dernière exprime des émotions et des réflexions universelles. Certaines anecdotes insérées à travers le roman accentuent la touche orientale tandis que la présence de l’humour dans la tragédie réussit, très brièvement, à détendre l’atmosphère. La guerre vécue au quotidien par les personnages bouleverse les lecteurs. Certains d’entre nous (Simon surtout) n’ont toutefois pas apprécié ce roman, dont l’écriture leur a semblé froide. De plus, la finale nous laisse sur notre faim : est-ce une métaphore ? faut-il la prendre au pied de la lettre ? a-t-on suivi la femme dans sa folie ? mais il s’agit là d’un argument qui peut se transformer facilement de positif à négatif.
Les avis sont partagés en ce qui concerne Une éducation libertine. La qualité de l’écriture est reconnue à l’unanimité, mais alors que certains jurés sont impressionnés par la richesse du vocabulaire, la profusion des figures de style, particulièrement des oxymores, d’autres affirment plutôt qu’il y a surenchère de métaphores, alourdissant ainsi la lecture du roman. L’évolution psychologique du personnage, le rythme lent et le niveau de langage impressionnent. Néanmoins, les réflexions longues et la densité du roman finissent par décourager. De plus, le déterminisme qui pèse lourdement sur le personnage finit par franchement nous taper sur les nerfs. Mais en bout de ligne, le clin d’œil permanent de l’auteur nous plait. Est-ce une grande œuvre ? Une relecture s’impose avant de trancher, mais il est évident que ce roman est à découvrir. Là-dessus, tout le monde semble, pour une fois, être d’accord.
Le thème de la paternité traité avec brio par Fournier dans Où on va papa? a séduit l’ensemble du groupe (moins une jurée). Le style simple et spontané, le côté provocateur ainsi que le naturel de l’auteur qui s’attaque à un sujet tabou donnent à ce roman un ton bien particulier. Fournier n’y va pas de main morte lorsqu’il s’attaque à la société, jouant avec le lecteur en lui faisant découvrir son quotidien avec deux enfants lourdement handicapés.
Finalement, La Beauté du monde nous impressionne par la qualité de ses descriptions qui nous entraînent autant dans les années folles de New York qu’au cœur du Kenya. Malheureusement, le regard contemporain des personnages contraste avec l’époque de l’histoire. L’écriture plutôt conventionnelle comporte des longueurs et la fin est plutôt décevante. Un roman agréable, sans plus.
La réunion se termine, la fatigue se ressent parmi les participants. Avant de partir, Mme Garet nous distribue le journal du Goncourt des Lycéens que Marthe Francœur, responsable de la bibliothèque, vient de lui apporter. Elle distribue aussi des formulaires pour ceux d’entre nous qui partent à Paris. La dernière réunion officielle aura lieu mercredi prochain, le 29 octobre. L’aventure tire à sa fin. Même si la hâte de voyage est bien présente, une certaine nostalgie m’envahit…
Alexandra Saucan
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Le silence de Mahomet
Ce roman, portant sur la vie du prophète Mahomet, est le quatrième roman de Salim Bachi, un Algérien qui vit présentement à Paris. Cette histoire est composée des confessions des personnes qui ont côtoyé Mahomet tout au long de sa vie. L’histoire a d’abord piquée ma curiosité, car j’ai peu de connaissances sur la culture musulmane, et surtout, je trouvais intéressant d’en savoir plus sur un des piliers d’une des religions les plus répandues de la planète. Dans les premières pages, on trouve une carte de l’Arabie contemporaine au prophète, ainsi qu’un glossaire; je m’attendais donc à en apprendre plus, mais je fus rapidement déçue.
Le roman est divisé en quatre parties : la première, qui, selon moi, est aussi la meilleure, nous était narrée par la première femme de Mahomet, celle qui a su le soutenir financièrement, Khadija. Son rôle de femme était bien illustré, et dans ce monde très masculin, avoir un avis féminin m’a semblé très édifiant. Le deuxième personnage qui nous est présenté est le meilleur ami du prophète, le calife Abou Bakr. Tout au long de cette partie, et dans celles qui suivent, les anecdotes du quotidien ainsi que des évènements plus ou moins semblables ne cessent de se répéter. À un point tel que parfois, on aurait préféré sauter quelques pages plutôt que d’entendre parler encore des mêmes thèmes récurrents (guerres fratricides et claniques). Le troisième narrateur est le général Khalid, un homme très centré sur la guerre, qui nous présente une religion intrinsèquement violente, voire choquante. La force semble être employée sans discernement et la perte de vies humaines ne paraît affecter personne. Finalement, le dernier personnage est Aïcha, une jeune fille que Mahomet a épousée alors qu’elle avait neuf ans. Ce personnage est celui qui m’a le plus troublée, d’abord par son âge et aussi par sa perception idolâtrique de Mahomet, qu’elle louange à tout moment.
Ce qui m’a particulièrement déçue, c’est le peu de charisme que Mahomet dégage à travers le roman. Peut-être est-ce à cause de l’écriture simple et froide de l’auteur, mais je me suis demandé tout au long de ma lecture comment un tel homme avait pu rallier d’immenses foules et susciter une aussi grande quantité d’adeptes. Je trouve, en effet, que le personnage tel qu’il est dépeint n’a que peu d’envergure et semble même assez fade. Il faut dire que l’ensemble du roman manque d’émotions : aucune ne transcende le texte ni ne vient toucher le lecteur.
Je trouve aussi important de mentionner que le grand nombre de noms, très compliqués pour un lecteur occidental (Fakih ibn al-Moughîra, Khalid ibn al Walid, etc.), auxquels s’ajoutent les variations sur un même patronyme, a eu tendance à ralentir ma lecture et à rendre plus difficile l’accès aux divers personnages.
En conclusion, malgré quelques remarquables envolées quasi poétiques, ce roman n’est pas arrivé à me toucher, et les personnages étaient somme toute plutôt banals malgré l’importance religieuse qu’ils ont encore aujourd’hui. Les citations du Coran qui venaient ponctuer ma lecture m’ont plu, mais je crois que, pour apprécier davantage ce roman, il m’aurait fallu des connaissance supplémentaires sur l’Islam.
Camille Lachance Gaboury
Le roman est divisé en quatre parties : la première, qui, selon moi, est aussi la meilleure, nous était narrée par la première femme de Mahomet, celle qui a su le soutenir financièrement, Khadija. Son rôle de femme était bien illustré, et dans ce monde très masculin, avoir un avis féminin m’a semblé très édifiant. Le deuxième personnage qui nous est présenté est le meilleur ami du prophète, le calife Abou Bakr. Tout au long de cette partie, et dans celles qui suivent, les anecdotes du quotidien ainsi que des évènements plus ou moins semblables ne cessent de se répéter. À un point tel que parfois, on aurait préféré sauter quelques pages plutôt que d’entendre parler encore des mêmes thèmes récurrents (guerres fratricides et claniques). Le troisième narrateur est le général Khalid, un homme très centré sur la guerre, qui nous présente une religion intrinsèquement violente, voire choquante. La force semble être employée sans discernement et la perte de vies humaines ne paraît affecter personne. Finalement, le dernier personnage est Aïcha, une jeune fille que Mahomet a épousée alors qu’elle avait neuf ans. Ce personnage est celui qui m’a le plus troublée, d’abord par son âge et aussi par sa perception idolâtrique de Mahomet, qu’elle louange à tout moment.
Ce qui m’a particulièrement déçue, c’est le peu de charisme que Mahomet dégage à travers le roman. Peut-être est-ce à cause de l’écriture simple et froide de l’auteur, mais je me suis demandé tout au long de ma lecture comment un tel homme avait pu rallier d’immenses foules et susciter une aussi grande quantité d’adeptes. Je trouve, en effet, que le personnage tel qu’il est dépeint n’a que peu d’envergure et semble même assez fade. Il faut dire que l’ensemble du roman manque d’émotions : aucune ne transcende le texte ni ne vient toucher le lecteur.
Je trouve aussi important de mentionner que le grand nombre de noms, très compliqués pour un lecteur occidental (Fakih ibn al-Moughîra, Khalid ibn al Walid, etc.), auxquels s’ajoutent les variations sur un même patronyme, a eu tendance à ralentir ma lecture et à rendre plus difficile l’accès aux divers personnages.
En conclusion, malgré quelques remarquables envolées quasi poétiques, ce roman n’est pas arrivé à me toucher, et les personnages étaient somme toute plutôt banals malgré l’importance religieuse qu’ils ont encore aujourd’hui. Les citations du Coran qui venaient ponctuer ma lecture m’ont plu, mais je crois que, pour apprécier davantage ce roman, il m’aurait fallu des connaissance supplémentaires sur l’Islam.
Camille Lachance Gaboury
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